[Tribune] Parce qu'il ne connait ni l'empathie, ni la créativité, ChatGPT peut bien rédiger un communiqué de presse, mais le résultat sera loin d'être à la hauteur de ce que peut faire un être humain.

L’interface déconcerte par son accessibilité et sa simplicité. Un design simple, limpide et épuré. En haut à gauche, le sésame s’offre à nous «+ New Chat». Difficile de ne pas résister à la tentation de tomber dans le terrier. Une question, n’importe laquelle. Quelques secondes plus tard, la réponse ne tarde à venir. Certes, les imprécisions et incohérences demeurent. Les poncifs sont là. Mais tant la syntaxe que la structuration des idées impressionnent. La fluidité et la pédagogie dont fait preuve ChatGPT en fait le meilleur prof que vous pourrez avoir. Face à cette puissance technologique (dont nous ne sommes qu’aux prémices), une question interpelle pour nous autres, experts de la communication : est-ce que les communicants n’auront bientôt plus de travail ?

Demandez à ChatGPT un communiqué de presse sur le lancement d’un nouveau produit, il vous en proposera une version imparfaite mais correcte après quelques itérations. Demandez à ChatGPT de déployer un argumentaire contre un projet industriel à fort impact environnemental, rien de plus facile. Une tribune pour défendre les avantages de l’avion à hydrogène ? C’est dans la boîte, en moins d’une minute. Ou encore lui demander ce que les «Français pensent du nucléaire». Ça aussi, c’est possible.

Un facilitateur

Au-delà de la possibilité d’obsolescence du métier de communicant, surtout au niveau opérationnel, d’aucuns y voient d’ores et déjà un facilitateur. Béquille psychologique ou accélérateur de flemme. Dans les deux cas, ChatGPT vient ainsi combler un manque d’inspiration potentiel ou bien aider au déblocage syntaxique d’une phrase alambiquée. Pourtant, être un bon communicant ne se résume pas à bien manier le verbe, la grammaire et la syntaxe pour rédiger un beau discours inspirant.

Être un bon communicant, c’est quoi ? Plusieurs choses assurément. Déjà, c’est savoir anticiper, comprendre, analyser et sentir l’époque. Faire mouche au bon moment. Rebondir sur l’actualité. C’est aussi faire preuve de subtilité et de finesse. L’humain détient, a minima, cette faculté supérieure que la machine n’aura jamais : l’empathie. Pour un communicant, il s’agit-là de la clef de voûte de sa puissance. Se glisser, même quelques instants, dans la peau de l’autre, de celui qui va dire et de celui qui va recevoir. L’empathie est un volet essentiel du métier de communicant qu’aucune machine ne pourra remplacer.

L’antithèse parfaite de ChatGPT

Le deuxième volet essentiel du métier de communicant est la créativité. Elle est le réacteur de la fusée. La perle dans l’huître, ce qui fait le sel du métier. En effet, l’objectif de tout communicant est d’utiliser sa créativité pour mettre en place une stratégie de communication qui touche sa cible et remplisse ses objectifs. C’est bien là l’antithèse parfaite de ChatGPT qui n’existe que par la somme d’expériences passées et donc, un niveau de créativité proche de 0.

Demandez donc à ChatGPT de rédiger un «communiqué» de défense pour Buitoni empêtré dans sa crise ou encore des idées de stratégie pour redorer l’image d’Amazon en France. Vous verrez que le résultat sera vague au mieux, creux surtout : ni créatif, ni empathique. Nulle machine, aussi douée soit-elle, ne pourra se substituer à ce faisceau créateur et cette machine à empathie que sont les êtres humains, et donc les communicants. Alors personne ne sait à quoi ressemblera ChatGPT dans 10 ans mais une chose est sûre : non il ne remplacera pas le communicant !

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