Télévision
En plus de 30 ans de carrière à la télévision et à la radio, Nagui s’est fait une place dans le quotidien des Français, qui le lui rendent bien. Mais le roi de la vanne est aussi un homme d’affaires très exigeant.

Nagui est dans tous les cœurs, ou presque. Dans le cœur des Français : en décembre dernier, il a ravi à Stéphane Plaza le titre d’animateur préféré des Français, selon TV Magazine, deux ans après l’avoir perdu. Dans le cœur de France 2 et France Inter, ses deux maisons. Sur la deuxième chaîne, N’oubliez pas les paroles affiche depuis la rentrée des résultats records : 16,8% de part d’audience, 2,8 millions de téléspectateurs en moyenne, 450 000 de plus qu’il y a cinq ans. Sur France Inter, La Bande originale rassemblait en novembre-décembre plus d’un million d’auditeurs au quart d’heure moyen entre 11h et 12h30, 14% de plus qu’il y a un an. Dans le cœur de la régie de France Télévisions enfin : selon les estimations de Publicis Média pour Stratégies, les deux quotidiennes de Nagui sur France 2 (N’oubliez pas les paroles et Tout le monde veut prendre sa place) ont généré 29% des recettes publicitaires de la chaîne entre le 2 septembre 2019 et le 4 février 2020, soit 386 000 euros brut par jour en moyenne.



À 58 ans, Nagui est un homme comblé. À l’antenne, trois heures trente par jour au total, l’animateur mène sa barque chronomètre en main. Nous le rencontrons à 9h30 au siège de sa société de production après un premier rendez-vous pour Taratata. Nous le quittons une heure plus tard, direction France Inter pour 90 minutes d’antenne, avant qu’il ne rejoigne la Plaine Saint-Denis pour l’enregistrement de dix numéros de N’oubliez pas les paroles. Suivra le soir une pièce de théâtre. « L’exercice n’est pas le même. C’est à la fois des métiers différents mais avec un tronc commun dont chaque branche nourrit l’autre. Ce que je lis comme livre ou voit comme pièce de théâtre pour France Inter m’apporte, outre un plaisir personnel, l’air du temps, qui pourra donner lieu à une vanne ou à de la promotion dans un jeu », raconte l’animateur, qui emploie une centaine de personnes via sa société de production, Air Production.



Lui ne communique pas son chiffre d’affaires, mais selon le magazine Capital, Air Production, qui fait partie du groupe Banijay, réalisait 32 millions d’euros de recettes en 2016-2017. Le même journal évaluait aussi à près d’1 million d’euros le salaire annuel de Nagui en 2017, dont 750 000 à 1 million d’euros pour France 2 et 120 000 à 150 000 euros pour France Inter. « On ne doit pas être loin », se contente de répondre Nagui, selon qui parler d’argent en France « est forcément interprété comme de l’impolitesse ». L’argent est d’ailleurs l’un des sujets sur lequel il est raillé à France Inter. « Dans la bande des humoristes, me vanner sur mon pouvoir d’achat, c’est la première vanne qui vient à l’esprit », s’amuse Nagui, qui se dit « moins payé que ceux qui me vannent ». Le patron reconnaît bien avoir une Tesla avec chauffeur, « mais ça me coûte moins cher que de prendre un taxi ».

 

Pas de gants

Lorsqu’elle l’a fait venir à Radio France en 2014, Laurence Bloch se souvient d’un Nagui qui voyait dans cette nouvelle exposition « le signe d’une reconnaissance intellectuelle qui honorait ses parents professeurs ». Cinq ans plus tard, malgré un emploi du temps millimétré, « Nagui ne s’autorise aucun retard, aucune facilité », assure la patronne de France Inter. Pour elle, l’animateur est « très humble, mon avis l’intéresse vraiment, ce qui n’est pas si fréquent ». « C’est quelqu’un de loyal mais il faut être honnête avec lui », ajoute Yann Chouquet, directeur des programmes, qui reconnaît que « les gants habituellement pris à France Inter [pour dire les choses] ne sont pas utilisés par Nagui ».



Lui admet être exigeant. « Je peux devenir fou si un son ne part pas au bon moment. On est dans un château de cartes. Si une carte est plus faible que les autres, il est évident que tout s’écroule », tranche le patron, qui doit encore négocier le renouvellement de son contrat à France 2 alors même que le mandat de Delphine Ernotte à la tête de France Télévisions arrive à échéance cet été. « Nagui est quelqu’un qui ne reste pas figé dans la routine de son succès », apprécie Philippe Labro, son mentor et ancien patron à RTL, pour lequel il a produit plusieurs émissions dont Ombre et lumière sur France 3 au milieu des années 2000. Signe de cet éclectisme : après la production d’un documentaire sur Didier Deschamps, diffusé en octobre dernier sur TF1, c’est au retour d’Intervilles sur France 2 que Nagui s’attelle aujourd’hui. Une version sans vachette, au nom de son engagement en faveur du bien-être animal. Quoi qu’il fasse, Nagui aime prendre le taureau par les cornes.

Parcours

1961. Naissance à Alexandrie, en Égypte.

1983. Fais ses débuts à la télévision en présentant Club 06 sur Télé Monte Carlo.

1993. Crée sa société de production, Air Production, et lance Taratata sur France 2.

1999. Après France 2 et TF1, rejoint Canal+ à la présentation de Nulle part ailleurs.

2006. Lancement de Tout le monde veut prendre sa place sur France 2, avant N’oubliez pas les paroles en 2007.

2014. Arrive à France Inter aux commandes de La Bande originale.

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