Etude
Dans un secteur encore balbutiant mais très prometteur, les industries vont se recomposer sous l'effet de ces nouveaux acteurs transversaux, d’après une étude du cabinet de conseil Oliver Wyman.

«Les frontières entre industries deviennent poreuses. L’internet des objets va mettre en contact des industries qui ne se parlaient pas avant.» Voilà un des principaux constats du cabinet de conseil Oliver Wyman, qui vient de publier une étude sur l’internet des objets. «Nous sommes à un point d’inflexion, de conjonction de différentes industries. Il y aura des gagnants et des perdants. La question est de savoir comment la valeur va se répartir demain», résume Emmanuel Amiot, associé du cabinet Oliver Wyman, et co-auteur de l’étude.
 
Pour celle-ci, le cabinet a sondé une centaine de clients et esquissé plusieurs scénarios du futur. Une chose est sûre, la technologie des objets connectés devient accessible et intégrable pour tous les secteurs: grâce à la baisse du coût des capteurs (0,3 euro l’unité), au développement de la connectivité sans fil sous plusieurs formes (wifi, Bluetooth, Zigbee, Lora, Sigfox...), à l’accroissement de la puissance des microprocesseurs et à la miniaturisation de ces éléments.
 
Autre fait, les start-up spécialisées dans l’internet des objets attirent les capitaux: les investissements y sont dix fois plus élevés en 2014 qu’en 2010, relève le cabinet. Ainsi IBM a racheté Nest pour 3 milliards de dollars en 2014 et Facebook a croqué Oculus pour 2 milliards. En mars dernier, IBM a annoncé investir 3 milliards de dollars dans l’internet des objets entre 2015 et 2017. 


Prometteurs opérateurs télécoms

 

Oliver Wyman s’attache à imaginer plusieurs scénarios du futur dans cette reconfiguration des industries. Exemple: «IBM pourrait réaliser votre bilan de santé avec son service Watson Health Cloud», imagine Oliver Wyman. Les relevés ou symptômes s'effectueraient par les objets connectés de marques partenaires (Philips, Vital Connect...), les données personnelles captées via d’autres objets connectés (Apple Watch, Fitbit, Withings, etc.), de même que le temps ou encore le taux de pollution (Nest, Weather Channel). Les données transiteraient ensuite par la base de données des maladies IBM Watson.
 
Autre scénario, Peugeot deviendrait assureur automobile: «L’assurance automobile repose sur l’analyse de risques, qui s'appuie sur des modèles de données. Les constructeurs pourraient inclure l’assurance automobile dans un bouquet de services de mobilité à la demande», développe l’étude. Tout comme Google pourrait se lancer dans l’assurance habitation, grâce à ses capteurs, comme Nest, qui permettent d’estimer le coût du risque.
 
En matière d'énergie, Orange et Google fourniraient des services énergétiques via leur capteurs. Dans cette optique, et tout comme le constructeur Tesla, «Google a un projet de batteries autonomes à la maison, pour la voiture».


Autre scénario, dans la distribution cette fois, Amazon pourrait développer un «supermarché virtuel» lié à la maison connectée du consommateur et faire la livraison par Amazon Services, grâce à une start-up comme Uber. Aux Etats-Unis, le client peut déjà dicter ou scanner sa liste de courses grâce à l’objet connecté Amazon Dash. Et «Uber teste dans ce pays la livraison de produits frais par une flotte de camionnettes», précise Emmanuel Amiot.
 
Une chose est sûre, seuls quelques gros écosystèmes permettront d’intégrer des données et des services captant de la valeur. L’étude distingue Axa, Google, Orange et Apple qui esquissent les leurs. «Les grands gagnants sont ceux qui pourront agréger différents services, pour couvrir l’ensemble des besoins», résume l’étude. Parmi les plus prometteurs: les opérateurs télécoms, «s’ils peuvent se positionner au-delà de la connectivité, où il n’y aura pas assez de valeur, par exemple en intégrant une plateforme de croisement de données», note Emmanuel Amiot. Ce que fait déjà Orange avec sa plateforme Datavenue.

 

A lire, notre dossier Objets connectés dans Stratégies n°1822 du 9 juillet 2015

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