Henri Verdier, directeur interministériel du numérique et des systèmes d'information et de communication de l'Etat (Disic)

La crise sociale à Air France.

Les difficultés d'Air France illustrent le syndrome de certains grands acteurs de l'industrie aujourd'hui, aux prises au phénomène du low cost qui implique aussi souvent une meilleure maîtrise du numérique. Face à ce défi, la carte de la réduction des coûts ne suffit pas. Il est indispensable de monter dans la chaîne de valeur. Avec les innombrables données dont dispose Air France, on peut imaginer d'innombrables nouveaux services.

 

Les députés ont adopté la gratuité de l'open data.

Ce vote, qui est en fait la mise en conformité avec la nouvelle directive européenne, inscrit dans la loi le principe de la gratuité des données publiques. Ce n'est que le premier volet d'une pièce en trois actes. La seconde étape sera la loi Lemaire avec, entre autre question, celle des données d'intérêt général qui ne sont pas seulement publiques. La troisième sera la loi Macron 2 qui ira plus loin secteur économique par secteur économique.

 

Le projet de fusion de la Commission nationale de l'informatique et des libertés et de la Commission d'accès aux documents administratifs.

Il peut être intéressant d'avoir une autorité qui s'occupe de toutes les questions portant à la fois sur la circulation des données et sur la protection des libertés individuelles. Mais dans ce cas, il faut un bon équilibre entre ces deux droits fondamentaux. Après tout, comme disait Karl Popper: «Les sociétés ouvertes reposent sur des principes contradictoires». 

 

La Cour de justice européenne suspend le cadre juridique du Safe Harbour. 
Le plus étonnant n'est pas la décision de la Cour de justice qui, en l'espèce et au vue des dernières affaires (Prism, Snowden...), estime que les Etats-Unis ne protègent pas la vie privée selon les standards européens. Ce qui m'étonne plus c'est que l'Europe ait choisi de protéger la vie privée en s'appuyant sur une liste d'entreprises «éthiques» établie par le département du commerce américain. Le plus étonnant est de voir que l'Europe n'a jamais considéré qu'elle pouvait établir son propre Safe Harbour et ainsi disposer de sa propre souveraineté numérique. 

 

Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Pierre-Antoine Capton créent un fonds de 300 à 500 millions d'euros pour racheter des médias. 

Le numérique ébranle le business modèle des médias. Pour l'instant, il n'y a pas de martingale. Pourtant de grands patrons rachètent de nombreux médias. Pourquoi? Parce qu'ils ont de nouveaux business modèles en tête? Parce qu'ils cherchent une nouvelle source de pouvoir? En tous cas, ce geste montre quelque chose d'important.

 

Le Figaro rachète CCM Benchmark.

Dans CCM Benchmark, il n'y a pas seulement des journaux, il y a différents modèles de création de valeur, tel «Comment ça marche?», un système original basé sur la contribution gratuite des internautes. Ca semble un mouvement intéressant de la part du Figaro. Mais ça pose à nouveau la question de savoir pourquoi il est si difficile pour les organisations anciennes d'innover sur leur propre secteur. Plus largement, cela pose la question de ce que deviendra la presse sur internet. Je ne suis pas certain que le meilleur chemin pour les médias soit de s'orienter vers l'entertainment pour toujours plus d'audience et de publicité. Face aux milliers de youtubeurs, les médias doivent revenir à ce qu'est leur véritable valeur ajoutée: l'enquête, l'investigation, la production du savoir...

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