Télévision
Pris dans le tourbillon de l’info, le nouveau patron de BFMTV, Marc-Olivier Fogiel, assure veiller à ne pas tomber dans la facilité en ouvrant son antenne à l’opinion à outrance.

C’est l’une des premières choses qu’il a mise en place en arrivant à la direction générale de BFMTV en juillet : déplacer les conférences de rédaction du bureau de Céline Pigalle, la patronne des journalistes de la chaîne, à un espace situé au cœur de la rédaction. « Aujourd’hui, elles sont ouvertes à qui veut bien venir, plus seulement aux personnes concernées. Ça donne quelque chose d’un peu différent à l’antenne », raconte, dans son bureau vitré du sol au plafond, un Marc-Olivier Fogiel toujours très courtois malgré la pression qu’impose la gestion d’une chaîne d’information en continu, qui plus est la première de France (2,1% de part d’audience en octobre, selon Médiamétrie).

Un an après le début du mouvement des Gilets jaunes, il a trouvé une rédaction « déjà apaisée ». « Je ne suis pas arrivé comme le pacificateur post-Gilets jaunes. Les choses sont plutôt derrière », assure-t-il. Largement critiquées durant cette vague de contestation, les chaînes d’info semblent aujourd’hui entrées dans une nouvelle ère. Les reproches ne portent non plus sur leur traitement des Gilets jaunes mais sur les dérapages qui se multiplient sur leur antenne, des propos tenus par Éric Zemmour sur Cnews à la dernière sortie du philosophe Alain Finkielkraut sur LCI.

Facilitateur

BFMTV n’est pas épargnée : sur Twitter, Samuel Gontier, journaliste à Télérama, a affirmé que, depuis l’arrivée du nouveau patron, la chaîne d’info du groupe Altice fait la part belle au « racisme, xénophobie et islamophobie », des propos contre lesquels BFMTV et Marc-Olivier Fogiel attaquent en diffamation. « BFMTV est une chaîne d’information. Quand nous faisons de l’opinion, c’est dans des espaces sanctuarisés pour ça, comme Face à Duhamel. Il y a un danger à laisser des espaces vides, qui se remplissent, par facilité, par de l’opinion », insiste Marc-Olivier Fogiel, qui se refuse aussi à « opposer les opinions fortes entre elles pour le spectacle ».

À tout juste 50 ans, celui qui est connu pour avoir l’un des plus beaux carnets d’adresses de Paris se voit comme un « facilitateur ». Comme le 30 octobre dernier, quand Christine Lagarde est reçue dans la matinale d'Apolline de Malherbe à quelques jours de sa prise de fonction à la tête de la Banque centrale européenne. « Ce serait une erreur professionnelle de ne pas faire profiter BFMTV de la relation de confiance très proche que j’entretiens avec elle. J’ai eu la chance d’avoir une vie professionnelle très riche, dans des genres très différents, et la forte notoriété que j’ai acquise en faisant de l’antenne a démultiplié ces contacts », observe-t-il.

Quid des liens qu’il entretient avec le couple Macron ? Il qualifie cette relation de « respectueuse, fluide ». Pas plus. « Il y a plein de choses que BFMTV a fait qui n’ont pas plu au couple présidentiel », assure-t-il. Par exemple, le 3 octobre, lorsque la chaîne a privilégié les derniers développements sur l'attentat de la préfecture de police de Paris au débat sur les retraites auquel participait Emmanuel Macron à Rodez. « Je pense que l’info n’était pas là ce soir-là », confirme encore le directeur général, qui dit avoir « été plus proche d’autres présidents », sans vouloir dire lesquels.

Engagement peu commun

« Marc-Olivier Fogiel a un relationnel très facile. Même s’il aime passer du temps avec ses deux petites filles, il veille à entretenir son carnet d’adresses », note Jacques Esnous, directeur de l’information de RTL, que le nouveau patron de BFMTV a quitté après sept saisons aux commandes de RTL Soir. « Ce que je retiens aussi, c’est sa force de travail, cette exigence qui peut se révéler épuisante pour ses assistants proches », ajoute Jacques Esnous. Hervé Beroud, qui l’a fait venir à BFMTV, ne dit pas le contraire. « Depuis toujours, il fait tout sauf les choses à moitié. Il a un engagement quotidien peu commun pour son métier. C’est le problème des gens toujours sur la brèche comme lui ou moi : c’est parfois fatigant pour les autres, il en convient lui-même », estime Hervé Beroud, son « ami depuis plus de trente ans », aujourd’hui DGA d’Altice Media.

Marc-Olivier Fogiel est un fidèle. Il est allé à Europe 1 pour Alexandre Bompard, à BFMTV pour Hervé Beroud... « BFMTV marche bien, c’est une problématique que je n’avais jamais connue », souligne-t-il. Et tant pis si avec ce nouveau job, il a « beaucoup moins de liberté qu’avant ». « Quand je suis arrivé à Europe 1, j’ai grimpé d’une marche. Là, c’est plusieurs marches à la fois, mais je n’ai pas l’impression de ne pas être à ma place », conclut le nouveau boss de la chaîne.

Parcours

1969. Naissance à Neuilly-sur-Seine.

1992. Entre à Canal+, où il présente notamment TV+ à partir de 1996.

2000. On ne peut pas plaire à tout le monde sur France 3.

2008. Rejoint Europe 1 pour animer la matinale.

2012. Prend les commandes de RTL Soir et d'On refait le monde.

Juillet 2019. Directeur général de BFMTV.

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