Éducation
Chez Auditoire, à Paris, une vingtaine de collaborateurs s’activent pour organiser chaque année le World Innovation Summit for Education. Un «Davos» qui sert l’image et la stratégie post-pétrole de l'émirat.

À quelques mois de l’événement, c’est l’effervescence chez Auditoire. Une vingtaine de collaborateurs travaillent d’arrache-pied en étroite relation avec les équipes de la Qatar Fondation pour organiser le 7e World Innovation Summit for Education (Wise). Universitaires, officiels, membres d’ONG, chercheurs, journalistes… En novembre prochain, plus de 1 500 invités, spécialistes de l’éducation venus de 120 pays, sont attendus durant trois jours à Doha pour dessiner l’école du futur et récompenser les meilleures initiatives pédagogiques (500 000 dollars à la clef pour le lauréat).
«C’est la dernière ligne droite d’un événement que nous préparons tout au long de l’année», explique François Chabiron, le directeur de communication d’Auditoire. Déjà en relation d’affaires avec l’émirat qatari, la filiale de TBWA France (groupe Omnicom) est en charge de l’organisation et de la communication de l’événement depuis sa création en 2008. Au menu : production du contenu éditorial du site et des réseaux sociaux, recrutement de «speakers», partenariats media (Euronews et Bloomberg notamment), organisation de voyages de presse, de dîners trimestriels pour faire connaître Wise et ses enjeux aux «publics affairs» (politiques, patrons d’ONG, intellectuels…). Objectif: que Wise soit identifié comme le «Davos de l’éducation».

Préparer l’après-pétrole

Et ça marche! En quelques années, le sommet est devenu incontournable. Les plus grands professeurs et chercheurs s’y pressent. Sans compter la trentaine de délégations ministérielles venues chaque année des quatre coins du globe et la kyrielle de personnalités les accompagnant. Déjà venus côté français, les ex-ministres de l’éducation Jack Lang, Philippe Douste-Blazy, Luc Chatel, et Rama Yade, ancienne secrétaire d’État chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’homme, ou encore le philosophe Edgar Morin. «Aucun participant n’est payé pour venir, précise François Chabiron. C’est une de nos fiertés.» Mais tous sont financés par la Qatar Fondation, une «ONG» royale consacrée à l’éducation, l’environnement et à la santé aux moyens quasi illimités présidée par la princesse «Cheikha» Mozah, l’une des trois épouses de l’ex-émir du Qatar et mère de l’actuel émir Tamim. Un contrat jackpot pour l’agence? Le budget comme les rémunérations sont classés top secret mais «pas supérieurs à un événement comparable», assure-t-on chez Auditoire.
En revanche, l’enjeu de communication est considérable. Il s’agit non seulement pour l’émirat de préparer ses cadres à l’après-pétrole en attirant sur ses terres des étudiants des grandes écoles (HEC notamment y a ouvert une antenne), mais aussi et surtout de s’acheter une aura internationale autour d’une cause estimable. En d’autres termes, faire d’un État au régime quasi-féodal, fréquemment montré du doigt pour son non-respect des droits de l’homme ou son financement de l’islamisme radical, le siège de la pensée éducative mondiale. «Les valeurs prônées par le sommet sont humanistes», explique-t-on chez Auditoire. Thème du Wise 2015: l’éducation et le marché du travail. Les ouvriers népalais du Qatar apprécieront sans doute…

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