Dossier Nouveaux modèles d'agences
L’agence de communication corporate a tenté l’holacratie avant de faire marche arrière, tout en en gardant quelques convictions sur le recrutement des jeunes diplômés.

L’holacratie, ce modèle d’entreprise sans hiérarchie, a déjà tenté plusieurs agences de communication, comme Sidièse et Human to Human. Mais les retours d’expérience tempèrent l’enthousiasme des débuts. La deuxième, agence de veille d’opinion sur internet du groupe Hopscotch, a mis fin au système au bout d’un an, dépassée par la lourdeur des procédures. « L’holacratie, née dans des boîtes de développement, est adaptée à des structures où l’on documente toutes les étapes d’un projet. Mais dans nos métiers, renseigner chaque décision dans une plateforme est très chronophage, et le fait de dépersonnaliser les relations en parlant de “rôles” ne tient pas compte de la dimension humaine », constate Philippe Alberola, directeur associé. Un comble quand on se nomme Human to Human.

Chasse aux « slasheurs »

Pour autant, la démarche consistant à renverser l’ordre pyramidal des organisations reste valable. « Le modèle de l’entreprise patriarcale, c’est terminé. Particulièrement dans la communication, où le rite initiatique des nocturnes et des charrettes n’est plus accepté par les jeunes générations. Elles veulent une entreprise qui a du sens et les fait grandir », complète son homologue, Fabien Contino. Pour les employeurs, l’enjeu est de fidéliser des jeunes diplômés « slasheurs », consultants le jour, musiciens ou podcasteurs le soir, qui ne veulent pas tout sacrifier pour leur job. « Il faut les impliquer dans les décisions et les faire évoluer dans le respect du travail accompli, d’autant que le digital ne s’arrête jamais », souligne Philippe Alberola.

Pour les clients de l’agence, c’est l’assurance d’avoir des interlocuteurs au fait des mouvements de la société. « Quand on parle d’opinion, il faut suivre les sujets d’économie circulaire ou de smart city, pouvoir expliquer l’affaire Cambridge Analytica impliquant Facebook ou les enjeux de l’intelligence artificielle. Les annonceurs ont besoin de cette ouverture. Nous devons être une plateforme pour eux et leur simplifier la vie », décrit Philippe Alberola.

Hastivism

Née aux débuts du web social en 2003, autour de Jérôme Wallut et Rémi Guilbert, partis depuis vers d’autres horizons, Human to Human s’est adaptée à l’irruption des réseaux sociaux, en se méfiant des phénomènes de mode. « Avec Facebook et Twitter, les entreprises sont en état de siège permanent. On parle de “hastivism”, la mobilisation a minima via des hashtags. Mais il faut savoir séparer l’écume d’un mécontentement structurel », explique Fabien Contino. Plutôt que de recommander une communication tous azimuts sur les réseaux à la mode, Instagram ou Snapchat (« On est agnostique sur la technologie », résume Philippe Alberola), l’agence aide ses clients à gérer leur image de marque sur le long terme. Sa marge brute est de 2,3 millions d’euros pour une vingtaine de personnes, avec des budgets comme RATP, Aéroport de Paris, Vinci, Kering…

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