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Gérald Kierzek est médecin-urgentiste et chroniqueur santé sur les antennes de TF1 et LCI. Pour Stratégies, il revient sur les actualités liées au Covid-19.

Édouard Philippe sur TF1, le 2 avril, qui annonce un confinement probablement prolongé au-delà du 15 avril.

Le gouvernement est un peu dans la même stratégie de communication que celle d'un médecin qui va annoncer une maladie grave à son patient. Il y va étape par étape. Ce n’est pas parce que le conseil scientifique dit : « six semaines d’emblée [de confinement] », que le politique doit prendre cela pour argent comptant. Le gouvernement est dans une adaptation de sa réponse, ce qui me semble pertinent. Il faut être dans une communication ni anxiogène, ni trop anxiolytique. La décision du confinement est politique, elle n’est pas que médicale. 

 

La pénurie de masques et de matériel sanitaire pour lutter contre l’épidémie.

Quand vous êtes en guerre, comme le président de la République l'a dit, il y a toujours une économie de guerre, des usines qui se recentrent sur la production de masques, mais aussi un peu d'économie souterraine. On est sur une procédure qui sort un peu des clous, comme la livraison de masques sous escorte, liée à cette période de crise. Depuis le début, je dis que cette crise, c'est la crise d'une triple pénurie : de masques, de tests et de lits de réanimation. Ce serait facile de mettre Paris en bouteille avec des si. Maintenant il faut gérer cela.

 

Le succès des entretiens de Didier Raoult sur les réseaux sociaux.

On ne devrait pas être dans un débat pro ou anti-Raoult, pro ou anti-chloroquine. À chaque fois que l’on prescrit un médicament, on est dans la balance bénéfices-risques, et pour pouvoir faire cette balance, il faut passer par des essais cliniques. Là, on voit que parce qu’on est dans une situation d’urgence, tous ces essais cliniques visent à publier une étude qui n’est pas dans les standards des essais cliniques habituels. Donc, ça introduit des confusions dans l’esprit des gens. Il faut faire les choses de manière accélérée, mais fiable. Didier Raoult est un professeur sérieux, mais sa communication est probablement allée un peu trop vite, en dehors des canaux standards de la communication médicale et scientifique. Vous ajoutez à cela une panique ou une peur de la population et ça fait un cocktail qui peut être explosif. La communication santé, particulièrement en période de crise, est sur la ligne de crête. 

 

Emmanuel Macron qui intervient auprès du PDG de La Poste pour rétablir des tournées.

La balance bénéfices-risques est aussi valable dans l’information. Je pense qu’il faut faire attention aux effets secondaires du confinement. Le compromis est une décision à la recherche d’un équilibre, pas facile à trouver et je le comprends assez bien. La Poste c’est bien sûr le lien de l'information mais c'est aussi un lien social important, ce lien avec le facteur qui peut voir aussi si les gens relèvent leur courrier ou pas. 

 

Jean-Michel Blanquer qui annonce un bac en contrôle continu.

D’un point de vue médical, ça paraît évident. Après je lis un peu en filigrane, en tant que médecin. Le fait que les jeunes début juillet aillent à l’oral de français serait un moyen de lever le confinement par classes d’âge. Ça corrobore ce qu’a dit le Premier ministre. 

 

Le déconfinement qui s’annonce progressif, localisé, par classes d'âge et avec des tests.

C e qui est clair, c’est qu’il sera progressif et non brutal. Probablement une stratégie multimodale, avec de l’intelligence artificielle, des tests biologiques, pourquoi pas un déconfinement par régions. Il faut aussi que ce soit acceptable. On ne peut pas encore serrer la vis.

 

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