Dossier Débat
Elles animent les villes et les rendent plus attractives, mais les enseignes lumineuses ont aussi un coût, notamment pécuniaire et environnemental. Alors, utiles ou nocives?

CONTRE

 

Patrick Floren, président du Synafel (Syndicat des professionnels de la signalétique et de l’enseigne)

«Les enseignes ont un double avantage. Elles permettent au consommateur d’identifier les activités et de se repérer, je pense en particulier aux activités hôtelières situées à la périphérie de grandes agglomérations. Elles ont aussi une fonction d’animation, elles participent à l’attractivité d’un lieu. Imaginez des rues sans aucune enseigne lumineuse! Tous les professionnels proposent déjà des enseignes dotées de détecteurs de luminosité [variant en fonction de la baisse de la lumière naturelle]. Plus de la moitié du parc installé en est déjà pourvue. Les enseignes déterminent à partir de quel seuil de luminosité l’enseigne doit s’allumer. Nous ne sommes pas opposés à l’obligation d’extinction des enseignes entre 1heure et 6heures du matin. Faire commencer cette plage à minuit au lieu de 1heure du matin? Pourquoi pas. Mais avant minuit, cela me semble difficile. Les enseignes jouent un rôle mineur dans la perturbation des cycles de sommeil de la population. La législation interdit celles qui sont accrochées au dessus du niveau où se trouve le magasin, de même que le clignotement, sauf pour les services d’urgence comme les pharmacies de garde. C’est surtout l’éclairage public et la circulation qui ont un impact sur les cycles de sommeil. Les enseignes ont un faible impact en terme de puissance. Concernant l’impact des sources lumineuses sur la biodiversité, là encore, les enseignes ne sont pas en première ligne, mais bien l’éclairage public. Nous prônons le respect de la réglementation à nos adhérents, car les lois de 2012 sont la conséquence des excès constatés depuis la précédente loi votée en 1979.»

 

POUR

 

Anne-Marie Ducroux, présidente de l’ANPCEN (Association nationale de protection du ciel et de l’environnement nocturnes)

«Il y aurait en France 3,5 millions d’enseignes lumineuses, selon le ministère de l’Ecologie, un volume largement sous-estimé car il ne fait l’objet d’aucun suivi. Elles participent à l’augmentation très forte de la lumière artificielle la nuit, qui a déjà enregistré, du seul fait de l’éclairage public, une croissance de 94% depuis vingt-cinq ans. Cette lumière artificielle a un impact sur l’environnement, les paysages et la biodiversité, qui est principalement nocturne. C’est le cas pour 30% des vertébrés et 60% des invertébrés. La lumière artificielle altère les fonctions physiologiques nocturnes, les déplacements et la reproduction. Les enseignes ont aussi un impact sur le sommeil et la santé humaines. Beaucoup diffusent une lumière trop forte, non orientée et parfois clignotante. Or, l’obscurité est essentielle pour déclencher le sommeil. Trop de lumière artificielle réduit la quantité et la qualité du sommeil avec un coût sanitaire important pour la société. Les propriétaires des enseignes devraient au minimum s’interroger sur les effets de leurs enseignes sur les voisins et l’environnement, sur leur responsabilité en tant qu’acteurs de la société, réfléchir aux alternatives sans lumière, mieux s’informer et éteindre leurs enseignes dès que l’activité est terminée. L’arrêté de 2013 qui oblige à éteindre les vitrines, les façades et les bureaux non-occupés à partir de 1heure du matin améliore d’environ 50% la situation, mais il n’est pas totalement appliqué. C’est à l’État d'informer sur ces questions, de définir un cadre avec des limites, des objectifs et de veiller à leur respect.»  



 



 

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