Suite de notre série d'articles rédigés par les étudiants de mastère 2 de communication publique et politique 2.0 de l'ECS (European Communication School). A l’ère où tout est suspecté d’être un coup de com’, Félix Etcheverry s'interroge sur la pertinence de l’utilisation de symboles.

La politique est faite de symboles: déplacements clés, phrases marquantes, actes qui retiennent notre attention, etc. Ces techniques de communication sont en accord avec le principe de la rareté de la parole publique, concept remis au goût du jour par Bastien Millot, président de l'agence Bygmalion et ancien conseiller communication de Jean François Copé, dans son ouvrage Politiques, pourquoi la com les tue (Flammarion document, 2012). Aujourd'hui, cette rareté de la parole publique est un vague souvenir, et elle a laissé place à l'hypercommunication.

Quant à la place des symboles dans notre société, il semble évident qu'ils sont considérés comme des consommables ou perçus comme barbants, anachroniques: les citoyens les analysent, les décortiquent, les jugent. Ensuite, qualifiés de coups de com', les positionnements adoptés par les candidats et l'émotion qu'ils sont sensés générer, manquent le rendez-vous souhaité. Elle est bien loin cette époque ou tous, gauche et droite confondues, s'émouvaient de voir François Mitterrand tenir la main d'Helmut Kohl devant l'ossuaire de Verdun le 22 septembre 1984.

Appropriation opportune

Le symbole tire sa force de l'évocation de la mémoire, de la nostalgie. Chacun d'entre eux est sensé toucher une catégorie très spécifique de la population. La difficulté de l'utilisation tient dans la nuance suivante: le candidat s'adapte au symbole, pas l'inverse. En effet, un candidat est fait de positionnements, d'une personnalité et représente un parti qui porte des valeurs plus ou moins évidentes.

Jean-Luc Mélenchon n'a pas hésité à prendre la Bastille! Son discours, le 18 mars dernier, s'est voulu antisystème, contestataire voire révolutionnaire. Or Jean-Luc Mélenchon est justement un candidat qui se veut antisystème (positionnement), contestataire voir colérique (personnalité), et représente un parti révolutionnaire (d'où son message «Vite la VIe République»). Organiser son discours place de la Bastille prend alors tout son sens et la force de cette initiative réside également dans le fait qu'il n'ait pas tiré profit d'une date symbolique (ici le 14 juillet). Le candidat a pleinement intégré le symbole. Si Nicolas Sarkozy ou même François Hollande avaient eu cette idée, le flop aurait été assuré.

Raréfaction

L'utilisation du symbole reste un levier efficace et légitime, surtout en politique. Il permet aux candidats de renforcer l'image qu'ils souhaitent donner et il permet également d'attirer les médias. Les candidats et leurs conseillers en ont conscience, mais leur soif de médiatisation les pousse à en abuser. Ne vaut-il pas mieux un événement fort qui marque les esprits tout au long d'une campagne, voir au-delà, plutôt qu'un enchaînement de coups de com qui risque de brouiller le message et le positionnement des candidats ? La question reste posée.

Félix Etcheverry

 

A lire aussi dans la même série:

Une campagne hors frontières

Derrière l'écran des candidats

Les politiques nous racontent des histoires

Qui copie le mieux «Obama 2008»?

Et si l'abstention dépassait les 40%?

Moi et mon lieutenant

Communiquer avec la génération Y

La guerre des chiffres

Le tweetclash, la cyber bataille des politiques

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.