Alimentation
Pour la troisième année consécutive, Born To Run at Babel a étudié les tendances alimentaires du moment, entre succès des aliments non transformés et nourriture scientifique s'inspirant de la science-fiction.

1/ «Eat alive» ou la victoire des produits non transformés
Scandales alimentaires à répétition, origine des produits non connue, aliments mauvais pour la santé… Face à cette avalanche d’alertes nutritionnelles, les consommateurs recherchent de plus en plus la sécurité alimentaire dans des aliments purs et non transformés. Dans cette quête du vrai, la raw food (ou cuisine crue) et la consommation d’insectes cuits ou incorporés dans des confiseries ou des boissons s’installent dans la durée. Moins connue, la fermentation (ou l’art de conserver des aliments et leurs bactéries dans des bocaux) commence à débarquer dans les cuisines.


2/ «Les boissons» deviennent des médicaments
«Avant, on buvait lorsqu’on avait soif. Désormais, les boissons peuvent prévenir certaines maladies», voire soigner notre corps ou notre cerveau, glisse Cédric Charron, planneur stratégique chez Born to run. Leur formulation permet en effet d’ultra-cibler les carences nutritionnelles des consommateurs. Il y aura donc des boissons pour améliorer les performances mentales ou sexuelles, aux vitamines D pour préparer la peau au soleil mais aussi des boissons… pour avoir de belles fesses! Gare toutefois au retour de bâton sur les allégations santé infondées...

 

3/ «Eating good is adding good»: super aliments pour super repas
Les injonctions pour bien manger sont légion depuis plusieurs années. Mais bien manger ne suffit plus aujourd’hui! Il faut apprendre à combiner les aliments de son repas de manière réfléchie et savoir, par exemple, que le saumon se marie bien avec le yaourt et l’avocat avec le citron! «On ne se contente pas de manger, on super-mange», glisse Gwendaline Chauvin, présidente de Born to run. Pour aller plus loin, il faut aussi ajouter des «super aliments» à ces plats, et notamment des épices comme le curcuma, la gelée royale, la spiruline ou du thé matcha!


4/ «Good Waste», quand tout se mange et rien ne se jette
Nos grands-parents savaient comment cuisiner les fanes des radis et des carottes ou les épluchures des pommes de terre. Nous… un peu moins! D’ailleurs, 40% de ce qui est produit mondialement ne serait pas consommé. Mais alors que la vague bio s’installe durablement dans les supermarchés, l’envie de réutiliser ces déchets fait de plus en plus d’émules chez les cuisiniers amateurs comme les grands chefs. En Grande-Bretagne, le restaurant Blue Hill propose ainsi des plats réalisés exclusivement à base de déchets. L’anti-gaspillage s’étend aussi aux produits non conformes. Intermarché avec ses fruits et légumes moches, ainsi que Leclerc avec sa gamme de produits «Bon & Bien» réalisés à partir d'aliments visuellement non attrayants, ont été précurseurs dans le domaine. Cette initiative se décline également chez les particuliers grâce à l’application «Partage ton frigo» qui permet de donner légumes, fruits, laitages et autres viandes lors d’un départ en vacances plutôt que les jeter.


5/ «Home Production» ou tout faire de A à Z
«On remarque une nouvelle façon de consommer, mais aussi une nouvelle façon de produire», selon Cédric Charron. Dans la lignée du DIY (do it yourself), très en vogue dans le domaine de la couture ou de l’ameublement, les amateurs de bonne chère veulent désormais s’équiper comme les professionnels en achetant des mini-trancheuses à jambon, rôtisseries et autres fours à pizza. Certains vont même jusqu’à fumer leur jambon ou leur saumon eux-mêmes!


6/ «Eatmagination» pour laisser libre cours à sa créativité
Plutôt que suivre une recette les yeux fermés, les cuisiniers en herbe préfèrent aujourd’hui inventer leurs propres menus en laissant libre cours à leur imagination. Leur création peut s’exprimer par la fusion d’ingrédients traditionnellement opposés, comme la pizza aux fruits, la glace au burger, les tacos sucrés ou les sushis au jambon cru. Elle peut aussi passer par l’addition de deux plats comme une pizza et un hamburger qui ont donné lieu, dans certains Pizza Hut aux États-Unis, à des pizza-burgers. Sachant que «la seule limite du palais, c’est la curiosité», selon Gwendaline Chauvin, certains vont même jusqu’à créer des chips goût serpent, des frites nappées de chocolat (McDonald’s Japon), des sandwichs au ramen ou des glaces au wasabi.


7/ «F 2.0 D» pour Food 2.0 Digital

Après les recettes partagées sur Marmiton ou les plats photographiés sur Instagram, l’histoire d’amour entre la nourriture et internet va encore plus loin grâce à la multiplication des applications comme Viz Eat, qui propose du tourisme culinaire chez l’habitant, Monvoisincuisine.com qui permet d’acheter des plats tout préparés dans son quartier et même Uber Eats, qui se lance dans la livraison de plats à domicile. Sans oublier Kwalito qui scanne les ingrédients des produits de supermarché pour savoir quoi acheter ou Opti Miam qui a pour mission d'aider les commerces de proximité à vendre à temps leurs excédents alimentaires.


8/ «Playfood» pour retrouver son âme d’enfant
Si aujourd’hui, les consommateurs font attention à ce qu’ils mettent dans leur assiette, ils font aussi attention à la façon dont ils mettent leur repas en scène. Tels les peintres de la Renaissance et leurs natures mortes, les instagrameurs ont lancé il y a quelques mois la mode du «foodporn». Aujourd’hui, ils vont plus loin avec la «playfood», où les fruits deviennent des avions, les gâteaux des châteaux, les plats des tableaux et les cuisines des ateliers. «La nourriture devient un instrument de mode tout en gardant sa gourmandise», souligne Gwendaline Chauvin.

Génération Top Chef

La cuisine ne semble plus avoir le moindre secret pour les jeunes d’aujourd’hui. Entre la démocratisation de restaurants tous plus exotiques les uns que les autres, la multiplication des émissions télévisées culinaires (Top Chef, Master Chef, Un dîner presque parfait, Le Meilleur pâtissier…) et la montée des chaînes You Tube spécialisées (Epic Real Time au Canada), la cuisine est devenue un entertainement au même titre que la musique ou la danse. Devenir chef devrait bientôt être aussi demandé que devenir artiste (chanteur, danseur, musicien ou comédien) il y a quelques années !

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