Les Jeux olympiques et paralympiques ont permis de mettre en lumière toute la sportech française. Retour sur quelques entreprises du secteur qui ont bénéficié de la vague ou espèrent le faire.
Ces dernières années, l'innovation technologique a bouleversé le monde du sport, de l'expérience athlétique et spectatrice à la gestion des clubs et des événements sportifs, en passant par l'optimisation des performances et l'engagement des fans. La «sportech», contraction de «sport» et de «technologie», est un secteur dynamique qui englobe des domaines variés tels que l'analytique sportive, les dispositifs portables, les stades intelligents, la réalité augmentée et virtuelle, ainsi que les services de streaming et les e-sports. En 2022, la sportech mondiale a levé environ 1,4 milliard de dollars en investissements, et le marché devrait encore croître, passant de 6,025 milliards de dollars en 2021 à 18,129 milliards de dollars en 2028 (source : Fortune Business Insights). En France, ce secteur a attiré près d'un milliard d'euros en 2022, porté par l'approche des Jeux olympiques de Paris 2024. L'écosystème sportif français compte 161 start-up, cinq accélérateurs et incubateurs, ainsi que trois fonds de corporate venture spécialisés. Cependant, malgré un fort potentiel, la sportech française doit encore surmonter des défis d'investissement pour rivaliser avec la concurrence internationale, à l’instar des marchés asiatiques et américains, mais également des pays du Moyen-Orient comme le Qatar et les Émirats arabes unis.
Vogo Sports, une nouvelle expérience spectateur
Cette start-up montpelliéraine fondée en 2013 s’est donné comme mission de transformer l'expérience des spectateurs sportifs grâce à sa technologie mobile qui permet aux utilisateurs de sélectionner librement les angles de caméra pendant un événement sportif en direct. Les spectateurs peuvent également revenir en arrière, revoir des moments clés en replay, ou encore faire des ralentis, le tout depuis leur smartphone ou leur tablette. Vogo collabore avec des fédérations et clubs internationaux, avec un tiers de leurs 50 événements annuels prévus à l'étranger. En avril 2024, l'entreprise a finalisé une levée de fonds de 4,4 millions d’euros. Certifiée par la Fifa pour ses solutions d'assistance vidéo à l'arbitrage, Vogo Sports devient un acteur majeur en contact direct avec les grandes fédérations sportives.
Kinomap, la campagne à la maison
La société cherche à développer le sport extérieur depuis chez soi… C’est une plateforme d'entraînement interactive pour des sports comme le cyclisme, la course à pied, les bateaux à rames (Kayak, aviron…) et la marche. Fondée en 2016 à Douai, elle s’adresse aux sportifs de tous niveaux, leur permettant de s'entraîner à domicile tout en vivant une expérience « outdoor » via des vidéos immersives de nombreux lieux dans le monde, le tout moulé dans une programme d’entraînement. Les vidéos sont tournées en HD et peuvent être diffusées sur un écran pendant que son vélo, son rameur ou son tapis de course tourne en appartement. Kinomap affiche depuis 2019 une croissance annuelle de 15 à 20% sur le marché international. En 2024, elle a signé un partenariat avec Paris 2024 pour permettre de suivre sur sa plateforme la course du Marathon, permettant à ses 2 millions d’abonnés de suivre le parcours dans Paris.
Sorare, lier le réel et le virtuel
Difficile de parle de sportech sans parler de Sorare, la licorne française qui a révolutionné le rapport entre le public et les clubs, via des cartes à collectionner dématérialisées dans la blockchain Ethereum. Elle a effectué en 2021 la plus grosse levée de l’histoire de la frenchtech avec 680 millions de dollars. Mais au-delà de la « collection » de ces cartes de joueurs, le but est bien de soit les revendre et faire des plus-values, soit d’être récompensés par les performances sportives des joueurs dans la vie réelle. L’entreprise combine donc le virtuel et le sport dans la vraie vie et joue sur la passion qu’un fan peut avoir pour le sport, modifiant la relation au jeu de paris en ligne. Elle a d’ailleurs signé des partenariats avec les ligues de basket et de baseball aux États-Unis. Cependant, Sorare a été légèrement touchée par la crise du Web3, et sa valorisation a pris du plomb dans l’aile. Elle a supprimé 14% de ses effectifs aux États-Unis en mai dernier, afin de recentrer quelques fonctions sur son siège parisien. Mais ce ne serait que passager selon des experts, tant son modèle est bien taillé pour le monde du sport.
SportEasy, pour tous les clubs
Elle a entrepris très tôt de digitaliser le monde du sport. Fondée en 2013 par Nizar Melki et Albin Egasse, deux ingénieurs adeptes du football en amateur, la jeune pousse propose une solution de gestion des clubs de sports pour les bénévoles ou les gérants peu aguerris aux outils numériques : gestion des convocations et des présences, communication entre les membres, organisation des matchs et entraînements mais aussi suivi des statistiques et des performances. Cela permet d’évincer les tableurs Excel parfois incompréhensibles. Elle permet également aux gérants de suivre les paiements et les cotisations et s’adresse autant aux structures locales qu’aux structures plus professionnelles. Elle a aussi ajouté une fonctionnalité sociale de partage de photos et de vidéos. Après dix ans d’existence, elle revendique aujourd’hui 3 millions d’utilisateurs à travers le monde. Son modèle Freemium et la publicité assure sa viabilité. Elle espère que les Jeux olympiques doperont les adhérents aux clubs de sports et donc, peut-être, à son service…
Spacefoot, la régie sportive
La société est née en 2008, et cherche aussi à digitaliser le sport. Avec ses solutions Footeo et Clubeo, elle entend accompagner les clubs dans leur communication numérique. Mais cette société, dont Maurice Lévy est actionnaire, a développé bien d’autres activités. Elle s’est notamment spécialisée dans l'e-commerce sportif avec 19 e-shops dans 7 pays, une boutique Foot-Store à Paris, et par sa présence sur les marketplaces. Elle dispose de plusieurs marques spécialisées comme Handball Store, Basket Center, Vélo Store ou Sneakin entre autres… En parallèle, elle a développé une régie publicitaire spécialisée en développant deux offres : Akcelo, dédiée aux achats programmatiques, et Sports Local Media, pour l’achat en direct. Elle revendique la place de première régie sur les médias sports en France.