présidentielle américaine
Le président Barack Obama et son opposant Mitt Romney utilisent les services de multiples publicitaires, consultants et stratèges essentiellement pour attaquer le camp adverse.

"Wake the fuck up!" ("Réveillez vous bordel!"). La vidéo de l'acteur noir Samuel L. Jackson en faveur du président Barack Obama, qui a fait sensation lors de sa sortie fin septembre, illustre les nouvelles tendances des publicités du dernier round de la campagne présidentielle américaine. Toujours plus agressives. "Désolé mon pote, mais on n'a pas le temps de ronfler. Un millionnaire ayant perdu le contact a déclaré la guerre à l'école, à l'environnement, aux syndicats...", accuse l'artiste en pointant du doigt Mitt Romney, le candidat républicain. Ce film n'a pas été financé par la "team Obama", l'équipe du président, mais par le Jewish Council for Education and Research, un "super PAC" (Political Action Committees) pro-démocrate (lire Stratégies n°1694), mis sur orbite par Alexander Soros, le fils du milliardaire de Wall Street George Soros.

 

Des experts en politique locale

Erika Franklin Fowler, directrice du Wesleyan Media Project, créé par l'université Wesleyan (Connecticut) pour suivre et analyser les spots TV gouvernementaux et politiques, souligne que, depuis le mois de juin, 62% des publicités sont de "pures attaques" contre le candidat adverse. Ces films diffusés sur Internet et les télés câblées et destinés à la quinzaine d'Etats dont le vote peut basculer d'un côté ou de l'autre, sont imaginés, conçus et mis sur le marché par de petites agences peu connues mais expertes en politique locale. Priorities USA, un "super PAC" pro-démocrate fait ainsi travailler GSG Communications à New York, Ossen Cardenas Media en Californie ou encore Ralston Lapp Media à Washington DC. Dans le camp de Mitt Romney, ce sont Targeted Victory en Virginie, Analytics Buxton au Texas et Mentzer Media Services dans le Maryland qui sont en première ligne. Le président de l'agence, Bruce Mentzer, s'était illustré en 2004, lorsqu'il avait fait circuler les publicités mettant en doute le statut héroïque du candidat démocrate John Kerry au Vietnam.

A côté de ces prises de parole de plus en plus envahissantes, les campagnes en propre des deux candidats sont animées depuis leur QG. L'équipe Obama est retournée sur les terres du président à Chicago. Son chef d'orchestre, le nouveau directeur de campagne, est Jim Messina, ancien adjoint du chef de service de la Maison Blanche. Ce quadragénaire a fait la tournée des sociétés high-tech en Californie (Apple, Facebook, Dreamworks...) pour apprendre à mieux intégrer Internet à sa stratégie. Il a embauché un as de la technologie, Harper Reed, au look de musicien de hard rock, qui lui a construit un site Internet dernier cri. Jim Messina travaille aussi avec les gagnants de la précédente campagne de 2008: David Axelrod, du groupe AKPD, et Jim Margolis, de l'agence GMMB à Washington, filiale d'Omnicom. David Axelrod martèle un seul et même message: aller de l'avant, à savoir reconduire Barack Obama pour finir le travail. Ses cibles prioritaires: les femmes, les Latinos, les personnes âgées, désireuses de préserver les programmes sociaux en place.
L'équipe Mitt Romney s'est, quant à elle, installée à Boston. Elle est conduite par le très discret Matt Rhoades. Cet ancien du Republican National Committee (RNC) aime se battre pour gagner et il savoure les vidéos d'attaques de requins. Les Romney boys travaillent avec le fin stratège Stuart Stevens d'American Rambler Productions. Il peaufine l'image d'un Romney entrepreneur, bien plus compétent que le président pour relancer l'économie. Ce Romney passe plutôt bien auprès des hommes blancs. Mais les femmes restent sceptiques. Son conseil à Mitt Romney: dévoiler le vrai Mitt, en mettant en avant sa femme, Ann Romney.

 

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