Grand Prix de la communication d'entreprise et des collectivités territoriales
Le secrétariat des Droits des femmes et ses agences Gyro et Parties prenantes remportent le Grand Prix Stratégies de la Communication d’entreprise et des collectivités territoriales 2016 pour la campagne contre le harcèlement sexiste dans les transports.

«Mademoiselle, vous êtes charmante. Alors, on fait connaissance? C’est quoi ton numéro? Et ta petite jupe, elle est pour moi? T’es bonne, tu m’excites. Réponds, sale chienne! Stop, ça suffit! Le quotidien des femmes ne doit pas ressembler à ça. Face au harcèlement, n’attendons pas pour réagir!» Des mots crus, une voix d’homme qui glace. Trop souvent, ces agressions sexuelles dans les transports suscitent la gêne, la peur et le silence. Les témoins détournent le regard et la victime se laisse maltraitée.

La campagne de sensibilisation à la banalisation du harcèlement sexiste dans les transports, réalisée par les agences Gyro, pour la partie publicitaire, et Parties prenantes, pour le dispositif hors-médias, et menée du 9  au 15 novembre 2015 à l’initiative de Pascale Boistard, ex-secrétaire d’Etat chargé des Droits des femmes, visait à rompre avec ce tabou. Et marquer avec force le refus de comportements inacceptables tout en donnant des clés d’action et de réaction à chacun pour encourager victimes et témoins à agir.  

Une première en France

Cette campagne remporte le Grand Prix Stratégies de la communication d’entreprise et des collectivités territoriales 2016, dont le jury a salué «une campagne moderne, créative, juste et pertinente», certains jurés soulignant toutefois que «75% des actes de harcèlement des femmes se produisent dans des lieux privés». Reste que jamais en France, une campagne avait traité du harcèlement dans les transports. «Cette campagne inédite était une des douze mesures annoncées du plan gouvernemental présenté le 9 juillet 2015, à l’issue de plusieurs mois de concertations avec les transporteurs et les associations», rappelle Philippe Guilbert, délégué à l'information et à la communication du ministère des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes.

«Le dispositif a en effet mobilisé les collectivités locales, les transporteurs et les citoyens, souligne Sophie Pô, présidente de Parties prenantes. Interpellation et information ont été les deux leviers activés.» Interpellation par une campagne d’affichage et un film publicitaire de 20 secondes, signés Gyro, qui ose mettre en scène avec réalisme le harcèlement pour mieux le dénoncer. Information, gérée par Parties prenantes, évoquant les sanctions, les droits, avec une rubrique internet, une brochure, des infographies et un film interactif (75 000 connexions à ce jour) qui «invite à se mettre dans la peau de la victime ou d'un témoin d'une agression, et qui met en scène différentes manières de réagir», explique Sophie Pô. Un témoin féminin pourra intervenir en se faisant passer pour une amie, un homme prendra à témoin d’autres voyageurs pour faire cesser l’agresseur, la victime exprimera clairement son refus ou demandera de l’aide.

Un vocabulaire issu du vécu

Le ministère a également lancé le hastag #HarcèlementAgissons destiné à recueillir des témoignages sur les différentes façons de dire «stop» au harcèlement à travers les contributions des internautes sur twitter, Instagram et Facebook. La  campagne d’affichage (4x3m et panneaux numériques) dans les métros, gares et transports en commun, sensibilise les trois cibles: la victime, le témoin… et l’agresseur. Chaque affiche montre un plan de métro où le nom de chaque station a été remplacé par les propos sexistes d’un agresseur, les pensées d’une victime et les interrogations d’un témoin, pour une prise de conscience et les rendre actifs. 

Sébastien Zanini, directeur général et directeur de création de Gyro, a choisi de «détourner les codes des affiches du métro et de les mixer avec les mots, pensées et actions qualifiant le harcèlement sexiste pour montrer le crescendo de la violence et la nécessité de stopper l'agression le plus tôt possible. Le ministère ne nous a pas censuré sur le vocabulaire employé, inspiré du vécu, notamment raconté par deux créatives de l’agence. Il fallait qu’il soit en résonance avec la réalité.»

Philippe Guibert, délégué à l'information et à la communication au ministère des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes

«Cette campagne est exemplaire d’une vision contemporaine et efficace de la communication publique. Avec un Etat qui pose le diagnostic et ose prendre des sujets de fond à bras le corps, y compris ceux qui fâchent, et ose interpeller avec les vrais mots, ceux qui choquent: une des clefs de l’efficacité et du succès des retombées médias et digital - plus de 7000 tweets et un fort buzz sur les blogs et réseaux sociaux. Un état qui propose des solutions (partenariat avec les collectivités et transporteurs publics pour diffuser gratuitement les affiches) et des outils innovants et pérennes pour connaître ses droits et apprendre à réagir: la vidéo interactive a été vue plus de 77 700 fois, et en moyenne plus de 3,22 minutes, un score très élevé.» 

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