Ils vont faire 2019
Cet article est extrait du dossier « Ils vont faire 2019 » du numéro 1976 de Stratégies paru le 3 janvier 2019.

Michel-Édouard Leclerc (E.Leclerc), à la conquête de Paris

Le patron le plus connecté de France investit Paris... Tout d’abord via le digital… En avril prochain, Michel-Edouard Leclerc lancera l’offensive sur le e-commerce parisien, avec un service intitulé « Leclerc chez moi » ambitionnant entre 4000 et 6000 livraisons par jour sous trois ans, et un chiffre d’affaires estimé entre 125 et 190 millions d’euros. Michel-Edouard Leclerc promet « des prix E.Leclerc dans Paris, soit 15 % à 20 % moins cher», alors que la moyenne parisienne, pour le moins scandaleuse, ulcère souvent les consommateurs franciliens. Le nouveau service, qui comprendra « drive piétons et dépôts-relais » a donc de quoi faire trembler les Monoprix, Franprix (Casino) et autres Carrefour - ce dernier ayant déjà ouvert, en avril 2018, ses premiers «drive piétons » dans la capitale. Dans un premier temps, selon LSA, l’offre du futur service d’E. Leclerc devrait porter sur 9 500 références, incluant des fruits et légumes, des produits frais, du surgelé et du sec. Un objectif qui pourrait monter jusqu’à 12 000 références à terme. L’an prochain, en 2020, après une première approche en 2016, avec l’ouverture d’un magasin dans le 19e arrondissement, l’enseigne de distribution ouvrira, en avril 2020, un supermarché dans le quartier de Gaîté, à deux pas de la gare Montparnasse. Parallèlement, en 2019, le très avisé Michel-Edouard Leclerc continuera le déploiement de son réseau « Le marché bio », dont les premiers magasins ont vu le jour en 2018, qui devrait compter 200 enseignes d’ici à 2018.

 

Nicolas Brusson (BlaBlaCar), as du volant

Il y avait la start-up, son storytelling autour de l’économie du partage et son chef emblématique, Fred Mazzella, un ancien de la Nasa, érigé au rang de prodige de la French tech. Nicolas Brusson est plus discret mais c’est lui qui tient les rênes de la société depuis octobre 2016. Bête noire de la SNCF et des « cars Macron » sur les trajets de moins de 300 km, Blablacar a changé d’échelle fin 2018 en rachetant Ouibus, l’offre de transport par car de la SNCF aux 40% de parts de marché. En retour, la compagnie ferroviaire est entrée au capital de la start-up, dont l’offre est désormais visible sur la plateforme Oui.sncf. 2019 est l’année où Nicolas Brusson devra confirmer ce pari ambitieux : conjuguer le covoiturage qui a fait son succès avec du transport par car réputé moins flexible.

 

Jérôme Guillen, le Français de Tesla

La presse a découvert son existence en 2018 quand Elon Musk l’a propulsé président de la branche automobile de Tesla. En somme, son bras droit. Âgé de 46 ans, c’est pourtant un cadre de Tesla de la première heure. Arrivé en 2010, il était précédemment chez Daimler comme directeur de l’innovation. Après une année chahutée pour le fabricant de voitures électriques, sur fond de problèmes de production, c’est en 2019 que l’on saura si Tesla parvient à tenir son rang de leader mondial du secteur. Il devra pour cela réussir à fabriquer assez de Model 3, le véhicule censé faire de Tesla une marque grand public. En France, la Model 3 est attendue en février. Un indicateur parlant : sur le segment des véhicules premium, Tesla devance depuis peu Mercedes aux États-Unis.

 

Alice Holzman ( Ma French Bank), à bon compte

Au printemps 2019 éclora une nouvelle banque en ligne. Ma French Bank, pilotée par Alice Holzman, portera les ambitions de La Banque Postale sur ce marché effervescent, disputé par des acteurs internationaux comme l’allemand N26, le britannique Revolut ou Orange Bank. Et de l’accessibilité. Chacun pourra ouvrir un compte, promet la banque qui arbore le logo de La Poste dans son identité graphique, « sans conditions de ressources, très simplement depuis son mobile, mais aussi en bureau de Poste ». En 2019, avec cette offre, La Banque Postale va se poser en concurrent frontal du Compte Nickel (racheté par BNP Paribas mi-2017), dont le succès ne se dément pas. Sa recette : proposer d’ouvrir un compte sans conditions de ressources dans des bureaux de tabac. Avec Ma French Bank, c’est un nouveau signe montrant que les acteurs traditionnels opèrent leur mue numérique.

 

Shi Weiliang (Huawei), face aux problèmes de réseau

« Soyez au plus près de l’action. » Le jeune patron (36 ans) de Huawei France va pouvoir faire sienne l’injonction de la pub pour le smartphone P20 Pro avec Antoine Griezmann. Nommé en 2017, il va avoir à gérer la défiance montante vis-à-vis de son entreprise sur la 5G. Devenu persona non gratta dans plusieurs pays sur les réseaux télécoms (États-Unis, Royaume-Uni, Australie, Japon), Huawei suscite aussi de la méfiance en France. En cause : des soupçons de portes dérobées. Avec la 5G, le réseau mobile devrait connecter bien plus que de simples smartphones, et toucher à l’industrie ou à la santé. L’enjeu est donc systémique. Fin novembre, Shi Weiliang a tenu à rassurer dans les colonnes du JDD : « Nous sommes au service de nos clients, pas de la politique. »

 

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