événementiel
Après la production de disque, le mécanisme du «crowdsourcing» est testé pour l'organisation de concerts.

Février 2012 au Cabaret sauvage, à Paris. Le groupe de rock Les Fatals picards se produit sur scène après que plus d'un millier d'internautes ont réclamé et payé l'organisation d'un concert sur le site participatif Plemi.com. Le succès du chanteur Grégoire, lancé par le site My Major Company, a mis en lumière le «crowdsourcing» (cofinancement d'un projet par des internautes). Depuis, l'idée a été reprise, notamment dans la mode (cf. «La nouvelle démocratie de la mode», Stratégies n°1619 du 03/02/2011).

Désormais, il faudra peut-être aussi compter avec la scène. Le modèle des concerts cofinancés par les internautes en est encore à ses prémisses, mais une partie du milieu de la musique y croit. «Nous réfléchissons en ce moment à l'opportunité de mettre en œuvre des concerts ou des tournées participatives, dévoile Laurent Bonnet, directeur marketing de My Major Company. Si les internautes sont en nombre suffisant pour atteindre une jauge prédéterminée, les concerts se tiendront. Nous y pensons notamment pour des artistes qui ont une communauté de fans importante.»

Des expériences déjà menées laissent entrevoir le champ des possibles en matière de concerts participatifs. «Nous avons prévendu en ligne sur le site Oocto.com la captation vidéo d'un concert du chanteur Oldelaf au Trianon», raconte Rodolphe Dardalhon, cofondateur du label Roy Music. A l'heure où le remplissage des salles inquiète l'industrie musicale, ils pourraient être un antidote aux prises de risques. Les concerts qui ne trouvent pas leur public n'auraient pas lieu et, à l'inverse, ceux qui se déroulent accueilleraient des spectateurs motivés par un événement organisé grâce à eux. «Le modèle du pré-achat peut fonctionner, car il revient à fédérer des fans et fait appel à l'émulation entre amis», considère Rodolphe Dardalhon.

Un mécanisme applicable à d'autres secteurs

Du point de vue du commerce électronique, les concerts participatifs ont à voir avec l'achat groupé, la précommande et parfois la personnalisation. Plemi a d'abord lancé un baromètre en ligne des demandes de concert en France. Mais les étapes avant l'organisation effective du concert ont été jugées trop complexes. «Il fallait d'abord atteindre une jauge minimum pour le choix de l'artiste et ensuite une jauge pour la réservation, explique Romain Guillot, fondateur de Plemi. Nous avons décidé de nous concentrer sur des projets initiés par nous-mêmes et les professionnels du spectacle, que nous proposons ensuite aux internautes en fixant une date de concert. Notre credo est de mettre en avant des goodies et des privilèges plutôt que de casser les prix.»

A l'occasion du Midem 2013, le marché international du disque, Plemi lancera une nouvelle version de son site en ce sens. D'ici à la fin de l'année, il aura organisé environ 70 concerts dans des salles de 200 à plus de 1 000 personnes. On trouve aussi d'autres initiatives en ligne, comme celle de Concertsprives.com, qui propose d'organiser des concerts au domicile des internautes acquéreurs. L'idée vient de la société Home, qui organise par ailleurs les Home Sessions Club, d'autres concerts à domicile réservés à l'élite des affaires… et de la publicité.

Le mécanisme de financement participatif appliqué à d'autres projets que le disque est-il viable? «Nous avons ainsi récolté quatre fois plus d'argent que prévu pour la pièce Tartuffe, au théâtre de Paris, avec Claude Brasseur et Patrick Chesnais», estime Laurent Bonnet, de My Major Company. Selon nos informations, Plemi est en discussions avancées avec un groupe audiovisuel pour l'organisation d'une série de concerts participatifs.

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