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Le géant de la vente en ligne Amazon a trouvé un accord pour clore deux enquêtes de Bruxelles pour des infractions à la concurrence notamment sur l’usage des données des vendeurs tiers, l’accès à la « Buy Box » et sur le fonctionnement du service Prime.

Pris dans les filets des autorités européennes depuis deux ans, pour deux enquêtes concernant des « inquiétudes » relatives la concurrence, le groupe américain avait proposé en juillet dernier des modifications de ses pratiques afin d’éviter de lourdes amendes. Après plusieurs semaines d’échanges, le 20 décembre 2022, « La Commission a accepté les engagements proposés par Amazon », a annoncé la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, lors d’une conférence de presse. « Maintenant Amazon va disposer de six mois, jusqu’en juin 2023 » pour se mettre en règle, a-t-elle précisé.

« Nous sommes satisfaits d’avoir répondu aux préoccupations de la Commission européenne et d’avoir résolu ces questions, a réagi un porte-parole du distributeur. Bien que nous soyons toujours en désaccord avec plusieurs des conclusions préliminaires de la Commission européenne, nous nous sommes engagés dans une démarche constructive », a-t-il souligné. Notons que tous ces engagements ont fait l’objet de négociations avec la Commission qui a obtenu d’Amazon quelques améliorations.

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Les inquiétudes des autorités européennes visent toutes à réduire les différences de traitement entre les services qu’Amazon offre à ses vendeurs tiers, et pour elle-même. Car la plateforme américaine a un double rôle : elle met à disposition de vendeurs indépendants une place de marché sur laquelle ils peuvent vendre des produits directement aux consommateurs, et elle vend elle-même des produits en tant que détaillant, en concurrence avec ces vendeurs.

Or, la Commission européenne avait ouvert une enquête en juillet 2019, reprochant à Amazon de s’appuyer sur les données commerciales des détaillants indépendants pour calibrer son offre, estimant que cela fausse la concurrence. « Celle-ci prend donc moins de risques que les autres vendeurs, lorsqu’elle lance un nouveau produit » a détaillé Margrethe Vestager. Que ce soit en termes de prix, de positionnement, ou que cela touche même aux caractéristiques du produit directement. Mais la Commission avait ouvert une deuxième enquête en novembre 2020 pour des soupçons de traitement préférentiel des vendeurs utilisant ses services de logistique et de livraison, via son réseau Prime.

Des engagements importants

Pour clore le premier dossier, Amazon s’est notamment engagé « à s’abstenir d’utiliser des données non publiques relatives aux activités des vendeurs indépendants sur sa place de marché, ou tirées de celles-ci, pour ses activités de vente au détail qui sont en concurrence avec ces vendeurs ». Elle ne pourra plus les utiliser à ses fins. Et cela touche tout le personnel d’Amazon.

Concernant la deuxième enquête, le géant a notamment promis, dans le cadre de son programme Prime, de permettre aux vendeurs « de choisir librement n’importe quel transporteur pour leurs services logistiques et de livraison ». Elle offrira également, par exemple, au transporteur de pouvoir contacter directement le client, ce qui n’était pas possible à présent, Amazon s’octroyant le seul canal de contact.

La Buy Box en question

Amazon était également suspecté de parti pris dans l’octroi aux vendeurs de l’accès à la « Buy Box » (boîte d’achat), un bouton permettant aux clients de placer directement des articles dans leur panier et qui met en évidence l’offre d’un vendeur pour un produit choisi. C’est le Graal des vendeurs tiers, et les conditions pour l’obtenir n’ont jamais été très claires, laissant craindre des privilèges à certains et pas à d’autres.

La plateforme s’est engagée à assurer une « égalité de traitement à tous les vendeurs lors du classement de leurs offres aux fins de la sélection du lauréat de la + Buy Box + » et « à afficher une deuxième offre concurrente de celle du lauréat s’il existe une deuxième offre suffisamment différenciée de la première en ce qui concerne le prix ou la livraison ».

Le groupe s’est engagé, en particulier, à introduire un système centralisé de plainte ouvert à tous les vendeurs et transporteurs qui souhaiteraient signaler le non-respect de certaines règles de concurrence.

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