Marketing digital
L’IAB et le Collectif pour les acteurs du marketing digital ont interrogé leurs adhérents pour mesurer l’étendue des dégâts de la crise économique, et leurs appréhensions pour la suite. Si le secteur est bien armé, il ne sera pourtant pas épargné.

L’expression est éloquente : « Nous sommes dans l’œil du cyclone », décrit François Deltour, PDG d'Effinity et président du Collectif pour les acteurs du marketing digital (ex CPA). L’IAB et le Collectif pour les acteurs du marketing digital ont, chacun, interrogé leurs adhérents, et mis en commun leurs résultats. Le sondage, réalisé un mois après les mesures de confinement à la suite de la pandémie de Covid-19, regroupe plus de 100 entreprises françaises allant de l’éditeur au spécialiste de l’affiliation. « Tout le monde a été gravement touché au mois de mars, avec un repli d’activité de l’ordre de 30 à 40 % au minimum, continue François Deltour. Fin avril-début mai, les choses se calment. La consommation et les entreprises sont protégées par les mesures prises par l’État. Elles vont limiter certains dégâts. Mais nous avons peur pour cet été et septembre. »

Un monde sans croissance

Le déconfinement et la fin brutale des aides ne sera pas pour autant synonyme de retour à la normale. « Il faut comprendre que tout le monde est en train de s’habituer à une nouvelle réalité économique, ajoute Nicolas Rieul, DG France de Criteo et nouveau président de l’IAB. Au départ, toute le monde pensait que ce serait une parenthèse et s’attendait à une reprise dès la fin de confinement. Mais on se rend bien compte que ce sera beaucoup plus compliqué que cela. Qu’il faudra vivre avec le risque de pandémie, et donc une reprise partielle des activités. On va devoir vivre avec la crise économique et dans un monde sans croissance. Tout le monde fera très attention et c’est cela qui crée des risques. »

Touché dès la première semaine de confinement, le secteur de la tech a vu en moyenne une baisse d’activité de 32 % en mars et de 40% en avril. « Les premières fonctions touchées ont été les fonctions commerciales, puis peu à peu, ceux qui opèrent les campagnes » relate Nicolas Rieul. Face à cela, les entreprises ont réagi pour sauver leur trésorerie. D’abord le chômage partiel, mis en place par 50 %, puis très vite par 75 % des entreprises interrogées, ensuite, le report des charges sociales effectué pour 50 % des patrons interrogés, enfin, 40 % des acteurs ont fait une demande de prêt garanti par l’État. Au total, 30 % des chefs d’entreprises s’inquiètent sur leur capacité à maintenir les effectifs dans les mois qui viennent. 33 % craignent un manque de trésorerie, et 7 % ont peur d’une faillite. « Un autre point d’angoisse pour 43 % des entreprises interrogées concerne la baisse d’implication et de motivation des équipes à la longue », ajoute François Deltour. « Le moral des équipes va être très important. C’est pour cela qu’il faut arrêter de regarder les comparatifs par rapport aux années précédentes. Il ne veut rien dire. Passer de –30% à –20% sera peut-être une belle performance dans ce contexte. » Surtout qu’il ne faut pas oublier que dans cet océan d’inquiétude, le numérique a une forte carte à jouer. Changement des habitudes de consommation, baisse des déplacements et hausse du e-commerce ou du clic and collect... « Nous ne sommes pas les plus mal lotis » tempère François Deltour. Ce qui ne signifie pas pour autant un avenir radieux.

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