Télécoms
Le projet Ara, téléphone modulaire conçu par Google, permettra à chacun de créer son smartphone personnalisé. La société Yezz en exposait un prototype au Mobile Word Congress, qui a fermé ses portes à Barcelone le 5 mars.

Un smartphone modulaire, personnalisé, où l'on peut choisir différentes pièces et les assembler comme des Lego: c'est l'idée du projet Ara, initié par Motorola puis repris par Google. C’était l'une des stars inattendue du Mobile World Congress, qui se tenait cette semaine à Barcelone: depuis lundi, journalistes et caméras du monde entier défilent sur le petit stand de Yezz.

«Nous avons eu une centaine d’interviews la seule journée de mardi», souligne une porte-parole. Car la société américaine Yezz, dont le partenaire en France est Avenir Telecom, a été chargée de créer le «squelette» de ce téléphone, dont elle dévoilait le prototype à Barcelone.

 

Montage personnalisé du smartphone

 

Le concept: il se compose d'une structure de base sur laquelle viennent se greffer les différents modules -écran, batterie, appareil photo, capteurs, 3G...- grâce à des électro-aimants. Le prototype exposé à Barcelone comporte ainsi un écran haute définition, une batterie, une connexion pour un chargeur, un appareil photo et une connexion 4G, sous forme de puces et d'éléments de taille et d'épaisseur différentes.

 

Yezz va ainsi créer des squelettes de tailles différentes: 4,7 pouces, 4 pouces et un tout petit format, comme un Ipod Nano. Sur cette base, chacun pourra greffer des modules vendus sur une market place. Yezz a ainsi imaginé des prototypes de modules divers: cartes de mémoire, cartes de paiement, etc. «Nous avons une centaine de modules, dont des écrans divers, depuis l’écran noir et blanc à basse consommation, et des modules pour une double carte SIM», précise Robert Schiano-Lamoriello, associé fondateur d’Avenir Telecom.

 

Des constructeurs plus importants sont aussi de la partie. Tels Fujistu, Foxconn, Nvidia ou Toshiba, ce dernier travaillant sur des caméras pour ces téléphones. L’utilisateur pourra ainsi se créer un smartphone allant de 50 à 299 dollars (45 à 270 euros).

 

Réponse à l'obsolescence programmée

 

La vraie innovation réside dans la possibilité de composer son téléphone à la carte, en assemblant différents éléments au dos de l’appareil. Et, surtout, de pouvoir changer facilement chaque composant pour quelques dizaines d’euros dès qu’il ne fonctionne plus. Une nouvelle logique qui répond au débat actuel sur l’obsolescence programmée.

 

Les premiers smartphones Ara seront commercialisés par Yezz à Porto Rico d'ici au mois de mai. Un choix stratégique, alors que «Porto Rico compte trois opérateurs (américain, latin et local), et Yezz est bien implanté en Amérique latine», souligne Robert Schiano-Lamoriello. D'autant que 75 % de la population y possède un smartphone. Ara devait être commercialisé aux Etats-Unis et en Europe fin 2015.

 

Avec ce projet original, Google compte se lancer sur le segment des smartphones d’entrée de gamme, où des marques comme Nokia et ZTE sont déjà très présentes. «Google ne cherche pas à gagner directement de l'argent avec Ara, il cherche essentiellement à diffuser les smartphones dans les pays à faible pouvoir d'achat et à fédérer l'écosystème autour d'Android», estime Jérôme Colin, expert en télécoms pour le cabinet Roland Berger, cité par l’AFP.

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