Ils sont animateurs radio, footballeurs, ouvriers ou vendeurs : les premiers robots humanoïdes ont débarqué sur Terre. Faites plus amplement connaissance avec ces nouveaux compagnons de route.

L’astronaute

Il n’y a pas que Philae dans les étoiles ! Le nippon Kirobo a quitté la Terre en septembre 2013, à destination de la Station spatiale internationale. La mission de ce robot bipède d’un kilogramme et de 34 centimètres de haut ? Rompre la solitude des astronautes envoyés dans l’espace. Le commandant japonais Koichi Wakata, présent à bord de la station orbitale de décembre 2013 à mai 2014, a néanmoins été le seul à pouvoir profiter pleinement de la conversation de Kirobo, l’androïde s’exprimant uniquement dans sa langue natale. L’intégralité de leurs discussions est d’ailleurs disponible sur le web. Initialement prévu fin 2014, le retour de Kirobo devrait intervenir dans le courant de l’année 2015. Objectif du projet Kibo Robot, élaboré par la société Robo Garage et l’université de Tokyo : étudier dans quelle mesure un compagnon non humain peut apporter du réconfort à une personne isolée durant une longue période. 

 

Le vendeur
Et si un robot remplaçait Matt Damon et George Clooney dans le cœur des Japonaises ? Depuis le début du mois, Pepper, la dernière génération d’androïdes imaginée par le français Aldebaran, à l’origine également de NAO, est à leurs petits soins dans une vingtaine de boutiques Nescafé du Japon. Ce robot « émotionnel » et évolutif, pouvant aussi s’intégrer dans les foyers ou les salles de cours, est à même de décrypter les sentiments de son interlocuteur, d’engager la conversation avec les consommateurs et de leur vanter les qualités des machines à café de la marque. Capable d’apprentissage, il vit en réseau avec les autres robots, à qui il transmet ses nouveaux savoirs. D’ici à fin 2015, mille automates Pepper seront déployés dans les boutiques et corners Nescafé du Japon, le premier marché mondial de la marque. Ces compagnons connectés sont également présents depuis le printemps dans plusieurs agences de l’opérateur de téléphonie japonais Soft Bank Mobile – qui est aussi l’actionnaire principal d’Aldebaran –, où ils sont chargés d’accueillir et de divertir les clients.


L’animateur
Radio Nova vient de recruter son premier animateur robot ! Robi a rejoint l’équipe de l’émission Deux heures et quart avant la fin du monde en novembre 2014. Aux côtés de Marie Misset et Armel Hemme, les deux journalistes aux commandes de l’émission, Robi va participer à l’interview de l’invité et poser toutes les questions gênantes que les deux animateurs n’oseront formuler… L’androïde, doté d’yeux et de bras mobiles, est aussi un tweetos invétéré, qui lira en direct les messages envoyés par les auditeurs. « On est assez curieux de voir la réaction des invités à la présence du robot », commente Marie Misset, qui s’interroge : est-il possible de sympathiser avec un collègue fait de circuits ? Au contraire de Jean-Mi, le robot NAO de l’émission de Thierry Ardisson Salut les Terriens ! conçu par la société Aldebaran, Robi a été financé par crowdfunding  et entièrement réalisé en mode collaboratif, avec le fab lab ICI Montreuil ainsi que l’école de développeurs Simplon.co.
Il ne possède pas de logiciel d’intelligence artificielle à proprement parler : ses réactions, comme ses questions, seront programmées avant chaque émission.


L’ouvrier
Il a fait sensation en préparant des cafés à la Japan Robot Week de Tokyo, en octobre dernier, et n’a pas hésité à passer un tablier de cuisine pour l’occasion. Mais c’est surtout sur les chaînes de montage que l’on devrait retrouver Nextage, le robot collaboratif ou cobot développé par le japonais Kawada Industries. Du haut de son 1,74 m, ce robot semi-humanoïde sur roulettes, pourvu de deux doigts mécaniques au bout de chaque bras et de plusieurs caméras situées dans sa tête et ses membres, a récemment fait ses débuts dans l’industrie automobile et aéronautique. C’est le cas à l’usine Airbus de Cadix, en Espagne, où il travaille au côté des ouvriers au rivetage des gouvernes des ailes de l’A380. Dans un autre registre, le robot collaboratif Baxter, de la société américaine Rethink Robotics, devrait bientôt prendre ses fonctions à l’atelier du célèbre chocolatier Sève, à Lyon. Il y fabriquera la coque en amande des macarons, une tâche répétitive et peu valorisante, permettant aux artisans chocolatiers de se concentrer sur des travaux plus créatifs.


Le médecin
« E lémentaire, mon cher docteur ! » Voici ce que pourrait bientôt répéter Watson, le superordinateur d’IBM, à ses confrères du laboratoire de recherche médicale New York Genome Center, à New York. Célèbre pour avoir gagné à trois reprises au Jeopardy en 2011 (un jeu de culture générale du type Questions pour un champion), le programme, doté d’une capacité de calcul phénoménale combinée à de puissants logiciels d’analyse de données, fait désormais équipe avec les médecins pour soigner les malades atteints de cancer. Sa mission : identifier, dans les bases de données génomiques et dans la littérature scientifique toutes les informations relatives aux mutations génétiques observées chez les patients, puis proposer le traitement le mieux adapté. Watson étant un système basé sur l’apprentissage, il devrait tirer des leçons de chacune de ses expériences et devenir de plus en plus pertinent au fil de ses diagnostics.

 

Le lycéen
Sera-t-il plus attentif que ses camarades en chair et en os ? Le robot lycéen déployé depuis la rentrée 2014 dans trois lycées des départements du Rhône, de la Loire et de l’Ain – les établissements La Martinière Monplaisir à Lyon, Claude-Fauriel à Saint-Etienne et Joseph-Marie-Carriat à Bourg-en-Bresse – fait en tout cas beaucoup parler de lui, et pas seulement dans la salle des profs ! Imaginé par la société française Awabot, cet humanoïde doté d’un système de visioconférence est un robot de téléprésence, commandé à distance par son utilisateur. Grâce à lui, un élève malade empêché de venir au lycée peut continuer d’assister aux cours, poser des questions aux professeurs, et même interagir avec ses camarades à l’heure de la récréation, puisqu’il possède des roues lui permettant de se déplacer facilement. Cette expérimentation de deux ans, financée par la région Rhône-Alpes, n’est qu’une des utilisations possibles de ces robots de téléprésence, qui seront bientôt développés pour le monde professionnel et le grand public.

 

Le footballeur
Tout le monde sait que la Mannschaft a remporté le Mondial de football en 2014, mais qui connaît le nom du vainqueur de la RoboCup Soccer, la Coupe du monde de football des robots, organisée au Brésil dans la foulée de la compétition humaine ? Réponse : l’Iran ! Cette compétition créée il y a 18 ans voit s’affronter tous les ans des équipes d’automates capables de jouer tous seuls. Si les équipes, inscrites par catégorie (simulation, robots de différentes tailles), disposent des mêmes plateformes technologiques, les programmes d’intelligence artificielle sont, eux, développés par chacun des pays. Et c’est ce qui fait toute la différence. Les organisateurs de la RoboCup Soccer se sont lancé un défi : qu’en 2050, des machines soient capables de battre de véritables footballeurs sur un terrain de foot. Quid des supporters ?

 

L’administrateur
Depuis mai dernier, sa voix compte autant que celle des cinq autres membres du conseil d’administration de DKV, une société d’investissement hongkongaise. Vital n’est pourtant pas un administrateur comme les autres : c’est un bot, un programme d’intelligence artificielle doté d’exceptionnelles capacités d’analyse. Son rôle : identifier de manière totalement rationnelle les investissements les plus judicieux à effectuer et repérer les corrélations qui ne sautent pas forcément aux yeux dans la masse des informations fournies. Un contrepoint utile aux décisions des humains, qui reposent davantage sur les émotions et les intuitions… géniales ou pas.

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