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Le patron de la 3D et du métavers chez Adobe est un Français, Sébastien Deguy. À l’occasion de la conférence Adobe Max, il revient sur la place que cette technologie est en train de prendre auprès de plus en plus de marques.

Pourquoi cette accélération d’Adobe sur la 3D ?

SÉBASTIEN DEGUY. Lorsqu’Adobe a racheté début 2019 l’entreprise que j’avais créée en 2003, Allegorithmic, spécialisée dans le texturing [la création de textures], on voyait déjà un intérêt croissant pour la 3D d’entreprises extérieures au monde du jeu vidéo, comme BMW, Louis Vuitton, Target ou encore Nike. Ce sont des entreprises qui ont commencé à embrasser les technologies 3D pour des produits physiques. Notre accélération est liée à cette demande. Aujourd’hui, la transformation digitale des entreprises passe par la 3D.

Qu’est-ce que cette technologie leur apporte ?

Selon une étude que nous avons réalisée, les outils de visualisation 3D sur les sites e-commerce permettent un engagement avec le client multiplié par 11 et une baisse du taux de retour. Que ce soit dans le design produit ou dans l’expérience client, les entreprises font de plus en plus appel à la 3D. Actuellement, environ la moitié de notre activité 3D vient d’entreprises qui ne sont pas en lien avec le monde de l’entertainment, beaucoup dans le secteur de la fashion, de l’automobile et des produits bruns [TV, produits audio…], beaucoup moins dans le domaine de l’architecture, plus morcelé.

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N’est-ce pas lié aussi aux perspectives qu’ouvre le métavers ?

Oui, bien sûr, on profite aussi de l’essor du métavers. On le voit avec le partenariat qui a été annoncé entre Adobe et Meta à l’occasion du lancement du casque Quest Pro. Il existe beaucoup d’applications de la réalité virtuelle pour les professionnels, que ce soit pour l’apprentissage ou certaines tâches comme la réparation d’un avion qui peuvent être améliorées grâce à la réalité mixte. Tout cela crée de la demande pour du contenu 3D.

Selon vous, quelle place va prendre le métavers dans les années qui viennent ?

Le CEO d’Adobe, Shantanu Narayen, a dit un jour : “On a tendance à surestimer l’impact des innovations à court terme mais à les sous-estimer sur le temps long”. C’est le cas du métavers. Peu importe la forme que le métavers prendra, qu’il existe sous ce nom-là ou sous un autre, c’est une révolution inévitable dont le contenu sera 3D. Si, comme je le pense, on le considère comme des expériences sociales, connectées et persistantes [qui continuent même lorsque l’on n’est pas connecté], alors le métavers existe déjà. Les MMO [jeux en ligne massivement multijoueurs, comme World of Warcraft], Horizon et même Second Life sont des incarnations du métavers, mais fermées. Pour moi, le métavers n’est pas forcément immersif mais la 3D va être de plus en plus centrale dans ce type d’expériences. C’est l’extension 3D d’internet.

Comment voyez-vous l’émergence de plateformes comme Dall-E ou Midjourney ?

Ce type de technologies peut aider dans un processus créatif global. Mais à Adobe, nos contraintes seront toujours la légalité et l’éthique. La légalité, c’est quand une IA apprend sur une base de données, on s’assure qu’on a les droits sur ces images. L’éthique, c’est le fait que l’IA doit être le copilote des créatifs. On est là pour les aider, c’est notre différenciateur, ce n’est pas la jungle.

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