Organisé par l’AACC, Cap Digital et l’Udecam, le Startup Project organise depuis trois ans la rencontre annuelle entre agences et jeunes pousses. L’occasion de former des couples s’engageant à collaborer pendant neuf mois sur un modèle gagnant-gagnant : l’agence aide la start-up à formaliser son offre ou à mieux la commercialiser ; la start-up apporte ses technologies de pointe et sa culture de l’innovation. Cette année, nous avons demandé aux six membres du jury (voir encadré) de nous communiquer leurs coups de cœur. Ils ont été choisis parmi 25 finalistes sur un total de 57 dossiers recueillis. Un bon baromètre des multiples intérêts d’une profession en quête d’expertises et de technologies dans des domaines variés, avec un penchant pour le data marketing mobile, le retail marketing, les objets connectés et les dispositifs expérientiels.
Cityzen Sciences réinvente le textile
Fondée en 2008, Cityzen Sciences s’est spécialisée dans les textiles intelligents. Elle accompagne des marques dans la conception et l’industrialisation de vêtements bardés de capteurs. En novembre dernier, elle a ainsi noué un partenariat de R&D avec l’équipementier sportif Asics, pour l’aider à créer de nouveaux produits. La start-up lyonnaise espère pouvoir annoncer de nouveaux accords avec des sociétés japonaises dans les prochains mois. L’entreprise d’une trentaine de salariés a déjà conçu deux produits pour son propre compte : le D-shirt, pour « Digital shirt », capable de mesurer la fréquence cardiaque et la posture du joggeur, et un cuissard de vélo connecté pour suivre la cadence de pédalage des cyclistes. « Aujourd’hui, nous travaillons dans le domaine du sport, et envisageons d’aborder à l’avenir les marchés de la santé et du suivi de la pénibilité au travail », annonce le directeur marketing Vincent Lambert.
Bright connecte l'art
Bright est spécialisé dans les arts numériques. Sa plateforme, inaugurée en 2014, héberge les œuvres de 80 artistes. Elle se propose d’exposer et de monétiser le meilleur de l’art numérique sur différents écrans connectés. Une clé USB et un réseau sécurisés lui permettront de les diffuser d’ici 2016 sur les écrans de ses clients partenaires – collectivités, entreprises, passionnés, galeries, hôtels… « Grâce à des vidéos, des créations graphiques ou des œuvres interactives, ils pourront créer de l’engagement dans leurs espaces et véhiculer des messages », détaille son fondateur Abdel Bounane. Ses premiers diffuseurs ? Le Studio Rouchon, les hôtels Pullman et California. La société, qui compte trois salariés, dispose aussi d’un pôle studio qui réalise des œuvres sur mesure pour des marques et des agences, à l’occasion de lancements de produits par exemple. C’est ainsi que la jeune pousse parisienne a déjà travaillé pour Nike, Audi et Twitter, et s’apprête à lancer une opération sur une centaine d’écrans appartenant à un leader du mobilier urbain.
Bubbles redonne de l'énergie
Transformer une contrainte en opportunité, c’est l’idée de Christophe Vattier, fondateur de l’Agence 9 et créateur en 2014 de The Bubbles Company. « La Bubble est un objet connecté qui permet la recharge de mobiles, un besoin récurrent à l’heure actuelle », explique-t-il. Or cette station de recharge est aussi un nouveau canal de communication qui relie le monde physique à internet dans un but précis : optimiser les ventes. Exemple : un mobinaute arrive en fin de batterie. Via une application, il repère et réserve la Bubble la plus proche installée dans un magasin, un café, une pharmacie, un restaurant, etc. Dix mille seront déployées à Paris d’ici à l’été 2016. Une fois sur place, il reste le temps de la recharge, soit une vingtaine de minutes. Un moment privilégié pour entrer en contact avec ce consommateur potentiel. Offres commerciales, remises adaptées au client… Pour les marques et enseignes, les usages et possibilités sont multiples.
Kila Systems personnalise la télévision
Mieux connaître le profil d’un utilisateur et augmenter sa fidélité. C’est tout l’enjeu de Kila Systems, un éditeur de logiciels spécialisé dans l’analyse prédictive des comportements. Imaginé par Patrick Lafitte et Jean-Philippe Plantevin, experts en ingénierie et mathématiques, il utilise les dernières techniques d’intelligence artificielle : son logiciel s’enrichit en permanence en « apprenant à apprendre ». S’appuyant sur l’analyse en temps réel des données recueillies par les opérateurs de télévision numérique connectée, il permet d’identifier les attitudes et centres d’intérêt des spectateurs. A partir de là, les chaînes peuvent imaginer du contenu télévisuel et publicitaire sur mesure. C’est la naissance d’une télévision personnalisée, avec un contenu ciblé, diffusé au bon moment, à la bonne personne et sur le bon terminal. De quoi recréer du lien entre le téléviseur et son spectateur.
Météo Santé prend la température des épidémies
« Prévoir sa tenue en fonction de la météo est devenu un réflexe quotidien. Demain, prévenir une maladie sera tout aussi naturel », analyse Maurice Belais, responsable d’Offisanté. La start-up est née de la rencontre entre un pharmacien, un expert en statistiques et un spécialiste du marketing officinal. Elle s’est construite sur l’idée que les pharmaciens devraient être les premiers à bénéficier de leurs données. Offisanté collecte l’intégralité des ventes des pharmacies partenaires puis associe les médicaments aux pathologies. Le but : surveiller l’arrivée de maladies et épidémies sur un territoire pour mieux alerter et conseiller les citoyens. Offisanté est ainsi en mesure de livrer un « bulletin météo médical » en temps réel. Météo Santé doit être lancé d’ici à septembre 2015 sous forme de widget, d’application ou de programme télévisuel.
Book Weather livre la météo
« Découvrir de nouveaux livres n’est pas simple. Pour faire notre choix, nous passons parfois plus de temps à lire les critiques que les livres eux-mêmes », explique François Rochet, l’un des créateurs de Book Weather. Ancien directeur technique chez Marcel, il a imaginé, avec trois collègues de cette agence du groupe Publicis, un guide littéraire social sur mobile. Une application qui permet de partager ses lectures, suivre celles de ses amis ou afficher la « température » d’un livre, en scannant son code barre, d’où son nom Book Weather. « C’est un guide qui change, comme la météo, qui identifie les livres les plus chauds du moment, le nombre de personnes qui les ont acheté, consulté ou classé dans leur top 10 », commente François Rochet. Lancée fin 2013 sous IOS, il compte déjà 3000 utilisateurs et 25 000 ouvrages. Il sera disponible sur tous les formats mobiles à la fin de l’année. Objectif de la jeune pousse : rassembler 100 000 « amis » lecteurs. Une campagne de recrutement sur mobile est prévue au printemps. Plusieurs pistes de revenus sont envisagées : affiliation à des sites marchands, vente de la base de données à des éditeurs ou publicité ciblée sur sa page d'accueil.
AudioGaming révolutionne le son
AudioGaming est un pionnier du son de synthèse. Généré en temps réel par ordinateur, il peut reproduire le bruit du vent, de la pluie, d’un moteur de voiture… « Tout sauf la voix et la musique », précise Amaury Laburthe, président de cette start-up toulousaine fondée en 2009. On la retrouve notamment derrière les bruitages du film Django Unchained de Quentin Tarantino ou du jeu vidéo Assassin’s Creed d’Ubisoft. Mais le son reste un marché de niche demandant de gros efforts en R&D et difficile à rentabiliser. D’où le choix de la start-up de se diversifier dans les expériences vidéoludiques interactives touchant à la gamification ou à la réalité virtuelle et augmentée. Une activité en plein essor qui intéresse des entreprises comme Suez Environnement, Google, Parrot, Sony, mais aussi Arte. « Notes on Blindness, un jeu interactif autour de la perte de la vision, a été sélectionné par le Tribeca Film Institute », s’enthousiasme Amaury Laburthe, qui planche sur d’autres innovations pour proposer, toujours dans l’entertainement, des expériences utilisateurs inédites.
