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L'Opéra national de Paris a confié à l'agence Dream On le nouvel opus de son site. Avec notamment la 3ème scène, espace de création entièrement numérique.

C’est sûr, ça change de Jingle Bells. Accords givrés, violons stridulants… Anthèmes 2 pour violon et dispositif électronique fait souffler un air tout à la fois intrigant et glacial. Comme en hiver, aux premiers jours du mois de janvier? C’est en tout cas ce morceau de Pierre Boulez qu’a choisi l’Opéra national de Paris (ONP) en guise de bande-son de sa carte de vœux digitale, à l’orée de 2016.

De la musique sérielle pour entamer la nouvelle année? De prime abord, Edouard Hooreman, directeur de création de l’agence Dream On, choisie par l’ONP il y a dix-huit mois pour son nouveau site, n’était pas tout à fait convaincu: «L’Opéra nous avait soufflé ce choix, tout comme celui de Schönberg [autre pape du dodécaphonisme]. Deux compositeurs parfois difficiles à aborder – pas exactement de l’easy listening!», raconte-t-il. Morale de l’anecdote: «Nous avons mis du temps à savoir jusqu’où aller avec l’Opéra. La réponse, c’est qu’il n’y a pas de limite.»

Pas d'entre-soi

La 3ème scène, projet développé sur le tout nouveau site de l’institution, accessible depuis le 1er septembre, repousse d’ailleurs les frontières mêmes des scènes de l’Opéra. «Nous avons choisi ce terme de 3ème scène pour signifier qu’elle vient après le Palais Garnier et l’opéra Bastille. Cette plateforme numérique entend montrer que l’Opéra n’est pas dans l’entre-soi», explique Christian Longchamp, son directeur de la communication. Cette scène virtuelle qui invite réalisateurs, acteurs, musiciens et artistes contemporains se déploiera à partir du 15 septembre dans le nouvel écrin digital de l'institution conçu par Dream On.

«Nous avons utilisé une typo spécifique, la Conqueror, sorte de Didot «chicissime» au contraste très élevé entre plein et déliés, avec une ligne graphique comportant beaucoup de noir», décrit Edouard Hooreman, qui mobilise une vingtaine de personnes sur le budget, et travaille avec l’agence web Aria 17. «Le site comporte un volet Réservations, ce qui ajoute une contrainte technique: il ne peut être engorgé lorsqu’on ouvre à la vente Faust ou Il trovatore

Dix-sept films commandés

«On dit souvent que l’Opéra est un art total. Le site, et particulièrement la 3ème scène, entend mettre en avant ces savoir-faire», souligne encore Edouard Hooreman. Un comité éditorial composé du directeur de l’Opéra de Paris Stéphane Lissner, du directeur du ballet Benjamin Millepied, du directeur artistique Dimitri Chamblas et de Christian Longchamp a commandité dix-sept créations originales. L’acteur-réalisateur Mathieu Amalric, la réalisatrice Rebecca Zlotowski et le plasticien Xavier Veilhan ouvriront le bal, suivis par Bertrand Bonello et l’écrivain Eric Reinhardt dans les mois qui viennent mais aussi Glen Keane, l’un des animateurs stars de Disney.

Avec un cahier des charges simple, explique Christian Longchamp: «produire un film de 4 à 17 minutes en rapport avec l’institution, son architecture, la danse ou la musique…» Une liberté empreinte d’exigence qui reflète le relationnel de l’annonceur, selon le directeur de création de Dream On. «Il y a beaucoup d’allers-retours, mais jamais dans la souffrance. Quand cela vient d’une institution mythique comme l’Opéra, on les accepte plus volontiers. Ils ont tous les droits!» L’accord parfait, en somme.

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