Tribune

La réalisation d’espaces marchands est responsable d’une empreinte écologique élevée. Il devient alors primordial d’intégrer cette problématique dans le processus de réflexion créative avant même la conception et la réalisation.

Il y a deux ans, ce cheval de bataille était encore sauvage, difficile à monter. Aujourd’hui, tous, agences et annonceurs, souhaitent montrer cet étendard vert. Le greenwashing reste présent, mais cela va en s’atténuant, le consommateur n’est pas dupe. Et la problématique écologique est bien présente ; on ne peut plus se mentir.

Tout comme il existe un devoir de citoyen, il existe un devoir de designer. Dans chaque réflexion créative, le designer devrait intégrer les 4 R : réduire, réutiliser, recycler et refuser. A chaque étape, du dessin à la réalisation, il convient également de se demander : est-ce bénéfique ou sans impact pour l’environnement ?

Le rôle des agences de design n’est plus uniquement de donner une réponse créative à un brief, mais celui d’anticiper, d’agréger des experts afin d’accompagner au mieux leurs clients pour concevoir plus respectueusement.

Nous, designers, sommes engagés, investis et préoccupés

Nous avons le devoir et la responsabilité de concevoir des espaces, des objets et mobiliers durables dont l’empreinte soit la plus positive possible et la plus responsable pour nos générations futures.

Cela demande d’aborder la problématique sous un angle différent, cela demande aussi de la retenue… Il faut oser, se questionner, sortir de sa zone de confort, faire des choix, quitte à renoncer. Pour nous aider, une multitude de nouveaux matériaux apparaissent : ils sont issus de la mer (coquilles d’huitre, de moule, des algues), de déchets organiques (peau d’orange, marc de café…), de champignons, de déchets textiles... Certains ne sont pas encore applicables dans les projets d’ERP (établissement recevant du public), d’autres sont encore très coûteux mais cela reste positif. Au fur et à mesure, le colibri fait son nid. La diversité est telle, dans ces nouveaux matériaux, que cela offre un champ des possibles infini, une richesse créative extraordinaire, un terrain de jeux fantastique pour les designers.

Et le végétal dans l’espace intérieur ? Frénésie ! Nous avons toujours eu besoin de rester connecter à la nature, et ce bien avant la période covid. Cependant, maintenir de vraies plantes en vie en intérieur a un coût et demande de l’entretien, alors s’offre à nous une solution : installer des plantes en plastiques ou stabilisées. Pourquoi utiliser du vrai si on peut avoir de l’artificiel ? L’être humain, encore une fois, n’est pas dupe, il ne souhaite plus être en contact avec de l’artificiel, il est en attente d’authenticité, comme dans ses relations. Même si la plante artificielle est fabriquée à partir de matières écologiques, cette flore artificielle a un impact carbone. Devrions-nous continuer à créer et à utiliser du faux pour remplacer le réel si celui-ci est néfaste ? Là aussi, il faut appliquer son devoir de retenu…

Des alternatives s’offrent à nous. En effet, le végétal peut être présent autrement : par l’illustration, la photo grand format, l’odeur, la couleur, la matière ; qui eux aussi, allez-vous dire, ont une empreinte carbone. Alors que faire pour ne pas tomber dans l’immobilisme du lapin pris dans les phares d’une voiture ? Aujourd’hui, faire au mieux, analyser, peser le pour et le contre et ne pas se retenir d’imaginer pour que l’avenir soit joyeux et bienveillant.

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