création
A 18 ans à peine, cette photographe américaine pose sur le monde qui l’entoure un regard frais et décapant, des scènes les plus quotidiennes aux objets iconiques comme le carré Hermès. Son interview exclusive en vidéo sur strategies.fr

Renouveler le carré de soie Hermès, s'amuser avec, le rendre totalement moderne en lui donnant sa place dans l'univers onirique d'une jeune fille de 18 ans à peine. C'est la petite prouesse créative qu'a réussie la photographe américaine Olivia Bee (Olivia Bolles de son vrai nom). Avec la complicité de la célèbre maison, l'artiste s'est donc amusée à faire naître un joli conte, où se croisent licornes et fées toutes parées de l'iconique foulard. Ainsi défilent les décapants clichés du magazine Le Monde d'Hermès disponible en boutique depuis octobre. «Les gens d'Hermès m'ont envoyé une boîte de trente foulards, et m'ont dit que je pouvais faire tout ce qui me plairait avec», se souvient Olivia Bee. Une belle prise de risque pour la marque de luxe qui a su accepter d'être «revisitée». Séduite par la série photographique, Hermès a aussi financé un court-métrage, Il est pour nous, également réalisé par la jeune artiste, dans lequel elle se met en scène aux côtés de son petit ami Cooper Campbell.

 

Des instants de vie

Mais si des marques aussi importantes osent lui laisser carte blanche, c'est parce qu'Olivia Bee, malgré son jeune âge, est beaucoup plus qu'un talent en herbe. La maîtrise de son objectif, elle la pratique depuis l'âge de onze ans. D'abord avec le Pentax K1000 de sa mère, elle s'amuse, cherche et trouve. Petite surdouée qui va rapidement produire d'intenses autoportraits quand d'autres abandonnent tout juste leur première Barbie. Dès lors et jusqu'à présent, elle mitraille sans cesse son entourage et ses copains d'école. Son univers: le monde adolescent dans ce qu'il a de plus quotidien, de plus tendre, de plus fou ou de plus secret. Premiers amours et désamours, premiers vernis, premiers tatouages.
Originaire de Portland (Oregon), cette «american girl» typique livre ainsi un monde intime, romantique mais dépourvu de nostalgie. «Je fais des photos d'adolescents parce que j'en suis une. Mais je prends d'abord des instants de ma vie. Et en grandissant, mes sujets vont évoluer, tout comme mes expériences et mes amis», explique Olivia Bee. A la mode des photos Instagram et autres clichés faussement vieillis, elle oppose un regard instantané et frais sur sa jeunesse américaine. Une vision pas si éloignée de celle de la réalisatrice Sofia Coppola (dont Olivia Bee est fan) et qui plaît tant aux Européens. «Je m'efforce de capter l'ordinaire, d'une manière extraordinaire. La vie est belle, parfaite et cinématographique, si vous ne regardez que les bons moments», assure-t-elle, son visage encore enfantin caché derrière son Canon 5D Mark II.

 

Un univers créatif très personnel

Décomplexée dans son art, l'artiste semble s'être affranchie des règles les plus élémentaires. Ce qui donne au final des clichés avec ce grain si particulier. Si la jeune fille cite les photographes David LaChapelle ou Ryan McGinley comme sources d'inspiration, on la sent avant tout guidée par un univers créatif très personnel. «Mon regard artistique est identique, que ce soit dans mes photos, mes films, mes dessins, ma décoration intérieure et même mes broderies!»
Repérée grâce au réseau en ligne Flickr, la liste de ses collaborations avec des marques (Nike, Levi's, Fiat, Converse, Subaru...), des agences (Wieden+Kennedy et 72 and Sunny) et des médias (The New York Times, M Le Monde Magazine ou Vice) s'allonge. «Depuis mes quinze ans, je travaille en tant que créative pour la publicité. A chaque nouvelle collaboration, j'y apprends tant de choses... Mais Hermès est le premier projet qui m'a offert une liberté ultime dans mon travail», confie-t-elle. Passionnée par la mode, Olivia Bee a pris un tel plaisir à détrôner le carré de soie qu'elle se verrait bien à présent mettre son imagination florissante au service «d'autres marques iconiques comme Prada, Dolce & Gabbana, Givenchy ou Chanel». Ces derniers temps, tout s'accélère, tellement que la jeune photographe est sur le point de s'installer à New York.
Le clip vidéo tout comme les pochettes d'albums sont évidemment des formats visuels qui titillent l'imagination de la fan de musique qu'elle est. «J'ai été fascinée par le clip du groupe Die Antwoord, Baby's on Fire. J'aime aussi beaucoup ce que fait la chanteuse Lana Del Rey mais au top de ma “playlist” trônent The Strokes... Ce serait vraiment un rêve de travailler avec de tels artistes», s'enflamme la photographe. Un rêve à ajouter à la longue liste des choses qu'elle projette de faire dans l'avenir, comme celui d'organiser un shooting sur la Lune. Si si.

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