Dans une mauvaise passe depuis le départ de son fondateur Matthieu de Lesseux et la perte de gros clients, l'agence interactive mise sur une nouvelle équipe dirigée par Stéphane Guerry, actuel directeur général adjoint d'Euro RSCG C&O, pour revenir pleinement dans la course.

Ceux qui pensaient que Duke Razorfish allait doucement sortir du jeu se voient contredits par l'annonce, lundi 11 avril, de la nomination à la direction de l'agence interactive (Vivaki-Publicis) de Stéphane Guerry, 39 ans, directeur général adjoint d'Euro RSCG C&O, attendu en juin dans ses nouvelles fonctions. Un recrutement signé Stephan Beringer, président de Digitas et Razorfish International, qui a repris la présidence de Digitas France et de Duke Razorfish depuis octobre 2010, suite au départ de Stéphane Amis pour Fullsix France.

Pour diriger Duke Razorfish, Stephan Beringer a choisi un natif du numérique et un spécialiste de la communication d'entreprise, de l'influence et des réseaux sociaux. Stéphane Guerry a en effet commencé sa carrière en 1998 comme directeur marketing et développement de l'agence interactive Babel@Stal. Depuis 2002, il dirigeait le pôle interactif d'Euro RSCG C&O où il a notamment orchestré la refonte «digitale» d'EDF (lire encadré).

Chez Duke, il s'appuiera sur un comité de direction réunissant Véronique Beaumont, directrice des opérations de Duke et Digitas France, Déborah Marino, directrice du planning stratégique, et Christophe Perruchas, directeur de la création (on lui doit l'opération «Homer Simpson» pour la SNCF).

Tuer le père

Stéphane Guerry remplace Olivier Abel, parti en février dernier. Recruté par Stéphane Amis, ce dernier, transfuge de La Chose, n'aura passé qu'un an chez Duke. Le tandem formé après le départ du président-fondateur de Duke, Matthieu de Lesseux, pour DDB Paris en décembre 2009, aura fait long feu. Pas facile de succéder à un homme qui incarnait à ce point son agence.

Duke, créée en 1999, s'est toujours singularisée en défendant son indépendance et la créativité numérique. Pourtant, depuis 2007, l'agence est dans une zone de turbulences (en difficulté financière, elle a été vendue à l'américain Razorfish, lui-même revendu à Microsoft puis à Publicis en août 2009) entraînant le départ de tous ses managers et, ces huit derniers mois, la perte de clients historiques comme SNCF.com et McDonald's, ainsi que le départ d'une trentaine de collaborateurs.

Avec cette nouvelle équipe très motivée, Duke (85 personnes) semble avoir enfin tué le père pour passer à une nouvelle étape. L'agence, qui compte parmi ses clients le Comité international olympique, Levi's Europe, Nike France et Guerlain monde, devrait d'ailleurs annoncer des gains de budgets significatifs qui valideront son positionnement.

Duke défend toujours la créativité en termes de design, d'innovations technologiques, d'idées iconoclastes, mais aussi désormais de consulting. Son ambition est d'accompagner les marques dans la durée autour d'une approche de «brand utility» prenant en compte les attentes et les besoins réels des consommateurs détectés par un planning stratégique renforcé et centré sur le «human digital».

 

 

Coup dur pour Euro RSCG C&O

 

David Jones, PDG d'Havas Worldwide, aurait bien voulu le convaincre de rester. «Ce n'est pas facile de donner cette impression d'abandonner Euro RSCG C&O, où je travaillais avec des amis, confie Stéphane Guerry. Des anciens de Babel@Stal m'ont approché et c'est vrai que Duke Razorfish reste la seule marque qui donne envie de tenter une nouvelle aventure humaine.» Il quitte l'agence un an après sa nomination comme directeur général adjoint au sein d'une direction collégiale de trentenaires mise en place par Laurent Habib, président d'Euro RSCG C&O, pour fidéliser les talents et alors qu'un chantier majeur dans le numérique est en cours en interne comme sur le plan commercial. Des solutions extérieures mais aussi internes sont à l'étude pour le remplacer.

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