L'actu vue par
Julien Bisson est rédacteur en chef de la revue America et du 1. Il nous donne son point de vue sur des sujets d'actualité.

L'Amérique à quelques jours de l'élection présidentielle.

C’est une élection intéressante car l’incertitude est totale. Personne ne veut se risquer à prédire la victoire d’un candidat alors même que les sondages sont très en faveur de Joe Biden. En temps normal, tout le monde se préparerait à son élection, et pourtant, ce n’est pas le cas. L’élection de 2016 a rappelé que l’entreprise de sondages était quelque chose de très compliqué et on ne connaît pas l’ampleur de la mobilisation des électeurs, même si le pré-vote laisse penser qu’elle sera beaucoup plus forte. Le vote par correspondance amène aussi un nouveau degré d’incertitude, avec des règles de dépouillement qui diffèrent selon les États. On risque donc d’avoir des résultats incomplets le 3 novembre, ce qui pourrait permettre à Donald Trump de plus facilement dénoncer des élections truquées. La sincérité de l’élection est en jeu.

 

La réponse de l’État à la décapitation de Samuel Paty.

Les mesures prises dans les premiers jours – expulsion d’islamistes radicalisés, dissolution d’associations… - ne souffrent d’aucune contestation. En revanche, on peut s’interroger sur la nécessité de changer la loi de 1905 sur la laïcité ou sur l’encadrement des réseaux sociaux. Si la loi Avia avait existé, ce n’est pas certain qu’elle aurait changé quoi que ce soit. La vidéo publiée par le père de la jeune fille ne contenait aucun appel à la violence, comme celle publiée ensuite par Abdelhakim Sefrioui. Quant à la question de la mise en danger par la publication de données personnelles, elle n’était pas dans la loi Avia et elle ne pourrait être punie qu’après un crime commis. La vraie question que posent les réseaux sociaux, c’est l’ampleur que leurs algorithmes donnent à la colère et à l’indignation. C’est dans l’algorithme que peut être une partie de la réponse.

 

La nouvelle application TousAntiCovid.

Ce lancement n’est pas ébouriffant : dans les premiers jours, StopCovid avait été téléchargé 1,4 million de fois ; avec TousAntiCovid, on est à 1,2 million. On ne note pas un bond significatif, et je ne suis pas surpris. L’application a pourtant des atouts supplémentaires. Elle regroupe des informations et des services autour du Covid (chiffres, attestation de sortie…) qui peuvent justifier son installation. Et contrairement à StopCovid, qui était sortie à une période où l’on pouvait encore croire que l’épidémie était derrière nous, TousAntiCovid arrive alors que la deuxième vague continue de monter. Mais le débat sur la collecte des données n’a pas changé et la population à risque (les plus de 70 ans) n’est pas la mieux équipée en smartphone.

 

Le projet adopté au Sénat de créer un cyberscore sur la sécurisation des données personnelles.

C’est une proposition de loi qui part d’une bonne intention ; on l’a vu pendant le confinement avec l’utilisation de certains logiciels de visioconférence qui posaient des questions de sécurisation des données ou à chaque affaire de fuite. Encore faut-il voir comment ce projet peut se mettre en place. Un amendement déposé par le gouvernement dit que c’est aux plateformes de s’auto-évaluer. Dans ce cas, ce serait un coup d’épée dans l’eau. Il faut être plus offensif sur le sujet.

 

La fermeture de la plateforme Quibi, spécialisée dans les vidéos courtes.

Quibi a vu le jour dans une période de saturation des plateformes de vidéos à la demande, avec un modèle qui a vite montré ses limites. Elle a choisi de n’avoir que des inédits et non un fond de catalogue comme les autres plateformes, qui rassure les usagers. Le choix des contenus courts n’a pas non plus été une bonne idée pour un modèle sur abonnement : au même moment, TikTok se développait aussi sur le court mais sur un modèle gratuit.

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