Pascal Nègre, président d’Universal Music France, publie un livre-confession sur son métier de producteur. Une stratégie de communication destinée à combattre des clichés persistants.

Écrire sur Pascal Nègre n'est pas un exercice facile. Le patron d'Universal Music France a mauvaise presse, ce n'est pas un scoop. Mais cette fois, c'est l'homme lui-même qui s'attaque aux clichés dont il est victime pour tenter de les faire tomber dans son livre Sans contrefaçon,paru chez Fayard.

Son but: raconter en détail ce qu'est le métier de producteur et le savoir-faire d'une maison de disques. Aidé par la plume du journaliste musique Bertrand Dicale, Pascal Nègre revient sur nombre de ses succès, de ses échecs et de ses procès, notamment contre Johnny Hallyday. Fidèle à son style provocateur, l'ex-juré de Star Academy emploie des images fortes en prenant le risque d'être réducteur. «Le chiffre d'affaires de l'ensemble de l'industrie du disque en France est comparable à celui d'un hypermarché», assène-t-il d'emblée. Une façon de dessiner la réalité d'une petite industrie – dont il se dit l'artisan – mais que les médias, selon lui, s'acharnent à gonfler. Un artiste auréolé d'un disque d'or (50 000 albums vendus) se rémunère à la hauteur d'un salaire de cadre sur une année, soit 2000 euros par mois.

L'image que soutient, au fil des pages, Pascal Nègre est celle d'une fragilité économique qui concerne autant une grande majorité d'artistes français que leurs maisons de disques. Allant jusqu'à publier les comptes d'exploitation d'artistes X ou Y, le producteur de la «major» démontre ainsi que lorsqu'un disque marche, le label gagne autant que la vedette et qu'en cas d'échec commercial, les deux essuient les plâtres.

Un temps de retard

Sur les aspects économiques, l'essai est assez convaincant. Mais là où Pascal Nègre l'est moins, c'est sur sa capacité à avoir anticipé la crise du disque et le développement de la musique sur Internet. Lui qui est pourtant issu de la radio, média à l'origine d'une première révolution du disque dans les années 1980, n'a pas su saisir la seconde mutation de ce marché.

Longtemps obnubilé par le seul développement du marché des sonneries de téléphone portable, il se justifie aujourd'hui sur ce rendez-vous manqué: «Évidemment, nous avions vu venir le cyclone de la piraterie. Mais pour y répondre, il nous fallait trouver des alliés. Monter tout un nouvel écosystème, cela ne se fait pas du jour au lendemain.»

Pour se défendre, Pascal Nègre a aussi monté une stratégie de lancement sur Internet: ouverture d'un compte Twitter et diffusion de vidéos questions-réponses sur You Tube. Mais cela suffira-t-il pour convaincre ses détracteurs les plus farouches? Pas si sûr quand les artistes eux-mêmes sont à des encâblures de ces schémas déjà classiques. Ainsi, le rappeur américain Jay-Z (Live Nation), qui sort également un ouvrage autobiographique (Decoded) le 16 novembre, propose une expérience très originale imaginée par l'agence Droga 5. En en attendant la sortie, les lecteurs peuvent dénicher des pages du livre tant attendu dissimulées dans New York, Londres et Miami, avec des indices dévoilés sur le site Jay-Z.com. L'ouvrage sera ensuite présent en version Ebook et sous forme d'applications pour Iphone et Ipad. Le tout sans contrefaçon…

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