Grandes causes
Marcel lance une campagne de sensibilisation sur la surdité en association avec l’Institut national de jeunes sourds (INJS). Par l'intermédiaire de l'album S.O.U.R.D mis en ligne sur Spotify, l'agence tente de mobiliser les personnes valides en les invitant à se mettre à la place de ceux qui n'entendent pas.

Les agences qui s’engagent sur le front de l’associatif, ce n’est pas ce qui manque. En revanche, des agences qui agissent bénévolement, c’est assez rare. Spontanément, l’agence Marcel s’est ainsi donné pour mission d’être le porte-voix des personnes sourdes. En France, neuf enfants sourds sur dix sont équipés de prothèses auditives. Mais malgré les avancées technologiques, ces appareils ne leur permettent pas d’entendre la musique. « Il y a des sujets par rapport à la surdité qui nécessitent des actions. Au niveau national, des initiatives ont été mises en place, mais c’était il y a dix ans », regrette Frédéric Brossier, porte-parole de l’Institut national de jeunes sourds (INJS).

Basses fréquences

À la suite d'une recommandation interne, l’agence Marcel se rapproche de l’INJS pour leur proposer une collaboration sur laquelle ils ont imaginé une campagne originale : composer un album de sept titres, tous vides de son mais lourds de sens. Elle s'appuie sur le principe de la collecte de fonds interactive réalisée en 2011 par Greenpeace pour la reconstruction du bateau New Rainbow Warrior. « On s’est demandé comment permettre de faire des dons sans sortir son porte-monnaie, tout en générant assez de volume pour que le don ait du sens », explique le directeur de création Rémy Aboukrat. 

Mais, pour ce qui est de l'expression créative, un problème se pose : comment émettre du bruit reconnaissable par les personnes atteintes de surdité ? L’Institut a donc fait appel à l’ingénieur du son Damien Quintard, fondateur de The Mono Company et Sound X. Sensibilisé au handicap, il a développé un système sonore inclusif pour les personnes handicapées. « J’ai remasterisé des basses fréquences pour faire en sorte qu’ils les ressentent au travers de vibrations. Les basses et les aigus ont été affinés, et j’ai juxtaposé un bruit blanc pour alléger le tout », raconte dans un jargon très précis Damien Quintard.

Une lecture, un don

La mobilisation va encore plus loin puisque l’album est disponible sur la plateforme Spotify. « Elle est l’une des premières plateformes en France où les utilisateurs ont à 50% moins de 25 ans. Une cible intéressante puisqu’au vu des statistiques, les jeunes se sentent fortement concernés par les causes en tous genres », pointe le directeur de création. L’agence a mis en place une écoute intelligente. Chaque morceau lu est automatiquement converti en don. « Certaines plateformes de musique rémunèrent les artistes, dont Spotify, où une écoute vaut environ 0,0033 centimes d’euros. En jouant l’album en boucle la nuit, ça équivaut environ à 900 écoutes fois 0,0033 euros ce qui donne moins de 5 euros, en n'ayant rien fait », détaille Rémy Aboukrat. Ingénieux. Depuis la publication de l’album il y a une semaine, 100 000 écoutes ont été comptabilisées. « Nous ne sommes pas prêts de retirer l’album de la plateforme. Et pour aller plus loin, nous essayons de rallier à la cause des personnes en dehors de la pub et de la com. » En contactant notamment les chanteurs Grégoire et Florent Pagny qui se sont déjà essayés à la langue des signes, sans oublier Louane, l’actrice de La Famille Bélier… À quand le second album ?

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