Edition musicale
Le Midem a ouvert ses portes à Cannes vendredi 5 juin. Sans surprise, les premiers débats ont mis en exergue les espoirs et le business liés à l’essor du streaming. Deezer veut renforcer ses positions face à l’arrivée de Tifal, et bientôt d'Apple.

Comme attendu, le streaming, comme mode consacré de consommation de la musique, et comme nouveau segment de business, était au cœur des débats en cette première journée du Marché international de l’édition musicale (Midem), qui tient sa 49e édition.

Alors que, pour la première année, le Midem se déroule en juin, et non plus en février, pour renforcer son attractivité, notamment auprès du grand public qui se voit proposer, pour la première fois, des concerts gratuits en plein air, avec des artistes émergents.

Les pure players de l’industrie musicale se sont développés depuis l’arrivée de Pandora et Napster au début des années 2000, suivis par divers services de téléchargement illégaux. Mais désormais, «plus que de la musique, les consommateurs recherchent des expériences d’entertainment. Et en proposition de valeur, les acteurs de la musique à la demande doivent faire plus d’offres personnalisées», résume Parie Sellier, directrice des affaires publiques et de la propriété intellectuelle chez Vivendi. Et de citer les nouveaux modes de consommation sur abonnement mensuel, popularisé par Netflix récemment.

Mais depuis quelques années, «Apple, initialement constructeur, a monté des services depuis Itunes. De même, Amazon, spécialisé dans la distribution sur internet, développe des services de streaming», énumère-t-elle.

 

Partenariat Deezer-Orange reconduit

 

Hans-Holger Albrecht, le nouveau patron de Deezer, la plateforme française de streaming, venait pour sa première prise de parole publique. Il a commencé par défendre le streaming, en pleine expansion, qui nourrit l'espoir d’un retour à la croissance dans ce secteur en difficulté depuis le début des années 2000. «Les sites de musique sont arrivés tard sur ce mode de consommation, qui doit se confirmer, précise-t-il. D’ailleurs, il n’y a pas un seul modèle, entre le modèle gratuit financé par la publicité, notre base, le modèle sur abonnement mensuel, le bundle [la distribution par des opérateurs télécoms]… Il n’y a pas qu’une formule, il faut en essayer plusieurs.»

Il va d'ailleurs continuer de compter sur le bundle: «Nous avons des partenariats avec 40 opérateurs télécoms dans le monde», détaille-t-il dans un entretien à Stratégies. Bonne nouvelle pour lui, celui qu’il avait signé en France avec Orange, qui arrive à échéance au 1er juillet 2015, «est reconduit», révèle-t-il. Il est prolongé pour une période de trois ans, selon Orange. A la différence que l’accès à l’offre Deezer ne sera plus incluse gratuitement dans les abonnements Orange, mais désormais payante.

Deezer va devoir se défendre: alors qu’il compte «16 millions d’abonnés dans le monde» (il ne divulgue pas combien pour la France) et qu’il a essuyé 162 millions d’euros de pertes en 2014, il doit développer ses revenus publicitaires, qui représentent 10% de son chiffre d’affaires (1 milliard d’euros en 2015). C’est pour cela que Deezer vient d’annoncer la mise à disposition de podcasts, et des partenariats avec des médias (dont Slate, Nova, Télérama, RFI pour la France, ainsi que le Financial Times), qui vont lui fournir des contenus. Au point de devenir un média, un peu comme Snapchat avec sa nouvelle offre Discovery?

Il ne dément pas: «Les gens veulent écouter de la musique, mais aussi des talk-shows, des informations», indique-t-il.

Une concurrence qui s'étoffe

Deezer doit faire face à son grand rival Spotify. Et désormais avec Tidal, nouvelle plateforme de streaming lancée le 30 mars par le chanteur Jay-Z et une kyrielle de stars, dont Daft Punk. Elle connaît pourtant des débuts difficiles, notamment en raison de son coût trop élevé, 19,99 euros par mois. Mais une des dirigeantes de Tidal, Vania Schlogel, est venue la défendre pied à pied, estimant que «le marché du streaming couvre uniquement les 25-34 ans urbains, alors qu’il a un énorme potentiel s'il s'ouvre à tous». La plateforme, lancée dans 44 pays, compte se démarquer de la concurrence en proposant de la vente de billets, des vidéos, contenus exclusifs et autres concerts privés…

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