De la diversité des regards et des approches naissent la richesse et l’innovation. C’est la philosophie de l’intelligence collective, une méthode de management et d’animation de groupes fondée sur la mise en commun d’idées pour mieux faire émerger de nouveaux possibles. Et c’est l’idée de L’intelligence collective. Co-créons en conscience le monde de demain.
Quoi de mieux qu’un ouvrage collectif pour en parler ? Une psychosociologue (Christine Marsan), un juriste devenu coach (Thomas Emmanuel Gérard), un ingénieur biochimiste (Jérôme Lavens), une consultante (Marine Simon), un géographe (Eric Julien), un designer (Sybille Saint-Girons), un biologiste spécialiste du biomimétisme (Gauthier Chapelle) : au total, sept auteurs nous livrent leurs expériences pour comprendre, intégrer et appliquer l’intelligence collective. Tous adoptent une méthode basée sur la confiance, l’authenticité, l’énergie créative, les interrelations et les interdépendances avec un même objectif : construire le « vivre ensemble autrement » et donner corps à des projets durables.
Leur postulat de départ ? Nous serions des êtres plus coopératifs que compétitifs. Pour le démontrer, les auteurs nous emmènent à la découverte du peuple Kogi. Ces Amérindiens de Colombie n’ont « jamais rompu le lien ni avec leur environnement ni entre eux ». Le livre remonte ensuite le cours de l’intelligence collaborative jusqu’à nos sociétés contemporaines. à l’aide d’exemples de bouleversements majeurs, tel l’ouragan Katrina à La Nouvelle-Orléans ou la crise économique argentine, les auteurs montrent que les comportements de coopération sont dominants : monnaie complémentaire, troc, solidarité… Mieux, conscients de la finitude du monde, nous serions enfin prêts au partage. Et ce, même en dehors de catastrophes. En témoignent, pour les auteurs, les initiatives alternatives et collaboratives qui fleurissent de toutes parts tels Blablacar, Autolib’ et Airbnb, où l’usage prime sur la propriété. Idem pour des services comme Recupe.net, Jedonnetout.com ou encore Leboncoin.fr, qui remettent en circulation des biens dont nous ne nous servons plus. Sans parler de l’émergence des « créatifs culturels » au Japon et en Europe de l’Ouest. Porteurs de valeurs écologiques et collectives fortes, ce mouvement socioculturel sans chef est à la pointe du changement social. Ces acteurs, qui représenterait un tiers de la population des Etats-Unis, seraient en train d’inventer une nouvelle culture pour le XXIe siècle.
Le collectif donne des clés, en seconde partie du livre, pour mettre en œuvre l’intelligence collective. Tel un guide pratique, livré avec sa boîte à outils, il devrait donner quelques solutions et idées aux entreprises, institutions, collectivités et associations. Des modes de gouvernance sont proposés aux organisations, ainsi que des méthodes à destination des consultants, coachs et managers pour organiser les réunions. Un exemple ? Le « World Café » : un processus d’échanges créatifs autour d’un thème ou d’un projet qui reproduit l’ambiance d’un café. Les participants échangent autour d’une table, en groupes de trois à cinq personnes, à propos de questions préparées à l’avance, permettant d’explorer le thème central. à intervalles réguliers, ils changent de table, à l’exception de l’un d’entre eux qui accueille les nouveaux venus et leur résume la conversation précédente. Ainsi, les discussions en cours se « fécondent » les unes les autres. « Les pratiques d’intelligence collective favorisent la maturité affective et relationnelle des personnes, l’ouverture à ce qui est différent », insistent les auteurs. La vertu cardinale de l’intelligence collective ? Oser remettre en question ses croyances et projections.
L’intelligence collective. Co-créons en conscience le monde de demain, de Gauthier Chapelle, Thomas Emmanuel Gérard, Eric Julien, Jérôme Lavens, Christine Marsan, Sybille Saint-
Girons, Marine Simon. éd. Yves Michel, 2014, 179 p., 25 €.
