L'actu vue par
Gilles Babinet, entrepreneur et conseiller à l'institut Montaigne sur le digital, nous livre son point de vue sur l'actualité.

L’adoption par le Parlement de l’application de traçage StopCovid.

C'est vraiment la confirmation de la faible compétence numérique des parlementaires à l’égard des sujets numériques et d’une façon générale, de l’État. J’ai rarement vu un débat comportant autant de contre-vérités que celui-là. En 2018, j'avais évalué pour l'institut Montaigne les compétences digitales des députés français et les résultats n'étaient pas bons. Ça se reflète encore dans ce type de décision. Le problème est que le numérique, c’est plus une culture qu’une technique, c'est-à-dire qu'il transforme complètement notre société.

 

La taxe Gafa qui a rapporté 350 millions d’euros à l’État en 2019.

C’est une taxe nécessaire pour maintenir une certaine pression sur l’OCDE, car ses travaux sur le BEPS [Érosion de la base d'imposition et transfert de bénéfices] qui ont précédé les idées de cette taxe Gafa, n'avancent pas depuis dix ans. On voit bien que ça devient de plus en plus problématique avec la virtualisation de l’économie. Finalement, ce n’est pas tant le montant que l’intention dans ce contexte qui est à saluer. Les principes pour limiter l'érosion fiscale sont bons et participent à la modernisation de l'économie d'une manière générale.

 

Donald Trump qui annonce un décret pour limiter les réseaux sociaux après ses tweets épinglés par Twitter.

Pour être franc, je suis un peu surpris. Je n’ai aucune sympathie pour Donald Trump, mais j’ai des réserves sur la solution. Je pensais qu’on pourrait avoir des dispositifs qui soient plus algorithmiques, qu'on allait être capable de faire des systèmes de traitement des fake-news, de mises en évidence de tweets dont les propos sont polémiques, etc. Or là, Twitter a eu une approche éditoriale extrêmement brutale. À mon avis, c’est un débat qui durera encore des années. Imaginez que Twitter ait fait pareil sousun tweet de Barack Obama, ça aurait été incroyable... Je ne suis pas contre des systèmes de vérification d’infox, mais il faut une gouvernance en béton armée. Il ne faut évidemment pas que ça soit le pouvoir central qui soit à l’origine de l’information, il faut qu’il y ait des contre-pouvoirs. C’est très compliqué. J'ai beaucoup travaillé au sein du Conseil national du nuémrique sur la question des contre-pouvoirs dans les médias, il n’y a pas de bonne solution, il n’y a que de moins mauvaises solutions.

 

Ursula von der Leyen qui présente un plan d’aide de 750 milliards d’euros pour sauver l’économie européenne.

J’avoue que je ne sais pas très bien comment s’additionnent ces chiffres, mais il faut faire ce qu’on appelle de la monnaie par hélicoptère. Tous les économistes sont d’accord là-dessus. Il faut bien comprendre que c’est vraiment une opportunité historique de prendre des axes politiques forts. C’est ce qu’elle essaye de faire d’ailleurs et c’est intéressant. On peut en profiter pour moderniser notre économie de façon extrêmement forte sur deux axes : le numérique et l'environnement. On attend une instruction ce sens. Si elle est donnée, on peut avoir un renouveau européen absolument extraordinaire. 

 

Les nouvelles étapes du déconfinement annoncées par Édouard Philippe, avec l'ouverture des cafés et restaurants et de l'application Stop Covid le 2 juin.

Cette crise est une leçon sur la faible numérisation de l’État. J’espère vraiment qu'on en tirera des leçons, parmi elles : créer une vraie santé publique ayant pour cœur le big data. On en est loin. 

1/ L’adoption par le Parlement de l’application de traçage StopCovid.

Ça a été pour moi un mauvais moment, ça a été vraiment la confirmation de la faible compétence des parlementaires à l’égard de ces sujets et d’une façon générale, l’État à l’égard des sujets numériques. J’ai rarement vu un débat qui était aussi en train de contre-vérités que celui-là. Il y a un certain nombre de parlementaires qui se sont laissés aller par ailleurs à une mauvaise foi qui était absolument inacceptable dans le cadre du débat politique.

J’ai posté sur Twitter un travail que j’avais fait il y a deux ans sur l’évaluation des compétences numériques des députés, ce n’est pas bon et ça se reflète dans ce type de décisions. Le problème c’est que cette chose-là c’est plus une culture, qu’une technique, c’est-à-dire qu’elle transforme complètement notre société.

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