Institutionnel
Huit, c'est le nombre d'objectifs de développement fixés par l'ONU. C'est aussi le nom d'un film illustrant ces priorités. C'est enfin une opération interactive inédite mêlant cinéma et actions caritatives.

Le 4 février sera un grand jour pour Marc Obéron. Depuis six ans, le fondateur de la société de production LDM Films remue ciel et terre pour un projet qui lui tient à cœur: la réalisation de 8, florilège de huit courts-métrages réalisés par des grands noms du septième art: Wim Wenders, Jane Campion, Gaspar Noé, etc. Ce jour-là, le film sera diffusé au Grand Rex, à Paris, en présence des réalisateurs et d'un prestigieux invité : Mohamed Yunus, prix Nobel de la paix et chantre du microcrédit, que l'on retrouve dans le court-métrage de Wim Wenders.

Les réalisateurs engagés dans ce projet ont eu carte blanche pour illustrer l'un des huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD): améliorer la santé maternelle, promouvoir l'égalité des sexes, lutter contre la faim, etc. Adoptés en 2000 par les 191 pays membres des Nations unies, ces objectifs visent, plus largement, à réduire de moitié la pauvreté dans le monde d'ici à 2015. 

Pour Marc Obéron, c'est l'aboutissement d'un rêve un peu fou. «En 2003, alors que je produisais un film pour les Nations unies, j'ai eu vent de ces objectifs méconnus du grand public. D'où l'idée de les promouvoir via huit courts-métrages, raconte-t-il. Je pensais alors qu'il serait facile d'obtenir des financements, mais compliqué de trouver des réalisateurs. C'est le contraire qui s'est produit.»

Les cinéastes se montrent en effet très enthousiastes. Côté chaînes de télévision et Centre national de la cinématographie, on se refuse en revanche à mettre la main à la poche. LDM produit donc les deux premiers opus, puis se tourne vers les entreprises et les institutions. Veolia se présente comme mécène. Les gouvernements de plusieurs pays font le reste. Au total, Marc Obéron engrange 5 millions d'euros pour finaliser son projet.

Action concrète sur Internet

Si 8 est présenté dans les festivals du monde entier, Marc Obéron reste sur sa faim. Il souhaite une diffusion massive: en septembre 2010, l'ONU dressera en effet un bilan des actions des gouvernements signataires. Or leur aide reste, globalement, en deçà des engagements pris. Informer et mobiliser le grand public peut les pousser à faire mieux.

Les spectateurs, eux, se demandent souvent que faire après la projection. «C'est le problème des films comme Home ou Le Syndrome du Titanic qui éveillent les consciences, mais ne donnent aucune solution. Nous souhaitions aller plus loin», poursuit Marc Obéron.

Il fait donc appel à Mégalos. L'agence interactive propose de diffuser les courts-métrages sur un site inédit. Baptisé Letempspresse.org, il communique l'idée d'urgence comme «Time for climate justice – tck, tck, tck», autre grande opération de mobilisation interactive lancée en juin 2009 par David Jones (l'un des dirigeants d'Havas) pour peser sur le sommet de Copenhague.

Mais il innove en offrant aux spectateurs la possibilité de passer à l'action. Soit en signant une pétition, soit en faisant un don. Huit ONG ont ainsi été sollicitées pour proposer, en ligne, des actions caritatives concrètes en lien avec les thèmes des films. Exemple : Action contre la faim qui propose, pour 5000 euros, de sauver 130 enfants de la malnutrition sévère au Libéria. L'internaute peut suivre l'évolution des dons. Autant de précisions qui doivent lever l'un des principaux freins au don: ne pas savoir où va l'argent.

Reste à faire connaître le dispositif. Parmi les partenaires médias, l'agence OMD et Google. Le géant du Net va médiatiser le site traduit sur You Tube en trois langues dans huit pays pour un montant de 1,2 million de dollars, dont 400000 pour la France.

Autres atouts: une brochette de stars qui, via des vidéos, invitent les internautes à rejoindre le site ou à soutenir telle ou telle action caritative (Adriana Karembeu, ambassadrice de la Croix-Rouge, Samuel Le Bihan, administrateur d'Action contre la faim, etc.).

Événements, relations presse orchestrées par BCG, rencontres avec les réalisateurs, tournées des festivals, mobilisations du réseau associatif : l'opération est appelée à vivre tout au long de l'année. Reste à convaincre les entreprises.

 

 

 

Appel aux entreprises
Pour équilibrer ses comptes et accroître la visibilité du projet, LDM Films en appelle aux marques, qui sont invitées entre autres à labelliser l'un des films ou l'une des actions caritatives. «Une belle opération de sensibilisation qui ouvre le débat avec les parties prenantes de l'entreprise», explique Dinah Louda, directrice de la communication de Veolia Eau.

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