«Twitter fermera le faux compte BP quand BP fermera la fuite»

Le 20 avril dernier explosait Deepwater Horizon, la plate-forme pétrolière exploitée par British Petroleum (BP), dans le golfe du Mexique, au large de la Louisiane (États-Unis), provoquant onze morts et une marée noire sans précédent.

Malgré les moyens mis en œuvre par le groupe pétrolier pour colmater les deux fuites principales (bras robotiques, couvercle sous-marin, mise à feu de la nappe de pétrole, etc.), les efforts sont vains, et la nappe, dont la surface excède aujourd'hui celle d'un pays comme la Norvège, pourrait devenir la plus vaste pollution du genre jamais observée.

Outre la fuite pétrolière, Tony Hayward, le patron de BP, doit colmater la brèche judiciaire: une première facture de 69 millions de dollars a été adressée à BP par l'administration américaine au titre des frais engagés pour lutter contre la pollution.

Incapable de stopper la marée noire, et malgré une intense campagne de communication dans les médias, BP ne parvient pas non plus à stopper les railleries sur Internet. Les détournements de son logo fleurissent. Au Royaume-Uni, Greenpeace a décidé de lancer un concours sur Facebook et Flickr. Résultat: la fleur verte soulignant la prise en compte de l'environnement par l'entreprise est devenue une flaque d'huile, et «Bristish Petroleum», «Big Problem». Le compte Twitter du groupe a été piraté et l'acteur américain Jimmy Fallon y est allé de son commentaire lors de son talk-show Late Night sur NBC: «BP demande à Twitter de fermer un faux compte Twitter qui se moque de la compagnie pétrolière. En réponse, Twitter demande à BP de fermer la fuite de pétrole qui ruine l'océan

Toujours dans l'humour, le site geek.org a posté une image de Bob l'éponge, pris au piège dans une nappe de pétrole avec la légende suivante: «Une pensée pour Bob l'éponge, qui agonise dans le golfe du Mexique.»

Sur le Net, les applications anti-BP ne manquent pas. Un ingénieur de Google, Paul Rademacher, a eu l'idée de créer pour Goolgle Earth une application permettant de comparer la taille de la nappe à celle de n'importe quelle région du globe. La société Jess 3, spécialisée dans la visualisation de données, propose de souiller votre ordinateur comme BP le fait pour les plages. Elle propose un «plug-in» pour Firefox qui permet de masquer le terme «BP» sur les pages Web visitées, en les cachant sous une tâche d'huile.

Plus sérieux, la correspondante de Libération à Washington, Lorraine Millot, décortique dans son blog Great America le plan de secours prévu par BP en 2009 et reprend les propos de Rick Steiner, spécialiste des milieux marins, qui souligne que le rapport ne disait pas un mot des façons dont pourrait être rebouchée la valve, qui ne s'est pas refermée, en cas d'accident.

Enfin, Georges Ugueux, dans son blog hebergé par Le Monde, compare la crise financière à la marée noire, soit les traders à l'industrie pétrolière et les spéculations à la prise de risque. On découvre des similitudes troublantes comme la pression de la rentabilité, la mise en danger d'autrui et la mauvaise gestion de la crise. Quant au gouvernement américain, il n'a pas unemeilleure image. Selon un sondage ABC News/Washington Post publié lundi 7 juin, 69% des personnes interrogées ont une mauvaise opinion de la réaction du gouvernement face à la marée noire.

 

 

Parole d'expert

Cecilia Vendramini, directrice générale adjointe de Ketchum Paris

«Ne pas perdre de vue la sortie de crise»

«On est face à une crise hors normes. On a dit que la communication de crise de BP avait bien démarré, puis on leur a reproché de vouloir sauver leur image en étant sur tous les fronts. Dans une communication de crise, il ne faut pas perdre de vue l'objectif: la sortie de crise. L'opinion publique a besoin d'un coupable. On ne peut pas l'empêcher de s'exprimer sur le Web, à condition d'éviter deux écueils: la désinformation et le piratage.»

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