L'Actu vue par...
Laurent Habib, président-fondateur de Babel, commente pour Stratégies l'actualité de la semaine.

Présidentielle: Nicolas Dupont-Aignan rallie Marine Le Pen, Jean-Louis Borloo soutient Macron.
Nous nous étions habitués à l’alternance entre une droite et une gauche partageant l’essentiel : un accord sur le libéralisme et sur l’ouverture à l’économie de marché mondialisée. Cette élection fait renaître deux nouveaux blocs antagonistes : une droite « dure », bonapartiste, identitaire, protectionniste et une gauche « dure » clairement anticapitaliste. Ces deux blocs représentent près de la moitié de l’opinion et c’est une donne sociologique majeure non seulement en politique, mais aussi pour les entreprises et l’ensemble des acteurs économiques et médiatiques français.

 

1er mai : Macron et Le Pen s’apostrophent par meetings interposés.
On assiste à une sorte de libération de la violence verbale depuis le soir du premier tour. Cette violence dépasse les candidats et concerne tous les citoyens : on le voit sur les réseaux sociaux. Elle témoigne à la fois d’antagonismes profonds et d’une déresponsabilisation des acteurs institutionnels. Plus généralement, cette campagne aura donné la victoire à la communication sur la politique, à la tactique sur la stratégie, au récit sur les réalités. La violence semble aujourd’hui la seule voie pour s’affranchir de cette dimension théâtrale du débat politique. C’est d’autant plus terrible que nous sommes à un instant où les questions politiques sont essentielles et le destin de notre pays véritablement en jeu.

 

Mediapart et Quotidien exclus des meetings de Marine Le Pen.
Marine Le Pen est entourée de gens compétents qui ont réussi à donner d’elle une image policée, assagie, compatible avec la démocratie. Ça s’appelle du marketing. La vérité, c’est qu’elle porte des idées qui sont incompatibles avec la démocratie et notamment qu’elle ne reconnaît pas la liberté de la presse.

 

Fake news : Wikipédia lance Wikitribune et Facebook rémunérera les éditeurs français.
Le problème des fake news dépasse l’information en ligne. Sur les plateaux de télévision, lorsque des candidats émettent des contrevérités sans être contredits, cela participe aux fake news. On assiste à une dégradation telle de la parole que le doute s’immisce partout et que le mensonge finit par avoir le même poids que la vérité. Je fais partie de ceux qui pensent qu’il est nécessaire de reconstruire des structures intermédiaires fortes - médias, partis, syndicats… - pour fournir des points de repère dans la société.

 

Frédéric Schlesinger prendra la direction d'Europe 1, dont l’audience est en berne.
Après Canal +, c’est triste de voir Europe 1 perdre totalement son identité. On ne peut pas construire un grand média par l’autorité, mais par la culture.

 

Orange annonce le lancement d’Orange Bank sur les téléphones mobiles le 6 juillet. 
L’économie contemporaine est fascinante, son principal adversaire vient toujours aujourd’hui d’un autre secteur et ces déplacements de lignes et de frontières ont lieu dans tous les domaines.

 

La publicité en ligne reste mal acceptée par les consommateurs, jugée trop répétitive et mal ciblée (étude Kantar Media).
Ils ont raison : la publicité en ligne est en l’état obsolète. C’est urgent pour l’ensemble des acteurs de la profession de proposer des solutions, par la création. Je pense à ce qui a été fait par Intermarché ou par Kenzo, par les formats, par la contextualisation et aussi techniquement par l’invention de nouvelles formes, adaptées au digital et surtout aux mobiles.

 

Intermarché, E.Leclerc, Auchan et Fleury Michon adopteront sur leurs emballages le logo Nutri-score sur la qualité nutritionnelle des aliments.
C’est très bien sur le fond, mais trop de labels tuent les labels et aujourd’hui, je ne pense pas que le consommateur puisse s’y retrouver, nous ne sommes pas loin de la confusion totale dans certains secteurs.

 

Après avoir fait plier Apple et attaqué Google, le fisc italien vise désormais Amazon.
Les très grandes entreprises nées du digital peuvent se sentir plus fortes que les États. Voilà l’un des terrains sur lesquels on attendrait volontiers un pouvoir politique moderne. C’est un défi démocratique contemporain et il y a une nouvelle théorie de la séparation des pouvoirs à écrire pour éviter les nouveaux despotismes. 

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