Agences
Rapprochement de Marcel et Blue 449, de DigitasLBi et Razorfish, création d’une entité data à Bastille… Agathe Bousquet, présidente de Publicis Groupe en France, dévoile en exclusivité à Stratégies son plan d’action pour 2018.

Quel bilan tirez-vous de ces quatre premiers mois à la tête de Publicis France?   

Agathe Bousquet. Arthur Sadoun m’a demandé de rejoindre Publicis pour réinventer ce métier. Le mouvement était déjà lancé, la stratégie du Power of One date de 2015, mais depuis mon arrivée, nous avons beaucoup transformé. Nous avons désormais un P&L unique pour la France, un Comex qui réunit chaque semaine les patrons des solutions Communications, Media, Sapient et Health et une direction du New Business transversale. Nous avons renforcé le collectif, et l’esprit de conquête est là, comme en témoignent le renouvellement du budget emblématique de L’Oréal, ou récemment, le gain de Essilor, grâce à l’union de DigitasLBi et Publicis Conseil.

Quelles seront les lignes directrices en 2018?

En 2018, nous devons rester concentrés sur notre stratégie et nos clients. Ce sont eux le point de départ de notre transformation. Ils sont face à des habitudes de consommateurs qui changent et nous devons les accompagner en étant toujours plus un allié stratégique et une plateforme de services qui agit comme un ensemble uni. C’est pour cela que nous structurons des offres communes, que nous rapprochons les agences et que nous renforçons celles qui en ont le plus besoin. Notre principale force aujourd’hui, c’est notre manière d’agir. Publicis en France, c’est le troisième marché du groupe et le premier à adopter le management par pays, nous devons être exemplaires. Donc, nous prenons les sujets un par un et nous les prenons ensemble.

Vous avez décidé de rapprocher Marcel et Blue 449, quel est l’objectif?

Agences créatives et médias ont vocation à travailler main dans la main, d’ailleurs le travail en commun s’accélère partout, avec la data au centre de nos recommandations. Marcel et Blue 449 sont proches depuis toujours, elles ont un ADN social et une forte culture de l’agilité et de la créativité. Elles ont la volonté de se rapprocher dès le premier trimestre 2018 pour proposer une approche nouvelle à nos clients. Le P&L unique le favorise.

Dans le cadre du déploiement de la marque Publicis.Sapient, vous allez aussi rapprocher DigitasLBi et Razorfish…

Sapient a été une acquisition essentielle qui a permis au groupe d’acquérir des capacités uniques en termes de transformation business et technologique. En France, Sapient a connu un fort développement en 2017 et nous allons le soutenir. Nous allons rapprocher, au premier semestre, DigitasLBi et Razorfish et rassembler leurs 650 talents sur le site de Bastille sous la marque Publicis.Sapient et sous la codirection de Véronique Beaumont et Antoine Pabst. Nous clarifions ainsi notre offre digitale en France, en adoptant pleinement l’organisation Sapient qui a fait ses preuves dans le monde : des responsables commerciaux par secteurs qui s’appuient sur des stratèges, des créatifs, des experts technos et des managers de projets. Cet ensemble s’appuiera sur deux offres commerciales : le conseil en transformation digitale avec Sapient Consulting et l’expérience digitale avec Sapient Razorfish.

En termes de contenus aussi, vous passez à l’offensive…

Les contenus des marques proviennent de toutes nos agences, qu’elles soient créatives, médias ou digitales. Nous renforçons aussi une offre pure player au cœur du groupe, Everyday Content, qui conjugue nos expertises éditoriales, notamment les 70 journalistes de RelaxNews, avec nos capacités de production. Au sein d’Everyday Content, nous disposons d’une Content Factory qui a produit près de 7 000 images et 1 200 vidéos sur les six derniers mois et nous venons d’ouvrir deux  nouveaux studios dédiés à Instagram et YouTube à Aubervilliers. Notre priorité est de produire tous les jours des contenus pertinents, intégrant la spécificité des réseaux sociaux, avec une immense agilité.

Quelle sera la stratégie du groupe sur le sujet de la data?

D’abord, sur le fond, la data appartient à nos clients. Nous sommes  là pour l’enrichir, pour l’utiliser, pour créer des parcours clients efficaces, pas pour la posséder. En pratique, nous sommes très sollicités par nos clients sur leur bonne stratégie data et nos experts sont partout dans nos agences. Nous avons décidé de rassembler 90 d’entre eux à Bastille en février prochain pour créer un « one stop shop data ». Cette structure sera le point d’entrée de la communauté- Spine annoncée par le groupe dans le monde. Ce sera un plus pour nos clients et en interne.

Vous avez aussi décidé d’une nouvelle organisation dans la gestion des clients grands comptes…

Lundi 18 décembre, nous avons nommé, en France, 70 top client leaders. Il existe au niveau mondial des global client leaders, nous transposons ce modèle à l’échelle française, avec toujours l’idée de faire travailler ensemble les disciplines. Dans un monde qui évolue en permanence, notre modèle nous permet d’être un allié stratégique pour nos clients en accompagnant leur transformation marketing grâce à nos créations, nos datas et nos médias, et leur transformation business grâce à nos capacités digitales et technologiques. Publicis n’est pas un groupe publicitaire comme les autres.

Lors des vœux 2018, Arthur Sadoun et Maurice Lévy se sont amusés avec un mug «C’est qui le boss?», comment se répartissent-ils les rôles?

Arthur dirige le groupe, Maurice préside le conseil de surveillance. Je suis frappée par la confiance, la complicité et la clarté dans leur relation. J’ai ressenti cette même clarté sur mon rôle en arrivant. 

J’échange avec Arthur Sadoun tous les jours et 90 % de nos conversations portent sur nos clients. Il est à la fois hyperactif et hyperattentif, ce qui est rare. J’ai aussi la chance de voir souvent Maurice Lévy qui connaît bien nos talents et nos clients. Il est là pour nous et, si j’osais, je dirais que c’est le meilleur consultant du groupe !

Quelle est la place de Publicis Consultants dans l’offre du groupe?

Si ma première décision a été de nommer Clément Léonarduzzi à la tête de Publicis Consultants, ce n’est pas un hasard. Publicis Consultants doit être une agence forte et l’objectif est de la redynamiser après des difficultés ces dernières années. Les premiers résultats se font déjà sentir à travers des gains de budgets et une bonne dynamique du collectif en interne. Cette offre est centrale dans le groupe et en pleine renaissance.

Publicis Media a fusionné récemment ses départements analyse et techno. Quels bénéfices attendez-vous de ce rapprochement?

Gautier Picquet a orchestré la fusion de ces deux agences, avec pour but de proposer aux clients une vision à la fois globale et précise sur la data. Cette offre va intégrer pleinement la communauté des experts data de Bastille.

Comment faites-vous face à la concurrence des acteurs du conseil et des Gafa?

Il ne faut ni occulter cette concurrence ni être alarmistes. Facebook et Google sont d’abord des partenaires pour nos agences et il nous arrive de nouer des partenariats avec les acteurs du conseil quand c’est dans l’intérêt de nos clients. Par ailleurs, ce ne sont jamais nos concurrents sur des pitchs création ou média. Là encore, nous réussirons si nous sommes le partenaire indispensable de la transformation de nos clients et si nous attirons les meilleurs dans toutes les disciplines média, création, data et techno.

Des réductions d’effectifs sont-elles prévues?

Non. On parle beaucoup de transformation technologique, mais c’est également une transformation culturelle et nous avons besoin de nouveaux profils et de nouvelles compétences. Nous devons donc à la fois attirer de nouveaux talents mais aussi réaliser un effort spécifique pour former les femmes et les hommes du groupe. Nous comptons démultiplier les formations communes et transversales à toutes nos agences et solutions. C’est l’une des priorités en matière de ressources humaines en 2018, notamment auprès du middle management qui sera un véritable moteur pour notre transformation.

Pouvez-vous nous en dire plus sur la plateforme Marcel, qui sera lancée à l’occasion de Vivatech?

Marcel sera la première plateforme du secteur à relier 80 000 talents dans 130 pays, pour mettre le Power of One à portée de main des salariés, au sens propre comme au figuré. À la clé, il y aura la possibilité d’échanger des insights, des idées créatives, de connecter des clients avec les experts pertinents… C’est l’outil de la réinvention du métier « by Publicis ».

Après une année sans, vous allez revenir aux Cannes Lions en 2019?

Oui, nous serons de retour à Cannes, mais dans un cadre qui aura évolué et qui devrait coûter moins cher à la profession. Publicis, en tant que leader, a posé certains sujets sur la table et c’est utile. Mais nous y serons en 2019, comme en 2017 et les années précédentes et je suis sûre que nous n’aurons pas perdu le mode d’emploi. Nous aimons ce métier car nous aimons la création. 

Le nouveau Comex de Publicis France

Depuis son entrée en fonction en tant que présidente du groupe en France, Agathe Bousquet s’appuie sur un Comité exécutif composé de neuf membres qui n’avait encore jamais été dévoilé : Christian Verger et Nicolas Zunz (co-CEO de Publicis Communications), Gautier Picquet (CEO de Publicis Media), Véronique Beaumont et Antoine Pabst (co-CEO de Publicis.Sapient), Laurence Meyer (CEO de Publicis Health), Dominique Leclerc (directeur financier de Publicis Groupe en France), Jérôme Martel (directeur du développement de Publicis Groupe en France) et Marie-Claude Mayer (conseillère RH/talents). Dans ce cadre, Jérôme Martel se voit confier la direction transversale du new biz tandis que Dominique Leclerc a pour mission de piloter une direction financière unique.

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