[Edito] Faut-il s’attendrir devant ChatGPT tentant de faire des blagues comme un bambin ? Faut-il trembler du scalp pour son emploi ? Rien ne sert de s’opposer à l'existence de l'IA, puisqu’elle est là. Mais décidons au moins de sa forme.

Le succès indéniable de l’outil ChatGPT rend les connaisseurs dubitatifs, mais envoûte les plus impressionnables. « Il n’a rien de révolutionnaire », tacle le français Yann Le Cun, patron de l’IA de Facebook, estimant que sa technologie existait depuis longtemps. « Mais sa particularité a été de la rendre accessible à tous », répondent en chœur les autres. Quelle meilleure prouesse que l’assentiment du peuple ? Chacun pourra être juge. Faut-il s’attendrir devant ChatGPT tentant de faire des blagues comme un bambin ? S’esclaffer devant les photos de soirées malaisantes de l’outil d’IA Midjourney, qui crée des personnes à six doigts et des sourires à 58 dents ? Faut-il trembler du scalp pour son emploi ? Face aux spectacles de l’arrivée de l’IA, certains tremblent et d’autres rient. Mais derrière le rideau, comme le rappelle Time Magazine, OpenAI, la société éditrice de ChatGPT a exploité des travailleurs kenyans pour deux dollars de l’heure, sous-payés à trier des textes d’une cruauté inhumaine toute la journée. Les photos de Midjourney véhiculent des ados clones des standards de « beauté ». N’oublions pas qu’en 2016, le gouvernement avait testé l’impact de la loi El Khomri sur un outil d’IA, Workism, pour baser sa décision… Oui, l’IA est politique. Rien ne sert de s’opposer à son existence, puisqu’elle est là. Mais décidons au moins de sa forme. La démocratie, ce n’est pas la liberté de choisir son dictateur, mais de décider quelle limite lui imposer.

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