Observer les tendances et les évolutions des points de vente en France et dans le monde, c'est l'une des missions de l'agence de design AKDV, spécialisée en architecture commerciale et conceptrice de restaurants et de boutiques pour Altermundi, Club Med, KFC, Système U ou Comtesse du Barry. De retour de voyage, ses fondateurs Jean-Pierre Lefebvre et François Hannebicque nous livrent leur vision de quelques grands courants actuels. Carnet de voyage.

Le minimalisme

Un mobilier très aérien en fil de fer noir… «Fifth avenue shoes», à Stockholm, en Suède, illustre à merveille le courant minimaliste. Née au Japon dans les années quatre-vingt, cette tendance est toujours d'actualité, notamment dans le secteur du textile haut de gamme. Un style indémodable caractérisé par des espaces dépouillés, des éclairages encastrés et de grands meubles carrés peu colorés. De quoi faire des produits des stars.

 

Le nouveau baroque

Basé à Miami, l'hôtel Mondrian s'inscrit dans la tendance nouveau baroque. Philippe Starck ou Chantal Thomass sont passés maîtres dans ce style faisant la part belle aux décors oniriques avec murs capitonnés, lustres majestueux et fantaisie colorée, voire pour l'hôtel Mondrian des pieds de table géants, un escalier de dentelle noire et des tabourets taillés comme des diamants. « Il s'agit d'assembler différents styles, ou de les réinterpréter en utilisant des matériaux inédits. La sortie prochaine d'Alice au pays des merveilles de Tim Burton devrait raviver la tendance», commente Jean-Pierre Lefebvre.

 

Le rationnel

Le nouveau magasin de prêt-à-porter Uniqlo, installé depuis fin 2009 à Paris, est un bel exemple de ces points de vente structurés avec rigueur par la variété et la quantité de produits mis en avant, classés par nuances ou par types de références. «Lacoste, qui joue sur les couleurs, le fait depuis longtemps. On peut citer aussi Swarovski, qui possède près de 10000 références, explique François Hannebicque. C'est la meilleure façon de présenter la largeur d'une offre.»

 

Le concept store

Citroën sur les Champs-Élysées, Apple au Louvre ou Fauchon place de la Madeleine, le "concept store" met en avant la marque, ses valeurs, son histoire, ses signes, ses spécificités et ses produits. C'est un lieu où l'on se rend pour le plaisir de vivre une expérience unique. Une destination prisée pour les spécialistes et les promeneurs du dimanche.

 

La tradition

Une façade en bois, deux vitrines, une enseigne en tôle émaillée et des vendeurs portant un tablier: les points de vente Comtesse du Barry, signés AKDV, jouent la carte de la tradition et du savoir-faire artisanal. Les boulangeries Paul ou le spécialiste de l'huile d'olive Oliviers & Co s'inscrivent dans ce courant centré sur l'histoire d'une marque et l'évocation d'un métier.

 

Le magasin spectacle

Plus que la mise en avant des produits, c'est l'expérience client et la théâtralisation de l'offre qui priment. «On recherche ici l'effet "ouah!", explique Jean-Pierre Lefebvre, dont l'agence a signé en France le nouveau concept des boutiques du Club Med placées sous le signe de l'évasion. On veut étonner, surprendre, marquer les esprits.» Et de citer également la boutique Godiva à Tokyo, dont la peinture murale fond comme chocolat au soleil, ou encore le magasin new-yorkais d'Abercrombie & Fitch, son ambiance feutrée et ses vendeurs au torse nu.


La boutique pédagogique

«C'est une vraie tendance de fond», expliquent les fondateurs d'AKDV, concepteurs pour La Poste de Carré d'encre, un magasin de découverte et de partage sur le plaisir d'écrire et la passion des timbres, ouvert dans le quartier de l'Opéra, à Paris. «Le magasin où l'on apprend, c'est un lieu axé sur la pédagogie, l'expérience, la connaissance. Un lieu dont on va parler et où l'on va revenir.» Il est complémentaire des aspects fonctionnels d'Internet, mais s'inscrit aussi dans la lignée de la créativité et de l'interactivité favorisées par le Web.

 

L'appartement

Ambiance «home sweet home» chez Stella McCartney à Londres, où le chaland semble accueilli dans la salle à manger de la maîtresse de maison. Comme dans la boutique Dior de l'avenue Montaigne à Paris, ou celle de Chanel inaugurée à Shanghai et directement inspirée de l'appartement parisien de Mademoiselle Chanel. Dans une version plus moderne, tendance grand loft parisien, on pourrait également citer la boutique Merci, avec son coin salon et sa bibliothèque.

 

Le geste d'architecte

Les grandes marques aiment faire appel à des architectes de renom: Giorgio Armani a ainsi confié à Doriana et Massimiliano Fuksas la conception de sa boutique new-yorkaise inaugurée en 2009 sur la Cinquième avenue. Au centre, un imposant escalier en spirale. La marque de mode japonaise Issey Miyake a quant à elle fait appel à Frank Gehry. La grande surface de tôle imaginée par l'artiste fait écho à ses nombreuses réalisations, dont le musée Guggenheim de Bilbao, en Espagne. «Cette tendance nous agace, confient les fondateurs d'AKDV. Car la célébrité de l'architecte passe avant la notoriété de la marque. On reconnaît un style, une patte, mais il n'épouse pas les valeurs d'une marque, son identité, ses spécificités. Pour le showroom de Jean-Paul Gaultier, on se sent avant tout chez Starck, pas chez le couturier.»

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