Audiovisuel
Olivier Laouchez, fondateur de Trace, s’est installé en Afrique du Sud pour développer le groupe Trace, avec une dizaine de filiales sur le continent. Mais l’aventure a commencé en Martinique.

Il vit à Johannesburg où il est confronté, comme tous les expatriés, à des problématiques de sécurité. Si ce n’était un coût, cette donnée pèserait peu. Bien sûr, il n’ignore pas qu’on est sur le continent à la merci d’une « histoire compliquée » ou de l’instabilité politique. « Il faut être vigilant et vivre avec, confie Olivier Laouchez, patron-fondateur de Trace, qui regroupe une quinzaine de chaînes musicales en Afrique. Mais on n’a pas le choix. Si on peut apporter un peu d’emplois, de richesse, et que celle-ci profite à l’entreprise mais aussi au continent, alors tout le monde y gagne. En France, on est utile. Ici, on change la vie des gens. »

Secteur Ä

Fils d’une mère prof et d’un père banquier, le Martiniquais a réussi l’implantation africaine de son groupe, une entreprise de 200 permanents qui vient de renouer avec les profits en gagnant près de 20 % de chiffre d’affaires cette année (30 millions d’euros). On trouve des Trace consacrées aux musiques congolaises, ghanéennes, éthiopiennes… Si tout a commencé en 2002 avec le rachat de MCM Africa, qui lui a permis de monter sur Canasat, l’homme s’était fait connaître bien avant, dans les années 1990, en participant à la création d’Antilles TV, première chaîne privée antillaise, avant de s’installer à Paris pour diriger Secteur Ä, le collectif hip hop dont sont issus Passi, Doc Gynéco, Arsenik, Stomy Bugsy ou Nèg’ Marrons.

Pourquoi l’Afrique ? « On était candidats à la TNT en national et en Île-de-France mais le CSA nous a dit que ce n’était pas pour des gens comme nous. Est-ce que j’allais continuer à me battre contre des moulins à vent ? », se souvient-il. Il fait alors les salons au Kenya ou au Nigéria avant de comprendre qu’il doit s’installer en Afrique du Sud (« 80% du business est anglophone »). Après Goldman Sachs puis Modern Times Group, c’est de nouveau un fonds, Texas Pacific Group, qui l’accompagne à hauteur de 80 % avec Satya Capital. Très vite, il se rend compte que l’Afrique a de l’appétence pour la nouveauté : « En 2050, 30% des 15-34 ans seront en Afrique, si vous avez un produit adapté aux populations, l’implantation est rapide. »

Humilité

L’homme travaille désormais à la création d’une chaîne sur la culture maghrébine qui sera à la disposition des opérateurs télécoms en France. Il prévoit aussi de réunir sur une plateforme digitale unique en 2022 toutes ses activités consacrées au divertissement et à l’éducation. Son idée ? Des formations ludiques pour apprendre l’entrepreneuriat et le savoir-être. L’Oréal, Schneider Electric, Google, Visa ou Leroy Merlin l’accompagnent sur ce projet. Conseiller du commerce extérieur de la France, Olivier Laouchez connaît ses atouts : « Je suis vu comme un cousin, pas comme quelqu’un d’arrogant qui va leur expliquer comment faire. C’est mon côté Tout-Monde, comme dit [l'écrivain] Édouard Glissant, l’humilité et la capacité à apprendre de la culture des autres »

Parcours

11 juillet 1965. Naissance à L'Haÿ-les-Roses.

1988. Diplômé de l'ESCP (options Affaires internationales et marketing).

1993. Fonde Antilles TV.

1998. Dirige Secteur Ä.

2002. Rachète la marque Trace et MCM Africa.

2003. Lance Trace TV dédiée aux musiques urbaines.

2014. MTG prend 75% de Trace.

2021. Trace compte 15 chaînes africaines sur 27.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.