politique
Franck Louvrier, conseiller chargé de la communication du président-candidat, a déjà la tête ailleurs. Quel que soit le résultat de l'élection, ce fidèle d'entre les fidèles tournera la page de quinze ans de collaboration avec Nicolas Sarkozy.

Un homme de l'ombre qui prend de plus en plus la lumière… Franck Louvrier n'alimente pas seulement les colonnes des journaux, désormais il les occupe. Depuis quelques mois, le conseiller chargé de la communication du président-candidat Nicolas Sarkozy sort du bois. Le Nouvel Observateur, Le Nouvel Economiste et Ouest France ont publié ces dernières semaines des portraits du plus ancien collaborateur du locataire de l'Elysée.

Mais le retour de bâton ne s'est pas fait attendre. Evoquées dans le portrait du Nouvel Obs, les vacances en Corse qu'il passerait en famille avec la journaliste Laurence Ferrari ont relancé le débat sur «la connivence politico-médiatique». «Une volonté de nuire, lance-t-il. Dans notre métier, il ne faut jamais être ami avec un journaliste. Nos priorités sont souvent contradictoires.» Ce fin connaisseur du milieu journalistique en fait une analyse sans concession: «Le fonctionnement moutonnier des médias s'amplifie en période électorale. Et plus encore avec Twitter, où les journalistes se révèlent énormément… On en apprend d'ailleurs ainsi beaucoup sur eux.»

Quoi qu'il en dise, en acceptant de parler de lui dans les médias, Franck Louvrier prépare aussi l'après-Sarkozy. Après l'élection, il l'assure: il ne rempilera pas. «A quarante-quatre ans, il faut savoir prendre des virages dans la vie, explique-t-il. Je veux faire des choses différentes.» Différentes, mais toujours dans la communication. Les prétentions politiques qu'on lui prête à La Baule, voire à Nantes, où il est né? Il les balaie d'un revers de main… Travailler chez l'annonceur, pourquoi pas dans les médias, mais surtout en agence, voilà clairement son objectif. Des contacts ont été pris, notamment avec Euro RSCG: «Une belle agence, dans un période intéressante de son développement.» 

«Penser toujours aux coups d'après»

Mais en attendant, son seul et unique «client» reste Nicolas Sarkozy, auprès duquel il a appris une règle d'or: «Toujours tout dire, mais toujours au bon moment.» Entre son équipe de l'Elysée (une cinquantaine de personnes) et celle du QG de campagne du 18, rue de la Convention (une quinzaine de personnes), son quotidien est de «regarder le guidon et la piste en même temps, en pensant toujours aux coups d'après». Son expérience de 2007 lui a appris a éviter quelques écueils, assure-t-il: «Le week-end de Pâques est toujours une parenthèse un peu longue lors d'une présidentielle. D'où l'idée de l'interview dans Le Journal du dimanche.» La semaine suivante était ponctuée d'apparitions sur Canal+ (mardi) et sur France 2 (jeudi).

Franck Louvrier en est convaincu: «Cette fois encore, la campagne s'est faite avant tout sur les médias traditionnels, et surtout à la télévision. Internet reste un complément.» Selon lui, le bon niveau des équipes Web des différents candidats et le taux de pénétration d'Internet n'en a pas fait encore le média central de l'élection. «Quand la télévision connectée sera généralisée, le Web sera alors le média le plus puissant», prédit Franck Louvrier, qui s'appuie dans ce domaine sur Nicolas Princen, vingt-huit ans, un ancien d'Euro RSCG qui avait rejoint la cellule Web de l'Elysée en 2008.

Ce nouveau monde «connecté», Franck Louvrier le découvrira donc dans une nouvelle vie. Et peut-être dans une agence de publicité. Mais, d'ici là, il espère trouver le temps de finir un ouvrage qu'il coécrit avec un journaliste sur son expérience de communicant politique et qui devrait paraître avant la fin de l'année. L'ombre, point trop n'en faut…

 

 

Dates clés

30 mai 1968. Naissance à Nantes.

1994. Assistant parlementaire d'Élisabeth Hubert, députée de Loire-Atlantique.
1996. Chef du service de presse RPR.
1999. Chef de cabinet de Nicolas Sarkozy à la mairie de Neuilly-sur-Seine.
2002. Conseiller pour la presse et la communication au ministère de l'Intérieur.
2004. Même poste au ministère de l'Économie.
2004. Directeur de la communication de l'UMP.
2005. Conseiller pour la presse et la communication au ministère de l'Intérieur.
2007. Conseiller chargé de la communication à l'Elysée.
Mars 2010. Elu conseiller régional des Pays-de-la-Loire.

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