Internet
A l'occasion du nouvel Assassin's Creed, sis dans le Londres victorien, Ubisoft a confié à son agence BETC la création d'un moteur de recherche... du XIXe siècle.

«Barbe fournie, pantalons en velours, vélocipèdes à pignons fixes et locavores.» Si l’on se fie à ce portrait-robot, on imagine plutôt ces specimens autour du baby-foot d’une agence de pub, ou traînant leurs Stan Smith dans Sopi (Pigalle Sud), aux côtés de ces filles à chignons hauts qui leur servent traditionnellement de compagnes. Erreur: c’est plutôt dans les faubourgs de Londres et davantage au mitan du XIXe siècle, dans «le peuple de l'ère victorienne», qu’on compte les premiers hipsters si l'on en croit «The XIXth century search engine» [moteur de recherche du XIXème] créé par BETC pour Ubisoft et son jeu historique Assassin’s Creed.

C'est un peu comme si Charles Dickens surfait sur Google, comme si Oscar Wilde musardait sur Melty, Charlotte Brontë sur Doctissimo, Charles Darwin sur Wikipedia… «Assassin’s Creed est une machine à remonter le temps, estime Benjamin Le Breton, codirecteur de création chez BETC. Après la Révolution française, le nouveau jeu prend place dans le Londres victorien, que beaucoup associent à Sherlock Holmes, aux loups-garous… Alors que cette époque est avant tout celle de la révolution industrielle, qui présente beaucoup de parallèles avec notre époque tant du point de vue des technologies que de celui des mœurs.»

Internet 0.2

D’où l’idée de cet «Internet 0.2» à l’ère des machines. Une usine à gaz digitale? «Une somme titanesque: 98% des événements relatés sont authentiques», souligne Arnaud Assouline, codirecteur de création. «40 à 50 personnes ont travaillé sur le projet… Quatre mois de création pure et dure.» Et un travail de fourmi. Ou plutôt, de rat de bibliothèque. «Nous sommes allés chercher des journalistes historiens via BETC Content, qui ont réalisé un boulot d’archiviste», raconte Antoine Lebreton. «Comme à l’époque victorienne, la photographie existait déjà, nous avons sollicité Corbis, qui a scanné des clichés de l’époque: images de freaks, de meurtriers, d’aristocrates, de cocottes…»

Une fois les bases documentaires posées, c’est en prenant à la lettre la signature du jeu «History is our playground» [L’Histoire est notre terrain de jeu], que les créatifs ont commencé «à bien délirer». «L’idée, c’était une sorte de compromis entre l’Encyclopedia Universalis et le site parodique The Onion», résume Arnaud Assouline. «Partant du principe que les burgers sont à la mode, nous avons inventé le burger londonien, le McCochrane», précise Benjamin Le Breton. Un mets présenté ainsi: «Après le haggis, cette délicieuse panse de brebis farcie, John McCochrane se lance dans le sandwich aux testicules de porc. Découvrez un univers de saveurs entre deux tranches de pain!» Yummy.

Une image de femme à barbe accompagne quant à elle les résultats liés aux «hipsters» –encore eux. Et la requête «Iphone» produit la réponse suivante: «Erreur 404 – Désolé, Monsieur Alexandre Graham Bell ne nous a pas fait part de cette découverte.» Mais, comme le précisent les deux directeurs de création, un soin particulier a été apporté «aux trois thèmes les plus recherchés sur le web: porn, piracy, pets [porno, piratage, animaux]». Certaines choses ne changent jamais.

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