Témoignage
Comment l'agence Orès, basée à Lille, Shanghai, Ho Chi Minh et Montréal, fait-elle face à la crise ? Ses deux dirigeants, Thomas Bevilacqua et Nicolas Guittard, se livrent sans détour.

«Notre chance est d’avoir pu anticiper, par le biais de notre bureau à Shanghai qui a lui été pris de court, l’arrivée de la crise en France où oeuvrent près de 50 de nos salariés sur les 80 que compte l’agence avec, outre une vingtaine de collaborateurs à Shanghai, une dizaine de personnes à Ho Chi Minh et deux personnes à Montréal. Deux semaines avant que l’épidémie de Covid-19 prenne de l’ampleur en France, on s’est rendu à l’évidence d’un confinement. Dès le lendemain de l’annonce faite par Emmanuel Macron, nous étions donc en ordre de bataille avec la possibilité pour nos équipes de travailler depuis leur domicile grâce à un VPN et d’accéder à nos serveurs.

Jusque-là, le télétravail restait très épisodique. Mais dans la mesure où les trois quarts de nos effectifs sont des créatifs, cela ne pose pas de problème majeur. Au contraire, cette crise met en lumière des effets bénéfiques en termes d’efficacité et d’agilité de même que le confort que peuvent y trouver certains en termes de concentration. Et même si on constate la difficulté de travailler dans de telles conditions à l’heure d’aborder plusieurs appels d’offres, tout ceci nous fait réfléchir quant à la place du télétravail dans l’agence une fois la crise passée.

Une autre décision importante que nous avons prise a été de couvrir 100% des salaires. Nous n’avons d’ailleurs pas dû avoir recours jusqu’ici au chômage pour les équipes créatives, qui représentent le gros de nos métiers. À l’inverse, les équipes commerciales et production sont directement touchées. Mais cela ne nous empêche pas de faire preuve d’inventivité pour satisaire les clients. Nous avons par exemple réussi à organiser un shooting photo en livestreaming pour le compte de Pimkie. C’était une première et cela a parfaitement fonctionné puisque le client pouvait sélectionner en temps réel depuis Lille les contenus shootés en Chine afin d’alimenter le volet e-commerce de la marque.

Notre autre chance, c’est également d’être sur une dynamique de croissance annuelle de l’ordre de 30% et d’avoir très bien fini l’année 2019 avec un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros et plusieurs gains importants. La crise actuelle va évidemment avoir un impact sur notre activité et beaucoup de questions entourent l’ampleur des dégâts pour les différents secteurs d’activité. Mais nous ne sommes pas inquiets. On s’attend certes à des pertes si la crise dure mais pas de quoi mettre durablement en danger le modèle de l’agence. On remarque d’ailleurs que l’activité reprend progressivement puisque nous avons été briefés cette semaine sur deux nouvelles compétitions. C’est un signe d’espoir.»

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