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Véronique Reille-Soult, présidente du cabinet Backbone consulting, revient sur les grands sujets qui ont marqué l'actualité cette semaine.

Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle par rapport aux estimations des sondages, compte tenu de l’abstention.

Objectivement, les résultats ne sont pas si suprenants que ça, à l'exception de ceux de certains candidats. Le clivage classique se confirme de nouveau. Il était difficile d'imaginer que Valérie Pécresse fasse un score aussi bas et il n'était pas impossible que Marine Le Pen se retrouve face à Jean-Luc Mélenchon. 26% des électeurs se sont décidés dans la semaine avant l'élection et 13%, le week-end du premier tour. Pas mal d'électeurs de Valérie Pécresse ont donc opté pour le vote utile. Cette notion d'utilité du vote Macron a d'ailleurs été plus importante que ce que l'on a imaginé. Au premier tour d'une élection, l'électeur choisit. Au second tour, il élimine. Ici, les électeurs, à l'exception de ceux de Jean-Luc Mélenchon, étaient déjà dans une logique de second tour. Pour ce qui est de l'abstention, globalement nous n'avons pas été surpris, même si elle était moins importante que ce qu'on avait évalué. 

Le rôle des réseaux sociaux dans la mobilisation de l’électorat.

Être sur les réseaux sociaux est indispensable, mais la vraie difficulté est souvent de réussir à sortir des algorithmes et de ce fameux entre-soi. L'équipe d'Éric Zemmour a été visible, mais leur mobilisation a plutôt été de l'ordre de l'entre-soi. Celle de Jean-Luc Mélenchon a été la plus frappante, car le candidat de La France Insoumise a toujours su utiliser les bons codes. En revanche, Marine Le Pen et Emmanuel Macron n'ont pas suscité beaucoup d'engagement, bien que le boulot ait été fait par les équipes : les meetings ont, par exemple, été partagés. En politique, nous entendons souvent dire que tout se passe sur les réseaux sociaux, mais ces derniers n'ont pas joué le rôle que l'on attendait et que l'on croyait si fort. 

Emmanuel Macron qui se présente en rassembleur face à l’extrême droite.

Il était assez logique qu’Emmanuel Macron tienne ce discours, mais le fait qu'il ait cité les autres candidats a été étonnant. Cette technique de communication lui permet d'adopter une posture de président de l'ensemble des Français, à l'exception des électeurs de Marine Le Pen. 

Jean-Luc Mélenchon qui appelle explicitement ses électeurs à ne pas voter pour Marine Le Pen.

Le fait qu'il dise, à quatre reprises, de ne pas donner une seule voix à Marine Le Pen est vraiment le grand point de différenciation avec son discours de 2017. Il est resté calme et pondéré. En fin de soirée, il part en disant « adios », comme s'il acceptait la place dans laquelle il se trouve. Le fait de dire aux jeunes que c'est à eux désormais de jouer est un message fort.

Valérie Pécresse, qui réalise le pire score de la Ve République pour la droite républicaine (4,8%) et Yannick Jadot à 4,6%.

L’espace était compliqué à prendre pour elle entre Emmanuel Macron et l’extrême-droite. Ses petites phrases, empruntées notamment à Nicolas Sarkozy, l’on fait passer pour une personne insincère et ont produit ce résultat. À l'approche du premier tour, elle a également subi les conséquences du vote utile. Depuis dimanche, son appel à voter Macron a été un point de cristallisation pour une partie de l’electorat de droite. Elle est ainsi plus elle-même qu'avec ses petites phrases durant sa campagne, qui dans le fond, ne lui ressemblait pas. Quant à Yannick Jadot, son discours n'était ni enflammant ni embarquant. Le soir de l'élection, il s'est orienté logiquement vers les élections législatives, ce qui est une manière de chercher à renflouer les caisses.

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