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Pour son cahier de tendances Futur(s) 2017, Peclers augure d'un monde en mouvement et incite à « sortir de sa zone de confort ». En exclusivité, Stratégies revient sur trois tendances éclairantes pour les marques.

Après « Naviguer la complexité » en 2016, les chercheurs de Peclers en appellent à l’action en 2017 avec leur cahier Futur(s). Préconisation ? « Sortir de sa zone de confort ». « Dans un monde aux repères troublés, chacun se rend compte que les modèles ont fait leur temps, qu’il faut redonner du sens à l’engagement », décrypte Emma Fric, directrice Recherche et Prospective chez Peclers. Les huit tendances de cette année, décryptées par les équipes de l'agence, volontairement positives, s’inscrivent dans une logique de requestionnement des concepts. Un réordonnancement du monde, qui s’applique aussi bien aux personnes qu’aux organisations. Parmi les huit thèmes présentés en exclusivité, (L'identité dynamique, Cultiver l'intime, L’utopie pragmatique, Réinventer le soft power, Amplifier le lien à la nature, Intensifier l'expérience, Domestiquer la post vérité, Vers des cosmologies alien) Stratégies en a choisi trois. 

L’identité dynamique 

Si le cahier 2016 insistait sur les « identités plurielles » des personnes, l'édition 2017 met en lumière un phénomène encore plus fort, en inscrivant l’identité dans un rapport temporel. « Dans la quête identitaire, chacun cherche à sortir de tout contrôle, refuse les injonctions, les cases algorithmiques. Finalement, on se définit à l’aune de nos émotions, de nos désirs, qui évoluent en permanence. On crée une identité mouvante, dynamique, qui se réinvente en continu », détaille Emma Fric. Les êtres chercheraient à sortir de tout déterminisme, refusant les cages identitaires, s’émancipant du digital et de ses profils, comme l’a transcrit la série Black Mirror. Même l’injonction à « être soi » reste une invitation à la soumission. La seule liberté consistant ainsi à ne plus se poser de questions, mais à être dans le plaisir instantané. « Cela sous-entend aussi d’accepter ses humeurs, ses contradictions, de faire preuve d’indulgence avec soi-même, continue la spécialiste. Nous avons repéré beaucoup de témoignages de stars dévoilant leur vulnérabilité, leur dépression. » On redéfinit l’âge, plus émotionnel que temporel, comme dans la revue Allure qui manifeste contre le terme d’« anti-âge ». On redéfinit le genre. Pour les marques, cela peut se traduire par des produits ou services aussi éphémères qu’aléatoires, ou qui jouent sur ce dynamisme, comme des colorations dont la teinte varie sous l'effet de la chaleur. L’important étant de suivre son aspiration, comme le court-métrage In a heartbeat, allégorie du désir où un garçon court après son coeur amoureux. 

Utopie pragmatique 

Dans un monde brouillé, la population et les organisations cherchent à réinventer une utopie. Mais loin d’être un monde à part, elle se veut plus accessible pour se mettre réellement en place. « L’esprit collaboratif se réinvente dans cette optique. L’utopie n’est pas la vision d’une seule personne. L’agilité, le dynamisme, l’entraide, irriguent tous les espaces. Des entreprises aux institutions publiques », commente Emma Fric. On se replace dans le monde, pour jouer un rôle plus large que celui qui nous est attribué. « On redessine le rapport à la consommation, la création de valeur, on entre dans une dynamique de partage des savoirs et on sort de sa fonction première », explique-t-elle. Les vêtements pour enfants s’étirent pour aller de 4 à 36 mois. Les marques sortent de la logique du seul produit pour redéfinir leur utilité. Comme le Old School Junk, un restaurant éphémère créé par un centre commercial qui fournit aux enfants de la nourriture Vegan à prix libre lorsque les cantines sont fermées. On mélange aussi les savoir-faire, comme la fondation des Galeries Lafayette qui rassemblera tous les arts. Des consortiums d’entreprises créent des espaces régionaux, où se mêlent centre de marques, université, biodiversité. « Mais cette fois-ci à l’échelle des territoires », précise Emma Fric.

Vers une cosmologie alien

Les découvertes scientifiques raniment la curiosité pour l’espace et la quête de vie extraterrestre (les exoplanètes ou les signaux mystérieux venus de loin). Cela se traduit dans des inspirations de mode ou architecturales avec des matériaux tirés de problématiques spatiales. Le perfectionnement technologique invite aussi à redécouvrir l’autre, à le re-connaître, pour nous familiariser avec la différence. Comme le film Arrival qui retrace la difficulté du langage avec une espèce extraterrestre. « L’émotionnalisation croissante de l’intelligence artificielle ouvre aussi un champ d’empathie envers les robots. Ainsi s’interroge-t-on sur leur droit, avec Union for AI, un syndicat rien que pour eux. On questionne leur souffrance, leur responsabilité ou leur protection », décrypte Emma Fric. On invente des machines qui vous titillent (Misbehaving robots), qui jouent le rôle d’humain, avec du caractère. On les intègre, non plus dans un quotidien, mais dans un relationnel gratuit, dénué de fonction utile. Idem, la question spéciste ou la reconnaissance des droits des animaux revient en force. C’est à la frontière de l’Autre qu’on se définit. On crée donc des espaces, des objets, favorisant l’entrée en relation avec l’Alien, étymologiquement, « l'étranger ». 

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