Les deux géants français et américain ont annoncé le vendredi 9 mai au matin l'abandon de leur projet de fusion. Maurice Lévy, patron de Publicis, a confirmé qu'il resterait à la tête du groupe jusqu'à la fin de son mandat, le 31 décembre 2015.

L'américain Omnicom et le français Publicis ont annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi qu'ils renonçaient à leur projet de méga-fusion, annoncée le 28 juillet 2013 et destinée à créer le numéro 1 mondial de la publicité, en raison des «défis» encore à surmonter dix mois plus tard. Le mois dernier, le Wall Street Journal annonçait déjà que le processus de fusion s'était transformé en une «bataille de titans» entre Maurice Lévy et John Wren.

«Après plus de neuf mois d'efforts, devant l'impossibilité à le réaliser dans des délais raisonnables, nous avons décidé, d'un commun accord, de mettre un terme à ce projet », explique le président du directoire du groupe français Maurice Lévy dans une note à ses salariés. La fusion Publicis «n'a jamais été considérée comme une nécessité» mais constituait «une belle opportunité», poursuit-il.

Trop d'incertitudes

 

Maurice Lévy indique cependant «avoir beaucoup cru à cette fusion et à ce qu'elle pouvait apporter à vous-mêmes en termes de carrières, à nos clients grâce à de nouveaux services et à nos actionnaires. [...] Toutefois, les difficultés encore à surmonter, ajoutées à la lenteur du processus, ont créé un niveau d'incertitude préjudiciable aux intérêts des deux groupes, de leurs salariés, de leurs clients et de leurs actionnaires, explique-t-il. Nous avons donc décidé, d'un commun accord, de poursuivre notre route de manière indépendante. Nous resterons, bien sûr, concurrents tout en conservant l'un pour l'autre un grand respect. La fin d'une histoire marque souvent un nouveau départ», résume Maurice Lévy.

Lorsque le projet de fusion, prévu pour aboutir début 2014, avait commencé à prendre du retard, le président du directoire de Publicis et le directeur général d'Omnicom avaient invoqué des retards réglementaires et des problèmes fiscaux.

Cavalier seul

Interrogé par BFM TV sur l'échec de cette fusion, Maurice Lévy a assuré que Publicis ne chercherait pas de nouvel allié pour faire face aux défis d'Internet. «Nous allons faire des acquisitions, nous allons nous développer, [...] nous allons investir dans le big data de manière plus massive que prévu initialement, nous allons faire des choix stratégiques qui vont nous amener à modifier les équilibres de nos investissements», a-t-il indiqué.

Le patron historique de Publicis, qui pensait clore sa carrière sur ce coup d'éclat, a reconnu que revenir en arrière dans le projet de fusion entre son groupe, numéro trois mondial de la publicité, et le numéro deux Omnicom, était «très désagréable».

Pas d'accord sur le management

Quant aux cause de cet échec, Maurice Lévy explique que les deux groupes ne sont «pas parvenus à s'entendre sur l'équilibre de l'équipe de management». Les deux groupes étaient notamment en désaccord sur le nom du futur chef de la direction financière: Publicis voulait que ce soit le sien, Jean-Michel Etienne, alors qu'Omnicom proposait son propre directeur financier Randall Weisenburger, croyait savoir le journal.
Le nouvel ensemble, qui devait être baptisé Publicis Omnicom Group et dont le capital devait être partagé à 50-50 entre les actionnaires des deux sociétés, devait être codirigé par les deux patrons actuels. Le patron français a déploré que l'accord entre égaux n'ait pas pu être respecté et que cet «équilibre rompu» était la «véritable barrière» à la fusion qui devait initialement aboutir début 2014 et avait été reportée à plusieurs reprises.

Maurice Lévy reste président de Publicis jusque fin 2015

Maurice Lévy, 72 ans, président du directoire de Publicis depuis 1987, a précisé à l'AFP son intention de rester à la tête du groupe. «Je n'ai pas l'impression d'avoir été affaibli, même si je suis extrêmement déçu. Je resterai jusqu'à la fin de mon mandat qui se termine le 31 décembre 2015. Si je pensais avoir mal fait quelque chose, j'aurais pu décider de partir. Mais nous n'avons rien fait de mal du côté de Publicis. Je suis extrêmement positif concernant notre équipe, et le «board» de Publicis est positif me concernant» a-t-il ajouté.

 

 

A lire : notre dossier spécial sur la fusion Publicis - Omnicom

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