Création
Chaque mois, un(e) directeur(rice) de création nous confie ses sources d'inspiration. Ce mois-ci, Benjamin Marchal, codirecteur de création de Fred & Farid Paris.

Inspiration

 

Ma culture graphique et typographique vient surtout du vinyle. Ayant travaillé plusieurs années dans un magasin de disques quand j'étais plus jeune, j'ai passé pas mal de temps à regarder les pochettes d'album. J'ai découvert toutes les époques et les cultures musicales qui m'inspirent encore aujourd'hui. Sinon, plus généralement, je suis un fondu de cinéma, sous toutes ses formes. Cela va de Charlie Kaufman au cinéma coréen par exemple. Le premier allie la générosité, l'entertainment américain à l'intelligence et la subtilité française. Le cinéma coréen, lui, est plus dur, enfin, surtout plus violent et sincère que ce qu'on a l'habitude de voir. Il ne s'interdit rien. La violence du langage le rend plus brut, plus vrai. Comme Old Boy de Chan-wook Park, par exemple. Sinon, j'aime aussi me plonger dans les classiques comme les Monthy Python ou les Simpson. Ce sont des sources d'inspirations intarissables. Leur humour est acide mais on s'attache tout de même profondément aux personnages. D'un point de vue des procédés graphiques, je me plonge souvent dans les univers des avant-gardistes comme le Sud-Africain Neill Blomkamp, qui a réalisé District 9 et  Chappie ou l'indépendant Robert Rodriguez. A l'époque, c'était du jamais vu!


International

 

Mon coup de cœur n'est pas une publicité ou un film, ni même un lieu, mais un domaine: les cinématiques de jeux vidéo, ces courts-métrages publicitaires de présentation des jeux. Aujourd'hui, Hollywood est mort. Il n'y a plus de vraies idées de films. Les producteurs mettent tout dans les effets spéciaux. Les vrais bons scénaristes, les vrais bons graphistes sont dans les boîtes de jeux vidéo. La 3D est de plus en plus performante, mais les scénaristes se surpassent aussi ! Ils vous tiennent en haleine, créent des scénarii complexes, qui évoluent en fonction de ce que vous faites. Avec des profils psychologiques de personnages beaucoup plus travaillés et détaillés que dans les films. Dans la réalisation, les graphismes, les mouvements de caméra, les créateurs arrivent à parler au cortex reptilien, à être dans l'émotionnel. Ils jouent avec la culture «zombie» de Zack Snyder dans Dawn of the dead ou celle de Georges A. Romero [La Nuit des morts-vivants]. Tout ça se retrouve dans les courts-métrages de présentation qui sont des réussites ! C'est une vraie source d'inspiration artistique pour moi.

Culte

 

Ma publicité culte date de 1999. Il s'agit du «Surfer» de Guinness, réalisée par Jonathan Glazer de l'agence AMV BBDO et qui a gagné énormément de prix. Ce qui est ahurissant dans cette publicité, c'est la réalisation. L'idée de départ – le surfeur qui attend la vague – est assez simple, mais répond parfaitement à un vrai insight consommateur pour la marque Guinness. Mais quand on voit le film, on hallucine. Tout est puissant. Au niveau du son, de la musique – hyper précurseur avec une seule basse qui fait les deux mêmes notes tout le temps –, la voix off, les effets spéciaux avec les chevaux sur les vagues, le casting, la photo. N'oublions pas qu'on est en 4/3! Et tout ça en noir et blanc! Le premier plan, qui dure sur le visage du surfeur, les hommes qui se jettent dans les vagues, le suivi de plans arrêtés avec ce silence assourdissant! Et le shot du produit à la fin, qui fait écho au plan du début, très long. Quel annonceur oserait faire ça aujourd'hui? Quelle agence oserait présenter ça à son client? De nos jours, on s'interdit de faire des films comme ça, même si on rêve tous de s'y élever. Alors que pourtant, ce sont ces films-là qui nous donnent envie de faire ce métier. Ce n'est pas loin de l'art.

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