Par son style élégant, cosy et audacieux, Sarah Poniatowski a imposé sa marque Maison Sarah Lavoine dans l’univers de l’architecture d’intérieur haut de gamme mais accessible. À la tête d’une entreprise de 130 personnes, elle nous confie les étapes de son parcours et ses conseils d’entrepreneuse à succès.

Après trois livres sur la décoration et le lifestyle, pourquoi Rêvez, osez, créez… et recommencez !, cet ouvrage de conseils sur votre expérience d’entrepreneuse ?

SARAH PONIATOWSKI. On me demande souvent de faire des podcasts, de participer à des forums de femmes ou à des conférences pour raconter mon parcours. Et je me suis dit que hormis le fantastique livre Devenir de Michelle Obama ou des ouvrages de développement personnel, qui sont sur un autre registre, il n’y a pas beaucoup de récits utiles autour de la transmission d’expérience avec des conseils sur l’entrepreneuriat au féminin.

Est-ce que cela vous a manqué ?

Un peu, même si j’avais adoré le bouquin L’art de la victoire de Phil Knight, le créateur de Nike, qui se dévore comme un polar. Pendant trois mois, cet été, on a bossé intensément pour faire un ouvrage pratique, qu’on puisse offrir, dans lequel on puisse piocher pas mal de conseils.

Les femmes manquent-elles de figures inspirantes ?

Je constate surtout qu’il y a de plus en plus de jeunes femmes courageuses et brillantes qui se lancent dans l’entrepreneuriat, avec un esprit de sororité qui me touche. Pour ma part, j’ai été inspirée par Karen Blixen ou Meryl Streep mais surtout par les femmes de ma famille qui, à commencer par ma grand-mère journaliste ou ma mère décoratrice, ont toujours travaillé.

Tenez-vous votre vocation de vote mère ?

J’ai d’abord étudié la psycho et la philo avant de vouloir devenir comédienne. Mais la décoration m’a ensuite rattrapée. J’ai eu ma fille à 24 ans. J’adorais m’occuper de déménager, redécorer, changer de meubles. C’était névrotique. Je me suis dit que j’allais le faire pour les autres. J’ai appris ce métier de chef de chantier en suivant ma mère sur les siens. Au bout de deux ans, j’ai rejoint une agence d’architecture d’intérieur et j’ai ensuite monté mon entreprise, il y a dix ans.

L’entrepreneuriat, est-ce plus ardu pour les femmes ?

J’ai la chance d’avoir un associé masculin. Nous sommes très complémentaires. Mais je ne vous cache pas que ça rassure les banques d’avoir un binôme. À mes débuts, il y a vingt ans, mes interlocuteurs ne me prenaient pas toujours au sérieux, comme si la déco, comme la cuisine, était un passe-temps pour les femmes. Pas une activité professionnelle.

En cas de doutes, qui sollicitez-vous ?

Mon entourage. J’ose demander aux gens qui m’entourent, de mes amis à mes connaissances qui sont chefs d’entreprise dans tous les domaines. Je n’hésite pas à les solliciter et à demander de l’aide. C’est comme un board amical.

Inès de la Fressange, qui a monté son entreprise, ou Véronique Philipponnat, qui dirige la rédaction du Elle, sont parmi vos amies. Vos liens se fondent-ils aussi sur la sororité ?

Il y a du soutien entre nous, bien sûr. Et quand Véronique m’a demandé il y a cinq ans de poser en couverture de Elle, j’ai voulu l’en dissuader. Je ne suis ni mannequin, ni comédienne. Mais elle m’a convaincue que mon parcours de chef d’entreprise pouvait être inspirant pour les femmes. Elle n’a pas eu tort puisque le numéro a fait un carton.

Avez-vous déjà eu recours aux services d’un coach ?

Oui, pour me débarrasser de pensées limitantes. Cet accompagnement était fondé sur l’idée que l’on est le créateur de sa propre vie, qu’il faut se défaire des ondes négatives, être dans la gratitude et engager chaque jour une action vers son but. Dans la vie, je veille à m’entourer de personnes positives.

Quels sont vraiment les écueils qu’il faut avoir en tête lorsqu’on est entrepreneur ?

C’est souvent les montagnes russes et l’on peut rapidement se retrouver à naviguer en eaux troubles. Mon entreprise a traversé la crise des Gilets jaunes, du covid et aujourd’hui les guerres en Ukraine et à Gaza. Il faut être costaud économiquement face à tout cela. Et faire attention à ne pas grandir trop vite.

Quelle a été votre pire épreuve ?

Même si l’on a été aidé, le covid. Tous les chantiers ont été subitement arrêtés. Mais on a pu rebondir en se renforçant sur le digital. Enfermés chez eux, les gens ont eu envie de soigner leurs intérieurs.

Vous avez su être agile. Est-ce une qualité essentielle ?

C’est très important, comme de savoir se réinventer, repenser son modèle, changer de stratégie si besoin. Aujourd’hui, nous sommes une agence et un cabinet d’architecture, c’est notre vitrine et notre activité haute couture. Elle représente 10% de notre activité, moitié pour des particuliers, moitié pour des entreprises. Avec nos 19 boutiques, dont deux à l’étranger, au Luxembourg et en Belgique et 150 points de vente dans le monde et corners en France, le retail représente 60% de notre chiffre d’affaires avec une diversification dans les vêtements, qui représente 13% de notre chiffre d’affaires.

Quels sont vos principaux projets ?

On vient de livrer le siège social de Convivio, rue de Madrid, qui fait 3 500 mètres carrés. Nous livrerons en janvier un hôtel à Bruxelles. Nous travaillons sur des salles de sport pour une chaîne. Nous signons aussi des Cafés Joyeux (dédiés aux personnes en situation de handicap) et des pièces pour la fondation des Pièces jaunes dans les Ehpad à destination des soignants. Et nous avons des projets pour des particuliers, des maisons et appartements, à Paris, en province et à l’étranger. Pendant le confinement, on a même réussi à refaire un appartement à New York sans pouvoir y aller.

Comment vivez-vous l’échec ?

C’est difficile, mais cela permet de se remettre en question. Nous avons concouru pour refaire le terminal 1 de Roissy. Nous étions parmi les deux finalistes et je me voyais tellement réaliser ce magnifique chantier. Mais nous avons perdu. Quand j’ai vu le projet concurrent, j’ai compris et je me suis inclinée car il était meilleur.

Que peut-on vous souhaiter ?

J’aimerais que cette aventure fondée sur l’envie que les gens se sentent bien chez eux dure. J’aimerais aussi que la marque rayonne à l’international, en Italie, en Espagne et en Suisse notamment dans les prochaines années.

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