Grand prix des stratégies de communication 2011/ communication éditoriale
Diffusé depuis février dernier, le web-documentaire "A l'abri de rien" de la Fondation Abbé Pierre sur le mal-logement remporte le Grand Prix Stratégies de la Communication éditoriale 2011.

Le mal-logement... Depuis l'appel de l'hiver 1954, la question n'a rien perdu de son actualité. La Fondation Abbé Pierre évalue à environ 3,6 millions le nombre de mal-logés en France. Quant aux personnes concernées par la crise du logement, elles seraient environ 15 millions. Le problème pour la Fondation est que, lorsqu'on parle mal-logement, la plupart des Français pense aux sans domiciles fixes, aux clochards. C'est en effet un des aspects du problème – souvent le plus dramatique – mais il existe bien d'autres types de situations avant d'atteindre cet extrême: les squats, les chambres d'hôtel, les cabanes dans les bois, les chambres de bonne quasi-insalubre, la caravane ou le mobile-home... Autant de situations intermédiaires qu'il fallait montrer pour faire savoir que le mal-logement touche aussi les propriétaires (13% des surendettés sont propriétaires), qu'il coupe les liens sociaux et que le mal-logé peut être aussi son collègue de travail...

Pour Yves Colin, directeur de la communication de la Fondation Abbé-Pierre, le webdocumentaire A l'abri de rien, conçu sur ce thème avec l'agence Textuel-La Mine (BDDP Unlimited), devait «montrer la face cachée du mal-logement». Le problème majeur est que «le logement, ce n'est pas seulement chez soi, c'est aussi soi», ajoute-t-il. Le fait d'être mal-logé provoque le plus souvent la honte chez ceux qui en sont victimes. Le critère élémentaire de réussite est en effet de pouvoir au moins se payer un toit. Ces personnes «se coupent des rapports sociaux parce qu'elles ne peuvent pas rendre une invitation à dîner ou à venir à la maison», précise Yves Colin.
A partir de là, il fallait trouver un moyen de respecter l'intimité et la pudeur des témoins. C'est pourquoi la forme du webdocumentaire, «considéré comme moins intrusif qu'une caméra», a été retenu. Pour Marion Combaluzier, directrice générale de Textuel La Mine, c'est également le souci de la pudeur des intervenants qui explique l'utilisation de photos et de sons plutôt que de vidéos, le montage photo et sons permettant de suggérer davantage. La grande fierté d'Yves Colin et Marion Combaluzier : lors de l'avant-première organisée en présence des différents témoins, tous sont ressortis contents du rendu de leur témoignage et ont fait part de leur envie de renouveler l'expérience. Ce résultat aura demandé neuf mois de travail, dont six mois d'enquête de terrain, de tournage, de relations avec les intervenants et les associations locales partenaires de la Fondation Abbé Pierre. «Les deux réalisateurs ont réussi le défi de montrer l'intime sans déranger», constate Yves Colin.

Le problème du mal-logement est si complexe qu'il est difficile d'avoir des statistiques fiables sur le sujet, de savoir combien s'en sortent, qui ils sont et de quelle façon ils y parviennent. A l'abri de rien permet de donner un début de réponse à toutes ces questions, mais surtout il lève le voile sur ces gens touchés par ce drame du quotidien, souvent sans visage, sans histoire et condamnés à être cantonner à la case "mal-logés"... Le succès de ce travail de témoignage est aussi dû à l'expérience de six années de collaboration entre BDDP Unlimited et la Fondation Abbé-Pierre, à Mehdi Ahoudig, réalisateur de documentaire indépendant travaillant notamment pour arteradio.com et France culture, et à Samuel Bollendorff, photographe pionnier du webdocumentaire connu pour sa série de reportages photo A marche forcée sur les oubliés de la croissance chinoise.

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