Blockchain

Deuxième plus importante blockchain, après Bitcoin, Ethereum bouleverse son mode de fonctionnement ces jours-ci. Objectif, réduire drastiquement sa consommation d'électicité et ainsi accroître son acceptabilité.

Révolution en vue pour Ethereum et le monde des cryptomonnaies. La deuxième plus importante blockchain, après Bitcoin, bouleverse cette semaine son mode de fonctionnement, afin de devenir moins énergivore dans un contexte de croissance rapide. Une opération risquée qui doit avoir lieu dans les tous prochains jours et que certains comparent au remplacement d'un moteur diesel par un moteur électrique... sur un véhicule en marche.

Concrètement, c'est l'un des piliers de cette blockchain (chaîne de blocs en bon français) - la technologie qui sert notamment de support aux cryptomonnaies - qui va être modifié. Comme elle fonctionne sans autorité centrale, il revient donc à certains de ses utilisateurs de valider les opérations qui y ont lieu, comme des échanges de NFT.

Jusqu'ici, pour appartenir à ce cercle de «validateurs», il faut résoudre un calcul très complexe demandant une grande puissance de calcul informatique. L'exercice, appelé «Proof of Work» en anglais («Preuve de travail»), consomme une grande quantité d'électricité et l'idée est donc donc de trouver une alternative plus verte.

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Désormais, il faudra donc placer une mise de 32 Ether (la cryptomonnaie associée à Ethereum, soit environ 50 000 euros) pour pouvoir valider sur la blockchain, cette somme pouvant être saisie en cas de mauvaise conduite, une méthode appelée «Proof of Stake» («Preuve d'enjeu» en français).

Pour effectuer cette bascule, une mise à jour du réseau principal de la blockchain, surnommée «The Merge» (La fusion), doit intervenir au plus tard le 15 septembre, avec diverses précautions prises. Les grandes plateformes d'échanges comme Binance ou Coinbase ont par exemple prévu de geler brièvement les échanges en Ether.

Si l'opération réussit, on pourrait faire baisser de «99%» la consommation d'électricité d'Ethereum, estime auprès de l'AFP Lennart Ante, chercheur du Blockchain Research Lab. Il ne restera «plus aucune infrastructure, juste des logiciels», souligne-t-il.

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Aujourd'hui, cette chaîne de blocs consomme quelque 45 TWh d'électricité par an, soit environ 10% de la consommation annuelle d'électricité de la France. Cette empreinte carbone pousse actuellement certains artistes et industriels à la boycotter mais le succès de la transition «pourrait, avec le temps, accroître l'acceptabilité d'Ethereum et de toutes les applications construites sur la blockchain, par les décideurs et les régulateurs», anticipe le bancassureur néerlandais ING dans une note récente. «Cela pourrait ensuite stimuler la volonté des institutions financières de développer des services fondés sur Ethereum», poursuit-il.

D'autres experts nuancent cet avis et mettent plutôt en avant les «problèmes fondamentaux» qui subsistent dans le monde des cryptoactifs. Le manque de traçabilité des détenteurs d'actifs, la gestion des portefeuilles virtuels et l'opacité de la gouvernance sont autant de freins importants pour voir ces systèmes trouver leur place dans l'économie réelle, explique Stéphane Reverre, cofondateur du cabinet d'études sur les crypto Sun Zu Lab.

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Quoi qu'il en soit, le passage d'un système à un autre, inédit à cette échelle, est une opération ambitieuse, si ce n'est hasardeuse, reconnaissent les développeurs qui s'y préparent depuis fin 2020. «On est littéralement en train de changer un protocole complet, tout en continuant de faire tourner une économie grâce à lui. Cela peut paraitre effrayant», a reconnu Sajida Zouarhi, «architecte blockchain», lors d'une conférence à Paris.

Et cette opération n'est que la première étape d'une «transition longue et compliquée pour faire d'Ethereum un système bien plus puissant et robuste», capable de traiter plus de transactions, ambitionne le fondateur de cette blockchain, l'informaticien russo-canadien Vitalik Buterin. Les investisseurs, en tout cas, ont pour l'instant bien accueilli le projet : le cours de l'Ether résiste mieux que celui du Bitcoin au choc qui secoue le marché des cryptomonnaies depuis quelque temps.

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