TRIBUNE

[Tribune] Le CES 2023, qui s'est tenu début janvier à Las Vegas, a offert aux visiteurs une approche pour le moins inédite : le sustainable.

Le CES s’est achevé le 8 janvier dernier, donnant à voir, comme chaque année, un flot d’innovations ambitionnant de transformer tout à la fois la ville et la vie. Une fois n’est pas coutume, cette 59e édition du salon international a rassemblé pas moins de 3 200 exposants, dont 1 000 startups, qui nous ont offert de beaux projets. Parmi les tendances majeures, s’il en faut, la mobilité, la santé, la tech immersive ou encore les IA génératives étaient particulièrement représentées. Toutefois, le CES 2023 a surtout offert aux visiteurs une approche pour le moins inédite : le sustainable.

Passé l’étonnement de voir l’une des villes les plus polluantes d’un pays figurant au 2e rang des plus gros émetteurs de CO2 au monde promouvoir des innovations s’inscrivant dans une logique de durabilité, on ne peut néanmoins que se réjouir de la démarche, et saluer les efforts des exposants déterminés à se montrer au rendez-vous des urgences écologiques actuelles. Ainsi, au-delà des engagements portés par nombre d’industriels à atteindre la neutralité carbone à un horizon situé entre 2030 et 2050, quelques grands chantiers ont été particulièrement adressés cette année : le recyclage et la décarbonation ; les énergies nouvelles et l’autonomie ; et l’eau.  

Transformer la chaine de production pour limiter ou optimiser les déchets

Pour limiter les émissions de carbone, les industriels ont axé leur recherche et développement sur le recyclage et la réutilisation de ressources, qu’elles proviennent de leur propre matière (recyclage des pneus pour une réinsertion dans la chaîne de production) ou de la collecte de matière polluante (transformation de filets de pêche pour la création de plastique dit «océanique» destiné à la fabrication de smartphone). Les déchets organiques sont également valorisés, comme cette start-up ayant fondé son action sur le recyclage des feuilles mortes pour la fabrication de cartons. Le résultat : un produit neuf consommant 15 fois moins d’eau et se dégradant plus rapidement.

De même, on a pu observer des innovations proposant des actions très concrètes pour décarboner l’atmosphère. Ainsi, un aspirateur nettoyant le ciel de son carbone propose de le minéraliser et de l’enfouir sous terre. Déjà présenté sur le salon, en 2021, à l’état de concept, il semble désormais avoir embrassé une réalité puisque les projets et partenariats, par ailleurs convaincants, en faisaient cette année la démonstration.

Energies : verdir et autonomiser

Pour concilier les enjeux d’énergie et de neutralité carbone, plusieurs tendances ont été fortement observées cette année. En premier lieu, l’hydrogène vert. Reposant sur l’utilisation d’une électricité elle-même verte, et donc à l’empreinte environnementale nulle, plusieurs entreprises ont annoncé le lancement de fermes offshore d’hydrogène utilisant l’énergie éolienne. De même, l’énergie solaire est de plus en plus mise au service de l’alimentation des micro-objets (wifi, radio..).

Enfin, l’autonomie énergétique s’est imposée plus que jamais, dans un contexte géopolitique belliqueux, mais également climatique difficile faisant craindre des coupures en Europe et aux Etats-Unis. Il faut donc désormais rendre la maison autonome en électricité, et en confier la gestion à ses occupants : éolienne portable, création d’écosystèmes digitaux uniques permettant de décider de l’alimentation isolée de certains équipements en cas de coupure… Quel que soit le service, le mot d’ordre est désormais triple : produire, stocker et gérer.

L’eau face au défi de la rareté

On estime aujourd’hui qu’1,2 milliard d’humains vivent dans des régions où l’eau fait physiquement défaut, et qu’un quart de la population mondiale est confronté à une pénurie d’eau de type économique, notamment due au manque d’infrastructures nécessaires à son traitement, selon une étude de l'Unesco. L’eau pose donc un défi de taille : sa rareté. Une rareté qui inspire aujourd’hui les innovations qui ambitionnent de répondre à trois problématiques majeures qui impactent aujourd’hui l’accès de tous à l’eau : comment éviter le gaspillage, comment créer de l’eau potable et comment filtrer et consommer une eau impropre ?

Pour y répondre, plusieurs projets ont retenu l’attention du public du salon, cette année. Pour limiter la perte de milliards de litres d’eau potable générés chaque année par des canalisations abîmées, un robot permet de les auditer en y circulant, et d’identifier les points de rupture afin d’accélérer et faciliter leur réparation. De même, à l’échelle de la maison, un système de traitement de l’eau domestique orchestre sa redirection vers les toilettes, le lave-linge…, générant tout à la fois économie d’eau et d’argent. Enfin, s’adressant plus particulièrement aux pays souffrant d’une ressource faible en eau, deux innovations marquent le pas cette année : la fontaine créant de l’eau à partir de l’air ambiant, à hauteur de 10 litres par jour, et la membrane filtrant instantanément l’eau impropre pour la rendre consommable. L’eau a désormais trouvé une nouvelle source, celle de la technologie, porteuse d’espoirs nouveaux pour nombre de populations à travers le monde.

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